Chapitre I : Artésia

54 10 26
                                    

Au crépuscule, lorsque le soleil se retirait derrière les montagnes qui bordaient le royaume d'Artésia, ses contours majestueux se dévoilaient. Les vastes plaines verdoyantes s'étendaient à perte de vue, ponctuées par des rivières sinueuses qui serpentent à travers des forêts denses. Des cascades argentées descendaient des collines lointaines, ajoutant une symphonie apaisante à l'atmosphère.

Au cœur de ce paysage idyllique se dressait le château, une structure imposante aux tours élancées et aux remparts solides. Construit à flanc de montagne, le château offrait une vue imprenable sur les terres environnantes. Ses murs de pierre, ornés de sculptures détaillées et de bannières flottantes, témoignaient de la grandeur passée du royaume.

Cependant, malgré cette splendeur, une ombre planait sur Artésia. Les villages, autrefois animés de l'effervescence quotidienne, étaient désormais des vestiges fumants. Les champs fertiles étaient laissés en friche, et les maisons en pierre témoignaient des attaques répétées des dragons. Leurs griffes déchiraient les toits, leurs flammes ravageaient tout sur leur passage.

Les dragons, majestueux et impitoyables, dominaient le ciel nocturne. Leurs ailes déployées obscurcissaient les étoiles, et le rugissement lointain de leurs souffles de feu résonnait dans l'obscurité. Les habitants d'Artésia vivaient dans la crainte constante de ces créatures autrefois vénérées comme protectrices.

Pourtant, même dans ce tableau sombre, des éclats d'espoir subsistaient. Des lueurs de vie persistaient dans les regards résolus des habitants. Les artisans reconstruisaient avec détermination, les marchands bravant l'incertitude pour maintenir le commerce, et les bardes réchauffaient les cœurs avec des chants mélancoliques qui évoquaient la gloire passée du Royaume.

Dans les dédales tortueux des ruelles, les auberges s'entouraient du murmure envoûtant d'une légende empreinte d'espoir : le Dragonnier destiné à dompter les dragons serait le porteur de la paix tant attendue. Ainsi, trois orphelins se livraient à un entraînement intense, sans répit. Leur détermination était guidée par l'espoir de devenir ceux qui ramèneraient la prospérité tant désirée à Artésia.

Ils résidaient dans une ferme paisible, à proximité d'un petit village. C'était un lieu tranquille, habité par peu de gens, où la nature semblait en parfaite harmonie avec les villageois. Ricci, un vieil homme au cœur généreux, les avait sauvés il y a quelques années de cela et veillait désormais sur eux. En signe de reconnaissance, les enfants se portaient volontaires la plupart du temps pour l'aider dans les tâches agricoles, que ce soit labourer les champs, récolter les fruits ou accomplir d'autres corvées. Pendant ces moments d'entraide, le jeune trio en profitait pour s'adonner à leur entraînement.

Ce jour là, Rem sentit une goutte de sueur dévaler son front, la chaleur du soleil était écrasante. Observant ses compagnons, il constata leur concentration malgré la canicule. Un sourire éclaira le visage de Rem lorsqu'il repéra un morceau de bois à ses pieds. En silence, il s'empara du bâton et se glissa derrière son amie, Erika.

 Toujours aussi silencieux, il leva le bout de bois, prêt à surprendre la jeune fille. Cependant, cette dernière munie de son panier d'osier, bloqua l'attaque sans même se retourner. Toma sursauta, trébucha en arrière et se retrouva assis par terre. Erika, à son tour, empoigna une branche et la brandit en direction de Rem :

— Le jour où tu m'auras par surprise est loin d'arriver.

— Tss... murmura le garçon. Pourtant, j'étais discret cette fois.

Leurs morceaux de bois s'entrechoquèrent violemment, créant un son sec qui résonna dans l'air. Toma soupira à nouveau, observant avec inquiétude leurs jeux tumultueux. Les deux amis semblaient pris dans une danse frénétique, se battant avec acharnement. Une poussière légère s'éleva à chaque coup, témoignant de l'intensité de leur affrontement amical.

Legacy : L'héritage du DragonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant