Ezra et Gabriel - TOME 2 (BxB)

Chapitre 49

Nous l'aperçûmes enfin, au milieu de la foule, sur le quai de la gare. Malgré la chaleur, elle gardait fidélité à la couleur noire. Seulement, elle était vêtue d'un petit débardeur et d'un short, ce qui me complut à l'idée qu'elle n'agonisait pas sous le soleil brûlant.

— Waouh, vous avez bronzé, s'exclama-t-elle.

Un sourire jusqu'aux oreilles, elle nous primes dans ses bras chacun notre tour avant de déballer les détails de son périple. C'était la première fois qu'elle voyageait seule et ce fut une véritable sortie de sa zone de confort.

Après une bref installation dans notre Air Bnb et une douche, je savais qu'elle souhaitait voir la mer sans attendre. En outre, il était dix-huit heures et je considérai qu'il s'agissait d'une heure formidable pour qu'elle puisse la découvrir.

Et lorsque nous eûmes atteint l'étendue d'eau salée quinze minutes plus tard, Léa s'y précipita, dans un enthousiasme enfantin, qui aurait été jugé disproportionné à tout autre regard. Elle trempa ses pieds puis s'accroupit afin d'y plonger ses mains.

Ni une, ni deux, nous nous baignâmes tous les trois en s'amusant à nous asperger d'eau. Même Ezra eut des fous rires, et cette fois-ci j'en étais certain : nous étions proche de remporter la bataille.

Au terme d'une bonne heure de baignade, nous regagnâmes le rivage afin de nous étendre sur nos serviettes. Ezra proposa alors que nous allions acheter une pizza afin de la manger sur la plage, idée qui fut validée à l'unanimité : aucun de nous trois souhaitait quitter cet endroit.

Après les pizzas, Ezra et Léa partirent acheter des glaces pendant que je gardais les affaires et que j'admirai le ciel qui s'empourprait à mesure que la nuit tombait. La chaleur se faisait toujours aussi présente et rien n'indiquait qu'il faille rentrer.

— Je vais me baigner, nous signala Ezra après avoir terminé sa glace.

J'eus envie de le suivre. Mais ordinairement, il ajoutait toujours un « tu viens ? » cette-fois ci, il ne l'avait pas fait, devinai-je alors qu'il désirait être seul. Tout ce temps, je ne pus m'empêcher d'être aux aguet ; je relevai la tête afin d'apercevoir sa silhouette malgré l'obscurité de plus en plus impénétrable.

Je sentis Léa m'observer.

— Fais-lui confiance, me dit-elle.

— Comment ça ?

— Il ne va rien lui arriver.

Comme pour la contredire, j'entrepris de détacher le regard d'Ezra pour plonger mes yeux sur ma main que j'enfonçais avec satisfaction dans le sable. Pendant un court instant, aucun de nous ne parlâmes, laissant aux murmures de la mer le privilège d'entraver le silence.

— Tu sais, peu après que tu m'as appelée pour tout me raconter, je l'ai appelé, me dit-elle. Ce qui était comique, c'était qu'il était surtout inquiet pour toi.

— Pourquoi ? C'était lui qui venait de faire son coming-out, pas moi.

— Son inquiétude n'avait rien à voir avec ça.

— Ah bon ? Il s'inquiétait pourquoi, alors ?

— Concernant des choses que tu exprimes parfois...

— Ah bon ?

— Oui. Tu es quelqu'un d'anxieux non ? Je veux dire, cette tendance à croire qu'il y a toujours un danger imminent ou... Penser que les gens sont capables du pire.

— Oui, je le suis.

— Et tu as une idée d'où ça peut venir ?

Je haussai les épaules.