Chapitre 10

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Caelus


  Les murs de la prison étaient tous pareils : de vieilles pierres grises, froides, à l'odeur terreuse. La cellule où se trouvait Caelus était minuscule, un simple carré qu'on pouvait parcourir en seulement quatre pas. Le noiraud avait eu le temps d'y faire le tour au moins une centaine de fois.
  Sa mésaventure avec Sabin remontait à une semaine, mais pour lui, cela semblait faire des mois. Les heures en prison ne semblaient jamais s'écouler. Le temps n'était pas maître en ce lieu, l'ennui si. Caelus passait ses journées adossé contre le même mur humide et dur, fermant les yeux et attendant que les jours passent. Ce n'était pas son premier séjour en prison, et c'était cela qui l'inquiétait. Il attendait son jugement avec appréhension. La Cour de Justice n'était plus en mesure de le relâcher, deux options s'offraient à lui : la prison à vie ou bien son corps au bout d'une corde. Caelus avait beau réfléchir, aucune des deux solutions ne lui plaisaient. Il y avait bien une troisième issue : la fuite. Mais celle-ci semblait malheureusement impossible, il était bien trop surveillé. Les gardes ne le lâchaient pasd'un œil.

  Soudain, l'épaisse porte en bois grinça contre le sol, deux soldats rentrèrent dans sa section. Les nouveaux arrivants amenaient le repas du midi. Même si la nourriture de la prison ne ressemblait à rien, le ventre de Caelus ne put s'empêcher de gronder. Le jeune homme se leva pour la première fois de la journée pour récupérer son morceau de pain et son bol de potage douteux.

Désolé, on n'avait pas de chien pour toi ! s'exclama un des hommes.

  Caelus n'écoutait même plus leurs remarques désobligeantes. Ils se croyaient drôles avec leurs plaisanteries sur ses origines. Le jeune homme y avait droit tous les jours. Avant il leur répondait avec un regard sévère, puis il avait abandonné, et désormais il les ignorait.
  Les deux soldats déposèrent le deuxième "repas" près du second détenu. Caelus oubliait souvent qu'il n'était pas seul dans sa cellule. Un vieil homme l'occupait aussi. Aussi silencieux qu'une tombe, il passait ses journées près de la fenêtre quadrillée. Caelus ne savait rien de lui, et inversement, et cette situation lui convenait parfaitement. Se retrouver avec un codétenu bavard aurait été la pire des tortures.

  Chaque après-midi, Caelus était appelé pour effectuer son travail forcé. Le noiraud devait empiler des roches les unes sur les autres, participant ainsi à la construction d'un nouveau mur pour la prison. La tâche était simple, mais fatigante. Les remarques désagréables des gardes, mais aussi des autres détenus et la météo infidèle de Poséis rendaient le travail des plus difficiles. Il effectuait toujours sa tâche dans le silence, et y avait trouvé un certain confort. Mais cela ne dura malheureusement pas. Un jeune homme chétif, semblant être âgé d'à peine plus de douze ans, s'approcha de lui :

Excusez-moi m'sieur, j'ai pas compris ce qu'il fallait faire, questionna-t-il timidement.

  Caelus se demanda ce que ce jeune garçon avait fait pour mériter la prison à un si jeune âge. Mais il ne chercha pas à lui demander, ni à lui répondre. Le noiraud continua sa tâche, sans se préoccuper de la présence de ce nouvel arrivant. Ce dernier ne bougea pas, il fixait Caelus et celui-ci finit par être mal à l'aise.

Tu prends ces pierres et tu les empiles pour construire un mur, répondit finalement Caelus agacé.

Ça veut dire quoi "empiles" ?

  Caelus dut se retenir pour ne pas insulter l'enfant face à lui. Faisait-il exprès de se comporter ainsi ? Caelus ne souhaitait même pas le savoir. Il ignora de nouveau le garçon et alla chercher une pierre. Mais l'enfant ne le lâcha pas d'une semelle. Il n'arrêtait pas de poser des questions, de suivre chaque pas que faisait le noiraud. Caelus crut qu'il allait imploser.

L'Odyssée Mythique - Le Souffle de l'OlympeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant