Chapitre 2

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- Vous ne m'aviez pas compris avant. C'est votre venue que j'attendais depuis longtemps.
Je restai interdite. Le peu d'espoir venu quelques secondes avant s'envola aussitôt. Comment allais-je me sortir de cette situation. Il me fallait réfléchir et vite.
- Jamais votre peuple accepterait une humaine pour reine, déclarai-je, espérant le raisonner.
- Concernant la soit disant provenance de vos cheveux, continua-t-il comme si je n'avais pas parlé, jamais un Fae ne se serait mélanger avec un humain.
- Pourtant d'après vos dires ce que vous vous apprêtez a faire. Et vous, vous êtes un Faehir ce qui est encore plus étonnant, répliquai-je.
- Je ne pense pas que vous soyez une simple humaine. Comme je vous l'ai déjà dit, vous êtes.... Spéciale, me répondit-il en tournant sa tête vers moi, un sourire au coin des lèvres.
- Merci je le prends comme un compliment, rétorquai-je sarcastique en m'avançant vers lui, mais pas spéciale comme vous semblez le penser, je le répète je vais devoir décliner la proposition même si je suis très touchée par l'excès d'attention que vous me portez. Je vais devoir prendre congé maintenant.
Je me détourna et fourrai, à la hâte, le reste de mes affaires dans mon sac. Même de dos, je sentais son regard pesant sur moi.
- Je crois que vous n'avez pas compris, reprit-il de sa voix devenue plus dure, je ne vous ai pas demandé votre avis.
Je me retournai immédiatement, la colère commençant à s'insinuer dans les veines.
- Vous ne me connaissez même pas, objectai-je avec fureur.
Je ne faisais plus du tout attention à la manière dont je devais me comporter avec lui. Des gens, d'après les rumeurs, étaient morts de sa main pour bien moins que cela. Je n'avais pas peur de lui, j'avais surtout peur d'être démasquée. J'étais là seule de mon espèce sur terre. Je ne savais pas comment les autres créatures réagiraient si elles apprenaient mon existence. A ce moment là, ils croyaient tous que nous étions un mythe. Il fallait que cela continue. Ce qui m'inquiétait les plus, c'était d'être retrouvée par celui que je fuyais. Je n'étais pas certaine qu'il ne viendrait jamais ici alors je ne voulais prendre aucun risque et ne rien laisser au hasard. Peut-être qu'un jour, il allait faire des pactes avec de puissants habitants de la Terre. Ou même venir lui-même. Je n'en avais aucune idée. Voilà pourquoi, je changeais souvent de ville, cachais mes pouvoirs, mon vrai prénom, mon espèce et surtout ma réelle identité, qui j'étais dans mon monde.
- Je n'en ai pas besoin, riposta-t-il, impassible.
- Et l'amour dans tout cela ? Dis-je tristement.
Il se mit à rire. Un son qui se répercuta contre les parois de mon ventre, malgré moi. Les conditions ne me permettaient pas d'avoir ce genre de sensation.
- L'amour m'importe peu. Je n'ai pas le temps pour ce genre de futilités. Seul le pouvoir m'intéresse.
J'avais fui une situation pour me retrouver quelques années plus tard exactement dans la même. J'avais quitté mon monde pour revivre ce que j'avais fui. Le destin était cruel. Les larmes me montait mais je n'en verserais pas une seule. La colère s'empara de moi et je me moqua de qui j'avais devant moi.
- Je ne laisserai personne me dicter ce que je dois ou ne dois pas faire. Pas même vous, explosai-je, ce n'est pas parce que vous êtes le futur roi que ça vous donne tout les droits.
Le prince ne broncha même pas. J'aurai plutôt eu tendance à penser qu'il aurait essayé de me réduire en cendre mais il n'en fit rien. Il se contenta de m'inspecter longuement.
- Cela me donne justement tout les droit,répondit il nonchalamment avec un rictus.
Cet homme avait un pic de glace à la place du coeur. Je tremblais de colère. Je sentais ma magie qui me picotait le bout des doigts. Si j'écoutais mes instincts je le pulvériserai avec mes pouvoirs sans me retourner. Il me fixait en me regardant de haut, la tête en arrière, les paupières légèrement closes, sembla attendre de voir si j'allais tenter quelque chose, me défiant de l'attaquer. Il essayait de me pousser à utiliser mes pouvoirs. Je ne devais pas tomber dans son piège. Maitrise et contrôle étaient la clé. Ma respiration s'était accélérée, j'essayai de reprendre mon souffle et de me calmer.J'allais trouver une solution, j y arrivais toujours. J'avais réussi à m'enfuir une première fois face à un être puissant tout autant que moi. Le prince n'était pas si différent. J'allais y arriver une deuxième fois.
Après avoir compris que je ne ferai rien , il s'approcha de moi. Je ne bougeai pas d'un pouce, continuant de le fusiller du regard, mes mains sur mes hanches. Il se pencha à mon oreille avant de me devancer. Je pus parfaitement humer son odeur. Un parfum enivrant, attirant, boisé et mélangé à du musc.
- J'aime la façon dont bat votre cœur lorsque vous êtes en colère. Cela vous rends encore plus... désirable, me susurra-t-il avec un sourire provocateur.
Ses parole eurent pour effet, et entièrement contre ma volonté, de faire naître des papillons dans le ventre et entre mes cuisses malgré ma colère noire. Mais que m'arrivait il ? Jamais quelqu'un ne m'avait fait un tel effet. Jamais je n'avais perdu toute maîtrise de moi même. Jamais j'avais perdu le contrôle de mon corps et de mon esprit. Il me dépassa, s'arrêta, inspira fortement l'air et me jeta un coup d'œil avec un sourire au coin des lèvres.
- Huguette, parla-t-il d'une voix froide et calme.
La Fae se matérialisa directement derrière lui.
- Vous m'avez demandé votre Altesse,dit-elle en effectuant une révérence.
- Amenez ma dame dans ma chambre, demanda-t-il.
Ma mâchoire faillit se décrocher. Il était hors de question que je reste ici et me marie avec lui.
Huguette releva la tête, surprise, elle aussi.
- Dans votre chambre ? Questionna-t-elle.
Le prince se plaça devant elle, imposant, mains jointe dans le dos.
- Allez vous me forcer à me répéter Huguette ?
Sa voix avait baissé d'une octave et était devenue plus sombre que lors de notre échange. Huguette s'inclina à nouveau.
- Que votre volonté soit faite votre Altesse, se reprit-elle.
Que votre volonté soit faite ? Encore une extravagance digne des Faehir. Ils se prennent pour des Dieux.
Elle se tourna vers moi, une lueur étrange passant dans ses yeux. De la pitié ?
- Veuillez me suivre Miss Laverly.
Je la fixai, interdite et abasourdie qu'elle puisse penser que j'allais la suivre gentiment sans rien dire. Ma colère ne fit qu'augmenter.
- Non, Huguette, je n'irai nul part ailleurs que chez moi.
Je finis ma phrase en toisant le Prince. Huguette parut se décomposer, ne sachant pas quoi faire. Elle ne devait pas s'attendre à cette réaction de ma part. Tout le monde craint tellement le prince que personne n'oserait lui désobéir.
- Miss Laverly, je vous en conjure..., parut-elle me supplier.
Le Prince se contenta d'observer la scène.
- Huguette, vous pouvez disposer, je vous rappèlerai si besoin.
Huguette s'inclina et me lança un regard plein de compassion mélangé a de la peur. Elle prit congé rapidement, certainement soulagée d'avoir échappé au pire.
Une fois la porte fermée, le prince s'approcha de moi. Les yeux baissés, il paraissait réfléchir. Malgré mon envie de reculer, je restai sur place, croisant les bras, mal a l'aise. Il releva les yeux, me scrutant des ses iris argentée.
- Préférez-vous choisir la manière forte, ou la manière douce.
Je choisis de ne pas répondre. J'avançai, le dépassai, prête à partir. Je laissais mes affaires ici. Tant pis, qu'il garde son argent, je préférais ma liberté. Il ne bougea pas d'un centimètre. J'abaissai la poignée de la porte et sortis. Soudain, un nuage noir apparut devant moi, s'évapora, laissant immerger le Prince, toujours les mains dans dos, devant moi. Cette attitude arrogante, comme si il ne craignait aucun danger, m'exaspérait. Si il savait... Si je pouvais...
- J'en conclus que c'est la manière forte, lâcha-t-il.
En une fraction de seconde, grâce à sa vitesse surnaturelle vampirique, je me retrouvai sur son épaule telle un sac à patate. J'étais affreusement gênée d'avoir mes fesses aussi près de son visage. Ma rage redoubla d'autant plus. Il commença a marcher d'un pas vif, franchit le couloir et emprunta le grand escalier. Je me débattis, le martelant de coup de poing dans le dos. Il arrivait sans peine à me maintenir en place, grâce à sa force surhumaine, a l'aide d'une seule main. Sur son passage, les gens faisait la révérence mais je pus distinguer leur regard surpris. Soudain, il me flanqua une claque sur les fesses. Je cessa de bouger une seconde, stupéfaite.
- Comment osez- vous, hurlai-je.
Sans voir son visage, je devinai le sourire qui se dessina sur ses lèvres.
Je recommençai à me débattre et lui assénant des coups dans le dos. Il me remis immédiatement une fessée légèrement plus forte. Mon corps me trahis à nouveau et prit vaguement plaisir au contact de sa paume sur derrière.
- Osez dire que vous n'appréciez pas, se moqua-t-il.
Je restai muette, le souffle coupé par tant d'insolence. Il tourna au bout d'un corridor pour grimper quatre à quatre d'autres escaliers. Je continuai d'essayer de m'extraire de sa prise. Ayant arrêter les coups de poing et je ne reçus plus fessée. Arrivés dans les haut du château, après des centaines de marches, il pivota dans l'angle d'un hall et s'arrêta devant une porte, sans être essoufflé. Ce château était un véritable labyrinthe. Jamais je n'aurai pu retrouver mon chemin. Il ouvrit la porte et entra. De mon point de vue toujours sur ses épaules, sa chambre était immense et les meubles aussi noire que le cœur du Prince. Un gigantesque lit trônait au milieu de la pièce. Un mur de vitre donnait sur le dehors. On y décelait à peine la porte qui donnait sur un balcon carré.La cloison gauche était une grande penderie. Il y avait aussi un bureau plus loin à droite du lit. Un énorme canapé siégeait en face de la cheminée en marbre noir où crépitait un feu. La salle de bain se situait à droite de la cheminée. Je pus apercevoir d'ici une baignoire noire qui pouvait facilement accueillir quatre personnes. Près de moi, j'aperçus deux grand fauteuil qui entourait une petite table ronde. Le prince s'approcha du lit et me lança dessus sans ménagement. J'atterris tant bien que mal sur le matelas, rebondissant. Je me mis rapidement sur les coudes, me redressant. Il me jaugea quelques instant et la seconde d'après se retrouva sur moi. Je poussai un petit cri de surprise. Il m'immobilisait avec son corps, prenant appui avec ses avant bras. Je ne pouvais plus bouger. Cette proximité alluma un brasier dans mon bas ventre à mon grand dam. Mon corps déraillait complètement. Jamais il n'aurait dû réagir de la sorte. Je me maudissais intérieurement. Il approcha son visage tellement près du mien que nos nez se frôlaient presque.
- Sachez que je déteste que l'on me désobéisse. Peu de gens peuvent se vanter de l'avoir fait sans en avoir payer les conséquences, murmura-t-il froidement.
Déstabilisée, je le fusillai du regard. Ma respiration saccadée relevait mon buste plus qu'à l'accoutumée. Il baissa ses yeux sur ma poitrine. Je sentis une bosse dure immerger de son pantalon. Le feu entre mes cuisses reprit de plus belle. Une gêne s'empara de moi. Il approcha sa bouche de la mienne. Obéissant à mon instinct et me fichant des répercutions, je le mordis de toute mes forces ses lèvres. Il tourna brusquement la tête me faisant lâcher ma prise. Il inspira bruyamment l'air et ferma les yeux comme pour se calmer. Il reporta son regard sur moi.
- Vous ne mentiez pas, vous mordez. Moi aussi et j'adore ça. Ne me tentez pas trop sinon je le ferai avec ou son votre permission, me susurra-t-il.
Tétanisée, je n'esquissa pas un mouvement. Je ne me reconnaissais pas dans mes réactions et dans celle de mon corps. Il pencha sa tête lentement vers mon cou et inhala la peau de mon cou. Fermant les yeux en m'attendant à la douleur procurée par ses canines perçant ma chair, je sentis un courant d'air et le poids qui était sur moi ne s'y trouvait plus. Je me redressa soudainement sur les avant-bras. Le prince était debout à côté du lit continuant de me dévisager.
- Huguette, marmonna-t-il.
Elle apparut aussitôt.
- Votre Altesse, répondit-elle en s'inclinant.
- Faites monter le sac de ma dame. Fournissez lui vêtements, pyjamas, sous vêtements, tout le nécessaire de toilette. Si elle a faim, apportez lui à manger. Donnez tout ce qu'elle désire dans la mesure du raisonnable, bien évidemment. Et soyez à sa disposition, ordonna-t-il.
Huguette eut du mal à cacher sa surprise. Mais se contenta de répondre :
- Que votre volonté soit faite.
Elle fit la révérence et disparut aussitôt. J'observai la scène en silence, trop stupéfaite pour dire quoi que ce soit. Le prince se retourna vers moi, me jeta un dernier regard et se volatilisa à son tour dans son nuage de fumée noire. Noire comme son cœur et sa magie. La couleur de nos pouvoirs correspondaient à notre personnalité, ce qui dans son cas était effrayant. Car le noir n'est jamais de bonne augure.
Je devais profiter du temps que je sois seule pour m'échapper de façon le plus humainement possible pour ne pas confirmer les doutes du Prince. Je me dirigea vers la porte fenêtre, l'ouvrit et me précipita vers la balustrade du balcon. Je dus ravaler la bile qui me monta. La distance entre moi et le sol rendait impossible mon évasion. J'en eu le vertige. Il fallait donc je passe par la porte. Je courus, abaissa la poignée et franchis le seuil de la porte. Je percuta quelqu'un. Un Faehir qui n'était pas là auparavant, se retourna vers moi, le regard sévère. Il me dépassait d'au moins trois têtes.
Étonnée, je bafouillai :
- Je..., je vais faire un tour. Pardon.
Je tentai de le contourner mais il se plaça devant moi en grognant. Je braquai mes yeux en colère dans les siens soutenant son regard.
- Laissez moi passer, tonnai-je.
Voyant qu'il restait de marbre et immobile, je rajouta un s'il vous plaît.
- Les ordres sont clairs, grommela-t-il.
- Et quels sont les ordres, questionnai-je, irritée.
- Vous restez dans la chambre, répondit-il, visiblement agacé lui aussi.
- J'aimerai juste récupérer mes affaires qui sont restées en bas, mentis-je.
- Appelez Huguette pour cela.
Et il se retourna, droit comme un i, aussi immobile qu'une statue. N'écoutant que mon instinct et même si je savais que c'était peine perdue, je courus a toute vitesse dans le couloir. Je fus stoppée net par une paire de bras une poignée de secondes plus tard. Aucune chance contre la vitesse vampirique. Le garde Faehir me souleva par les biceps, des bras tendu devant lui, laissant le plus de distance possible entre nos deux corps. Je me débattis mais ne réussis pas à m'extraire de sa prise. Il me planta dans la chambre et claqua la porte derrière lui. Ce que ce garde ne savait pas, c'était que moi aussi je possédais ces pouvoirs vampiriques mais je ne pouvais pas prendre le risque que cela se sache. Je devais être une simple humaine aux yeux de tous pour me protéger et ne pas être retrouvée. J'avais obtenu ces facultés de vampire, il y a quelques années en arrière. Peu de temps après mon arrivée sur terre, j'avais absorbé les pouvoirs d'un vampire nommé Fridrick. Je l'avais rencontré dans une taverne où j'avais chanté. Nous avions beaucoup discuté. Il s'était confié à moi sur ses pouvoirs et sur les émotions qu'il ressentait sur le fait d'être devenu vampire. Il détestait cela. Contrairement aux Fae et aux Faehir qui naissent tel quel, les vampires eux le deviennent et ne peuvent pas se reproduire entre eux. Pourquoi ont-ils pu engendrer une progéniture avec les Fae ? Ça personne ne l'a jamais su. Comme partout, il y avait de bons vampires et des mauvais. Fridrick faisait parti des gentils. Il souffrait de cette soif de sang et avait trop peur de ne pas pouvoir s'arrêter de boire et de tuer quelqu'un. Malheureusement, cela s'était produit une fois. Une partie des vampires tuait leur proie sans scrupule et l'autre buvait ce dont elle avait besoin laissant, l'humain en général, repartir. J'avais même entendu qu'il existait des endroits ou des êtres humains volontaires donnaient leur sang. Fridrick n'avait pas le courage de mettre fin à ses jours. Touchée par son vécu, je lui avait proposé mon aide. Je pouvais absorber ses pouvoirs, les mettre en moi mais en contrepartie il allait mourrir. La magie n'étant plus dans ses veines, son corps redeviendrait comme il était au moment de sa mort humaine, avant sa transformation. Il avait accepté ma proposition. Il lui avait fallu quelques jours pour mettre ses affaires en ordres avant de quitter ce monde et moi j'avais du me préparer pour le rituel, car dans la magie tout n'est pas inné. Certain sortilège s'invente, se brode, se modifie et se construise. Le soir de la cérémonie, j'avais confié à Fridrick ce que j'étais et qui j'étais. Il pensait que mon espèce et moi étions un mythe comme tout le monde ici. Finalement, il s'en était aller paisiblement, emportant mon secret dans la tombe, sa nuque se brisant pour la seconde et dernière fois. J'aurai pu rendre la magie à la terre mais j'avais décidé de la garder en moi. Peut-être ces pouvoirs se révèleraient être utile un jour.
Seule dans cette chambre prison du Prince, j'inspirai un bon coup. Je n'avais plus le choix, je devais partir. Partir pour ne pas revivre ce que j'avais failli vivre si je ne m'étais pas enfuie. Je fis un mouvement des poignets. Un nuage blanc parsemé d'éclat argenté apparut et m'enveloppa. A mon tour, je disparus de la chambre.

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⏰ Dernière mise à jour : Dec 29, 2023 ⏰

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