Chapitre 5

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Caelus 



  Hélios venait à peine de préparer son char que les festivités commençaient déjà à Löwenstein. Le Nautika Festiva avait lieu tous les ans, et aucun habitant ne souhaitait manquer cet événement. Ce dernier mettait à l'honneur le Haut-Dirigeant Poséidon, qui en ce jour si particulier, offrait aux Löwensteinien une quantité folle de poisson. Lors du Nautika Festiva, l'océan montait jusqu'aux remparts de la ville et amenait avec lui un immense panier de ressources marines. Les habitants n'avaient qu'à tendre leurs bras et les poissons venaient à eux. La magie ne s'opérait pas que sur terre. En pleine journée, les Hauts-Dirigeants Hélios et Nyx se rencontraient et déposaient un voile sombre dans le ciel. La Lune, invisible le jour, prenait la place du Soleil et venait se teinter de rouge, de vert, puis de bleu avant de revêtir son gris d'origine. Enfin, Hélios reprenait son rôle et tirait à nouveau son char, laissant place à la lumière de l'astre de feu.
  En ce jour si spécial, le peuple prenait grand soin de décorer leur ville comme il le devait. Des guirlandes de perles bleues étaient accrochées dans les rues, des coquillages pendaient aux fenêtres et les mosaïques du Haut-Dirigeant des océans étaient nettoyées au point de paraître neuves. La famille royale faisait le tour de la ville, et la tradition voulait qu'on leur lance des lys des mers. Joie et folie étaient ce qui représentait le mieux cette journée.

  Pour Caelus et Sabin, les festivités n'étaient pas intéressantes. Leur objectif était le Palais d'Ecume, vidé en majorité de ses gardes.
Placé au sommet de la Colline Azur, le château surplombait toute la ville. Ses remparts, ses douves et sa garde en faisaient le lieu le mieux protégé de Löwenstein. Il avait fallu plusieurs mois avant de trouver un moyen de rentrer dans cette véritable forteresse. La solution trouvée était de loin la plus dangereuse, mais pour de l'or, rien n'était impossible.

  Caelus enfila ses gants en cuir et attendit que Sabin face de même. Le blond leva la tête, et déglutit difficilement. Il se tenait au pied de la colline et s'apprêtait à grimper pour atteindre la partie la moins surveillée des remparts. Ils avaient trouvé le subterfuge après avoir dérobé un plan du château au seul architecte de la ville. Mais face à la réalité, Sabin regrettait profondément cette idée. Caelus était bien meilleur grimpeur que son ami, il savait comment se rattraper et continuer à avancer même si les prises devenaient de plus en plus étroites. Sabin était un débutant dans le domaine, il ne suivait que rarement Caelus sur les toits, préférant garder ses pieds sur terre. L'expert commença à escalader, et Sabin fut contraint de le suivre. Ce dernier regardait minutieusement où son ami posait ses mains et reproduisait les mêmes gestes. Bientôt, la terre leur parut loin, et s'ils tombaient, leur chute serait mortelle. Caelus grimpait avec une telle agilité qu'on aurait pu croire qu'il ne fournissait aucun effort. Il jetait quelques coups d'œil plus bas pour s'assurer que son ami ne soit pas mort, puis une fois qu'il apercevait une touffe blonde qui grimpait, il reprenait son chemin.

Une p'tite pause Caelus ? demanda Sabin essoufflé.

Hors de question, on y est presque ! répondit le noiraud.

  Il continua son escalade sans ralentir d'un nœud, mais cela n'était pas pareil pour son meilleur ami.

S'il te plaît... j'en ai vraiment besoin...

  Caelus s'arrêta, agacé de l'entendre geindre et autorisa une pause de quelques minutes à son ami. Le temps filait, et malheureusement ils ne pouvaient le rattraper. Une fois les cinq minutes passées, d'un signe de tête Caelus indiqua à Sabin de se remettre à grimper.
Plus que quelques mètres et ils seraient dans l'enceinte du château. La colline devenait davantage escarpée, et Caelus se trouva en difficulté. Les prises étaient plus abruptes, et éloignées, il prit peur pour Sabin. Ce dernier continuait à avancer malgré son épuisement visible à travers ses bras tremblants. Lorsque Caelus atteignit la courtine, il s'appuya contre le mur, à bout de force. Lors de l'arrivée de Sabin quelques minutes plus tard, Caelus ne put lui réprimer un sourire de soulagement. Le blond posa sa main sur la dernière pierre, quand soudain il poussa un cri qui résonna dans les oreilles de Caelus. Paniqué, il se rapprocha vers son ami et aperçut ses deux jambes pendre dans le vide. La roche où Sabin était posé s'était écroulée. Le jeune homme se retenait avec le peu de force qui lui restait dans ses bras. Caelus s'accroupit et lui tendit les bras afin qu'il l'aide à monter les dernières roches. Il regarda Sabin, une expression sérieuse se dessina sur son visage :

L'Odyssée Mythique - Le Souffle de l'OlympeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant