Chapitre 34

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Gaby.

— Quoi ? demandai-je.

Gaby. Il avait dit Gaby.

— Tu as bien entendu.

GABY !

— Mais, tu es fou ?

— Non. On risque rien, mes parents dorment. On mettra le réveil pour que tu partes à six heures, avant qu'ils ne se lèvent.

Je secouai la tête, abasourdi.

— Non... Non, ils ne dorment pas. Tu es parti à une soirée. Les parents ne dorment jamais quand on va à une soirée.

— Ils entendent la porte d'entrée claquer et ça leur suffit.

Je m'esclaffai face à la fragilité de ses arguments. Il y avait une chance sur deux qu'ils se lèvent afin de vérifier son état d'ébriété (même s'il n'avait pas bu) et, surtout, ils risquaient de se rendre compte qu'il y avait bien deux personnes qui marchent. De là, fallait-il précisé que j'étais bien la dernière personne qu'ils souhaitaient sous leur toit ? En puis, Vick allait m'en vouloir de n'être jamais revenu.

— Si je n'ai pas à avoir peur de tes parents, pourquoi je dois partir avant qu'ils se lèvent, du coup ?

— Oh, rien à voir avec toi. Ils n'aiment juste pas que je fasse venir quelqu'un sans les prévenir.

C'était bancal, là encore, mais je décidai de me laisser convaincre. Ou plutôt, j'en mourrais d'envie, de toute façon, de le suivre. Cela signifiait des heures supplémentaires à ses côtés, en sa compagnie. Autrement dit, des heures en moins en son absence. Son absence que j'avais tant subie.

— Alors, laisse-moi pisser maintenant, entre deux voitures, parce que s'ils t'entendent faire pipi deux fois, ils risquent de trouver ça suspect.

Au moment où il pénétra la clé dans la serrure, il me fit signe de me taire avec son index sur ses lèvres, tout en pouffant de rire. Se sentait-il mieux désormais ? Je n'avais pas l'impression que notre discussion ait résolu quoi que ce soit, mais peut-être cela lui suffisait-il.

J'enlevai mes chaussures avant même de pénétrer dans l'appartement et nous marchâmes à pas feutrés jusqu'à sa chambre où nous nous déshabillâmes sans prononcé un mot. Je me glissai sous les draps tandis qu'il partait se doucher. En temps normal, j'aurais pu être noyé sous le stress, imaginant son père me surprendre sous son toit et me menacer avec un couteau, mais voilà que la joie excitante avait pris le dessus. Et ce, même si je ne réalisais pas encore tout à fait : tout semblait irréel ; ce moment aurait pu être une de mes douces rêveries du soir, ou même un rêve...

Soudain, je sentis le matelas s'enfoncer, il avait été si discret que je ne l'avais pas entendu arriver. Il m'effleura en s'engouffrant à son tour sous les draps – l'odeur vanillée de son gel douche qui émanait notre espace rendait ce moment encore plus délectable – puis m'attrapa le poignet et le dirigea contre sa poitrine, comme il l'avait déjà fait, avant que tout cela arrive.

— Gabriel...

— Oui ?

— Je suis si désolé.

— Pour ?

— T'avoir fait du mal.

— C'est moi qui devrait être désolé. Tout ce qui est arrivé est de ma faute. Partir, c'était mon idée.

— Que j'ai approuvé.

— J'avais insisté.

— Je le voulais, aussi.

Ezra et Gabriel - TOME 2 (BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant