Chapitre 6

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Les Vestales



  Polaris sortit de son rôle de mendiante. Plus question de se cacher, il fallait qu'elle sauve sa sœur. Elle laissa sa canne de côté et avança rapidement en direction des légionnaires. Ces derniers entouraient Amaranta, et à l'aide d'une corde, ils lui liaient les poignets. Polaris n'était plus qu'à quelques pas, et son cœur se déchira quand elle entendit les pleurs de sa jumelle.

  Elle avait mis sa sœur en danger, à cause d'une idée idiote. Elle voulait prouver qu'elle ne se soumettrait pas à son père, qu'elle était bien plus qu'une enfant à qui on dictait tout.
Polaris avait le goût du risque, ce que ne partageait pas Amaranta. Bien que celle-ci fut de nature calme, elle suivait tout de même sa jumelle dans ses plans extravagants. Mais cette fois, Polaris se promit que ce serait le dernier, plus jamais elle n'entraînerait Amaranta.

  La brune se rapprocha, et s'apprêta à parler pour détourner l'attention des gardes sur elle. Mais aucun son ne sortit, elle resta muette face à sa découverte : ce n'était pas Amaranta. La jeune fille avait les mêmes cheveux blonds que ceux de sa sœur, mais ses yeux foncés n'avaient rien à voir avec les yeux clairs de sa jumelle, ni sa bouche et encore moins son menton pointu. Les gardes relevèrent la jeune fille, et son regard croisa celui de Polaris.

Aidez-moi ! Je ne suis qu'une simple actrice... j'ai une représentation dans-

  Un des légionnaires resserra les liens qui emprisonnaient les mains de la blonde, qui laissa échapper un gémissement de douleur.
  Polaris regardait ce spectacle avec stupeur et dégoût, c'était donc comme cela que leur père comptait les traiter. Comme si elles étaient des voleuses, prêtes à être emmenées en prison. La jeune fille ne pouvait rien pour cette actrice, la pauvre implorait les soldats de la libérer. Mais rien n'y faisait, ils étaient convaincus de détenir une des filles du Consul Maximilien.

  La patrouille passa devant Polaris, qui avait rapidement recourbé son dos et mis sa capuche sur sa tête.

Je vous en prie... dit une dernière fois la blonde d'une voix brisée, en direction de Polaris qui feigna d'entendre.

Tu cherches de l'aide auprès des mendiants ? Tu aimes croire en l'impossible, rigola un légionnaire.

  Les soldats s'éloignèrent, tout droit vers la domus du Consul. D'un pas lent, Polaris s'avança vers le cardo*. Ses mains tremblaient, mais elle ne savait pas quelle émotion la traversait. Peur ? Colère ? Tristesse ? La méchanceté de son père n'avait donc aucune limite ? Et elle, comment avait-elle pu laisser une innocente se faire prendre dans les filets de la garde ? Rien que d'y penser elle se sentit malade, elle aurait pu se dénoncer, et rendre à cette pauvre actrice sa liberté. Mais à la place, elle avait été lâche. Elle avait profité de cette diversion pour fuir à nouveau et trouver une nouvelle cachette. Le temps pressait. Même si les soldats ne l'avaient pas trouvée pour le moment, cela n'allait pas tarder. Polaris devait retrouver Amaranta, et cela avant la fin du sablier.

  Vêtue comme une fille des rues, la brune prit la direction de la forgerie. Amaranta devait être entre les bras d'Ezio, et non entre les mains des légionnaires, espéra-t-elle.
  Polaris s'apprêta à tourner dans la rue qui menait à la forgerie, mais elle fut arrêtée par le son de pas lourds et réguliers : une patrouille arrivait dans sa direction. Sans réfléchir, elle se dirigea vers les thermes* qui se trouvaient à quelques mètres.

  Elle entra dans le bâtiment, et une bouffée de chaleur l'agressa. Sa tunique sur son dos lui parut lourde et des gouttes de sueur perlaient sur son front. Elle s'assura qu'aucun soldat n'était présent et s'autorisa à enlever son vêtement, n'étant plus qu'habillée de sa stola. L'entrée des termes était magnifique, des gravures représentant le Haut-Dirigeant Hadès étaient dessinées au plafond peint de bleu et d'argent. Les colonnes étaient magnifiquement sculptées, et l'endroit était d'une propreté immaculée. Les thermes étaient le rare lieu dont Maximilien prenait le plus grand soin. Il préférait entretenir cet endroit plutôt que le reste de sa cité.

L'Odyssée Mythique - Le Souffle de l'OlympeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant