L'Odyssée Mythique - Le Souffle de l'Olympe

Chapitre 13

Sélène

  Artémis tenait tendrement la main de Sélène. La Haute-Dirigeante était vêtue d'une longue robe blanche translucide, ses cheveux bruns tombaient en cascade dans son dos et des paillettes dorées venaient entourer ses yeux verts. La divinité faisait honneur à son titre, elle était resplendissante.

  Sélène resta muette et immobile. Elle était impressionnée par la présence d'Artémis, et était tout aussi surprise que celle-ci lui adresse la parole. La jeune oracle ne savait comment réagir.      Artémis ne cessait de la regarder, de lui serrer calmement sa main, comme pour lui proposer son aide. Sélène était tiraillée. Partir de ce lieu représentait un soulagement pour elle, mais les réprimandes d'Apollon seraient d'autant plus fortes.

- Le temps n'est pas infini, mon rayon de lune, prononça calmement Artémis en s'approchant de Sélène.

  La Haute-Dirigeante avait encore utilisé ce surnom. Savait-elle qu'Apollon l'appelait "mon petit soleil" ? Ou utilisait-elle cette expression pour autre chose ?

- Prends ma main et laisse moi t'offrir ce qu'il a refusé de te donner...

  Sélène confuse releva sa tête et fixa Artémis.

- Ta liberté.

  Ce mot, la jeune femme en avait tellement rêvée. Elle avait imaginé y goûter quand elle était rentrée à l'Académie. Elle avait quitté sa famille pour cela. Son don lui avait donné la chance de sortir de la pauvreté et d'accéder à un statut qui ferait d'elle quelqu'un d'important. Etre oracle, c'était être libre.
  Mais il y avait eu Apollon. Le beau et fort Apollon, à qui on ne refusait rien. Sélène avait été émerveillée d'être en quelque sorte : "sa favorite". Mais l'illusion s'était rapidement dissipée, et le piège s'était resserré comme un étau. La liberté lui avait glissé entre les doigts.

  Alors, savoir qu'il y avait toujours un moyen pour elle d'y accéder lui redonna espoir. Elle ne réfléchit pas plus et prononça les mots que la Haute-Dirigeante attendait :

- Je suis prête.

  Soudain, le vacarme de la fête laissa place à un silence apaisant. Un voile blanc vint s'étendre, faisant disparaître la pièce où elles étaient quelques secondes plus tôt. Sélène avait l'impression de tourner sur elle-même, alors même que son corps restait fixe.
  La jeune oracle tenait toujours la main d'Artémis qui lui sourit avant de lui dire :

- Fais-vite, la nuit est en train de se retirer, je te retrouverai bientôt.

  La Haute-Dirigeante disparut ensuite et Sélène atterrit sur quelque chose de solide à l'odeur forte. Elle dut cligner plusieurs fois des yeux avant de reconnaître l'écurie. Elle était tombée sur un ballot de paille, entreposé au fond des lieux.
  Elle se releva et se dirigea vers la sortie, mais avant, elle s'arrêta devant une des stalles.

- Allez Kama, on s'en va.

  Son lama ne semblait dormir que d'une oreille. A l'entente de la voix de sa maîtresse, il se redressa sur ses pattes et fixa intensément Sélène, son regard lui partageant sa compréhension.    La jeune femme défit le loquet et ouvrit la porte de la stalle. Ahaukama se précipita sur elle et en profita pour lui lécher le visage de sa langue chaude. Sélène aurait voulu câliner son animal plus longtemps, mais le temps n'était pas leur allié, il fallait se dépêcher. Apollon allait vite remarquer son absence.

  Elle sortit de l'écurie, Ahaukama à ses côtés. Sa longue robe jaune était tachée et décousue sur certaines parties. Elle restait pourtant magnifique, et cela, Sélène ne put le supporter. Cette robe était le cadeau de celui qu'elle détestait de tout son cœur. Elle laissa sa haine s'exprimer et déchira le bas de la robe qui l'empêchait d'avancer correctement. Le vêtement s'arrêtait désormais au-dessus de ses genoux, permettant au vent de lécher ses jambes nues. Sélène se sentit plus légère, et elle adorait cela. Elle sentait enfin les prémisses de ce sentiment de liberté.
  Mais avant de partir et de construire une autre vie, il lui restait des adieux à faire.