Chapitre 4

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Caelus 



  Le jeune homme regarda autour de lui avant de glisser discrètement dans sa poche, une des pommes qui se trouvait sur l'étal devant lui. Il fit mine de regarder les autres fruits, avant de saluer le marchand et de partir en direction d'une autre échoppe. Il sortit la pomme de sa poche, et la croqua à pleine dents. Mais avant de pouvoir y goûter un peu plus, son fruit juteux tomba par terre, directement dans la terre encore humide. On l'avait bousculé par derrière. Il se retourna mécontent, prêt à insulter la personne qui lui avait gâché son maigre repas. Ses yeux rencontrèrent ceux de son ami :

Faut se casser Caelus ! lui dit-il, d'un ton paniqué.

T'as foutu quoi ? demanda-t-il dans un souffle agacé.

Pas le temps de te faire un discours d'excuses ! Tu sais comment fonctionnent tes jambes ? C'est le moment de t'en servir !

  L'ami de Caelus regarda derrière lui, puis sans un mot de plus, se mit à courir. Caelus le suivit lorsqu'à son tour il aperçut des gardes qui ne semblaient pas leur vouloir du bien.

Putain... Sabin ! J'vais te tuer ! cria Caelus.

Pour une simple pomme ? s'étonna l'accusé.

  Ils n'avaient pas le temps de continuer la conversation. Les gardes se rapprochaient dangereusement d'eux. Ils prirent la direction de la sortie du marché, renversant au passage quelques étaux pour ralentir leurs poursuivants. Le lieu était bondé de passants et de marchands, Caelus et Sabin eurent du mal à se frayer un chemin. La météo n'était pas non plus en leur faveur puisque la pluie venait brouiller leur vision. Ils entendirent les cris des gardes qui les ordonnaient à s'arrêter et à se rendre, mais les garçons firent la sourde oreille, et continuèrent leur course.
  Le chemin vers la sortie semblait interminable, ce qui épuisa Caelus. Son estomac grondait de faim et sentir toutes ses odeurs de nourriture... cela lui donnait l'eau à la bouche. Il forçait son regard à rester droit et à ne pas dériver sur le kiosque de délicieuses cuisses de poulet à sa droite.
  Soudain, Sabin qui se tenait devant lui s'arrêta net. Caelus qui était à deux doigts de lui rentrer dedans regarda par-dessus l'épaule de son ami et découvrit une patrouille de gardes arrivant face à eux.

Sur les toits... murmura Caelus à l'oreille de Sabin.

Je passe mon tour, on se retrouve à la maison !

  Le jeune homme aux longs cheveux noirs chercha du regard un endroit où son ami allait bien pouvoir s'échapper. Il ne trouva rien. Il laissa échapper un soupir d'exaspération, où diable allait-il s'enfuir ? Sabin ne semblait pas si inquiet, un sourire illumina son visage et tendit sa main à Caelus.

Complices de l'ombre... prononça Caelus d'une voix tendue, avant de serrer la main de Sabin.

Amis du silence ! répondit le jeune homme blond.

  Sur ces derniers mots, les deux garçons se séparèrent et partirent dans des directions opposées. Caelus jeta un coup d'œil derrière lui, Sabin avait disparu. Il arqua ses sourcils avant de laisser apparaître un sourire de fierté. Le jeune homme n'avait pas le temps de se demander où son ami avait bien pu aller, il fallait lui aussi qu'il s'enfuît. Après avoir repéré un tuyau d'égout non loin, il s'y précipita.
  Caelus s'agrippa au tuyau métallique, et avec toute la force qu'il avait, grimpa aussi vite que possible. La pluie ne lui rendit pas la tâche facile, il faillit glisser à plusieurs reprises. Les muscles de ses bras se contractèrent et se dessinèrent davantage sous l'effet de l'effort. Il se força à ne pas regarder vers le bas. Il pouvait entendre les gardes à ses pieds.
  Soudain, la gouttière tangua si violemment que Caelus faillit perdre l'équilibre. Il se rattrapa in extremis et continua sa montée. Le jeune homme ressentit tout de même un basculement sur le côté, le tuyau avait été complètement détaché de son socle. Dans un dernier effort, Caelus força sur ses bras et s'agrippa du bout des doigts au toit de la maison. Il entendit le tuyau tomber dans un son aigu lorsqu'il se fracassa violemment sur le sol.
  Après avoir soulevé son poids pour arriver en sécurité sur le toit, il s'étala de tout son long. Il risqua un regard vers le bas et vit les gardes, coupables de la chute du tube métallique. Ils avaient découpé d'un coup d'épée la base de la gouttière.

L'Odyssée Mythique - Le Souffle de l'OlympeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant