Chapitre 9

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Sélène


  Sélène toqua à la porte du bureau d'Apollon. Son angoisse s'intensifiait au rythme des battements de son cœur. La nuit étendait son voile noir et le couvre-feu était déjà tombé. Plus aucun signe de vie dans les couloirs, excepté le son des pas de quelques religieuses. Celles-ci se faisaient entendre au loin, mais ils restaient éloignés du bureau d'Apollon. La jeune fille se sentit si seule. Se retrouver face à Apollon était la pire des épreuves.

  Soudain, l'immense porte menant au Haut-Dirigeant s'ouvrit dans un grincement, l'extirpant de ses pensées. Sélène prit une grande respiration, puis entra. La pièce était sombre, seulement éclairée par quelques bougies qui donnaient, avec les ombres, une allure effrayante aux quelques tableaux accrochés au mur. Cela lui fit étrange de découvrir ce lieu de nuit, d'ordinaire l'endroit le plus lumineux de l'Académie. Ses grandes fenêtres exposées plein sud lui conféraient les meilleurs rayons du soleil. Les dizaines de miroirs de formes et de grandeur différentes réfléchissaient la lumière de l'astre de feu et donnaient un aspect magique à cette pièce. Le soir, l'ambiance était tout autre, on ne se croyait plus chez le même Haut Dirigeant.
  Sélène fit quelques pas avant que la porte ne se referme derrière elle. Elle n'était plus surprise désormais, elle savait que c'était l'œuvre d'Apollon, qui maîtrisait la télékinésie.

  La jeune fille déglutit pourtant difficilement, anxieuse de ce qui pourrait lui arriver, elle était piégée dans l'antre du loup. Forcée de traverser la pièce pour rejoindre Apollon assis à son bureau, elle avança en silence. La tête baissée, n'osant pas regarder le Haut-Dirigeant. Une fois à sa hauteur, Apollon l'invita à s'installer sur la chaise en face de lui.
  Les yeux fixés sur ses mains posées sur ses cuisses, Sélène ne dit rien. Elle attendit avec appréhension les paroles du Haut-Dirigeant.

C'est tout ce que tu as à me dire ? Cela fait bien deux semaines que nous ne nous sommes pas vus ! prononça Apollon sur le ton du reproche.

  Deux semaines n'étaient malheureusement pas suffisantes. Ne pas voir le Haut-Dirigeant était une véritable délivrance.

Suis-je si laid que cela pour que tu ne daignes même pas lever la tête ?

  Apollon était d'une susceptibilité des plus prononcées, et la jeune fille savait qu'elle venait de lui faire un affront. Elle releva son visage et ses yeux rencontrèrent ceux qu'elle fuyait depuis ces deux semaines. Elle détestait regarder Apollon. Il était d'une beauté mortelle et manipulatrice, sans parler de sa voix et du timbre dont il usait par moments. Sélène ne résistait pas à son charme divin, il était physiquement parfait. Ses cheveux dorés et bouclés descendaient jusqu'à ses fortes épaules, ses yeux avaient la même couleur que le soleil, et ses traits de visage étaient d'une douceur mensongère. Son corps était sculpté comme une œuvre d'art. Sa toge jaune laissait voir la musculature parfaite de son bras gauche. Sa peau était lisse et hâlée, recouverte quelquefois par des chemins de grains de beauté.
  Mais cela n'était qu'artifice, et Sélène l'avait malheureusement découvert bien vite. Le Haut-Dirigeant usait de ses charmes pour attirer, et ensuite piéger. Sa beauté était cruelle.

  Apollon se leva et contourna son bureau en marbre blanc pour rejoindre Sélène. Cette dernière s'enfonça dans sa chaise, espérant disparaître. Le Haut-Dirigeant s'approcha et glissa un doigt dans les cheveux sombres de Sélène, jouant avec une de ses boucles. L'apprentie oracle se tétanisa, un frisson la traversa et le nœud dans sa gorge ne faisait que se resserrer. Il n'avait pas demandé pour la toucher, et même s'il l'avait fait, elle ne lui aurait pas permis.

L'Odyssée Mythique - Le Souffle de l'OlympeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant