Chapitre 2

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Les Vestales 



  Amaranta se leva rapidement, tandis que Polaris prit son temps. Elle reposa lentement l'ouvrage qu'elle lisait plutôt sur une étagère, épousseta sa robe et rejoignit sa sœur qui se tenait déjà à la porte. Polaris remarqua les mains tremblantes d'Amaranta. Cette dernière aperçut le regard de sa sœur et se précipita pour cacher ses membres qui trahissaient son anxiété.

  C'était toujours une épreuve de se présenter devant leur père. Il était un homme dépourvu d'amour pour ses deux seules filles, il était strict et antipathique. Après la mort de son unique amour, le Consul Maximilien avait changé d'attitude. Il confia l'éducation de ses enfants aux domestiques, et ne prenait jamais de leurs nouvelles. La cité de Zeve, après avoir connu une période de prospérité, avait chuté dans la misère. Mais on n'osait pas s'exprimer, de peur que le Consul ne nous exile ou pire, ne nous envoie à la mort.
  C'étaient toutes ces raisons qui poussaient Polaris et Amaranta à trouver une autre réalité, à s'aventurer, à s'écarter de leur quotidien difficile. Pour cela, elles s'enfermaient dans leur endroit préféré, la bibliothèque. Lieu où les rêves éveillés n'avaient pas de limites, et c'était exactement ce que recherchaient les jumelles. Alors, pendant des heures, elles plongeaient dans les différents mythes qui ont forgé le monde dans lequel elles vivaient, et elles oubliaient, pendant un moment, leur réalité.
  Lorsque les domestiques venaient frapper à leur porte, elles revenaient à Eldoria, sur le continent d'Asphos, dans leur bibliothèque. Elles ne désiraient qu'une seule chose, retourner dans leur réalité inventée et ne jamais en repartir. Malheureusement, elles étaient filles de Consul, et avaient des devoirs à accomplir. A commencer par celui d'obéir à leur père.

  Les sœurs franchirent la porte de la bibliothèque et prirent la direction du tablinum*, pièce où leur père avait l'habitude de travailler et de les recevoir. Elles marchèrent le long d'un large couloir. Leurs sandales résonnaient sur le sol en mosaïque rouge, les hauts murs se terminaient par un toit ouvert sur le ciel bleu et étaient peints de plusieurs attributs du Haut-Dirigeant Hadès. Sur leur droite, les filles observèrent le perystylum: la fontaine avait été mise en marche et les colonnes nettoyées étaient d'un blanc immaculé. Polaris s'arrêta et partit s'enfoncer dans le jardin qu'offrait le perystylum. Amaranta n'aimait pas ça, et elle le fit comprendre :

Polaris ! Père n'aime pas attendre, surtout quand cela nous concerne, disait la jeune fille, la voix vacillante. 

- Et bien il attendra.

- As-tu perdu la tête ? Je parle de notre père... celui qui...

- Ne nous a jamais aimé, oui nous parlons bien de la même personne, coupa Polaris d'un ton dénué de sentiment.

  Amaranta était gênée, mais en même temps impressionnée par les paroles de sa sœur. Elle regarda de tous les côtés pour s'assurer que personne n'entendait leur discussion. Si cela venait à tomber dans les oreilles de leur père, elle n'osait imaginer la colère dont il ferait preuve pour les punir d'avoir dit de telles absurdités. La jeune fille blonde s'impatienta, elle voyait bien que sa sœur faisait tout pour arriver le plus en retard possible. Cela ne plut pas à Amaranta qui s'agaça :

Que fabriques-tu Polaris ?

- Une jolie couronne, pour une jolie fille ! disait Polaris en sortant de son buisson, une couronne de fleurs dans les mains.

  Elle tendit sa création à sa sœur, qui inclina sa tête. Elles rigolèrent ensemble, et cela réchauffa le cœur de Polaris d'avoir pu évacuer ne serait-ce qu'un brin du stress d'Amaranta.

L'Odyssée Mythique - Le Souffle de l'OlympeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant