7 ans plus tôt
Mon dixième anniversaire. Un événement que le temps n'a jamais pu effacer, même après sept ans. Je me souviens de ce jour dans les moindres détails. Parfois mes sentiments lointains de panique, de peur et de tristesse me rongent subitement. Et maintenant tout le monde se demande : « Mais qu'est-ce qui a bien pu traumatiser une enfant de dix ans ? » Alors voici ce qui s'est réellement passé ce jour-là...
Après toute une matinée à m'amuser avec mon frère et ma sœur, je suis montée avec eux, pour pouvoir profiter pleinement de la magnifique caméra que mes parents m'avaient offerte pour mon anniversaire. Je commençais à filmer tout et n'importe quoi, comme le repas que ma mère avait confectionné rien que pour ma famille et moi. Quand je redescendis dans la salle à manger, j'y trouvais ma mère qui préparait notre gâteau d'anniversaire :
– Coucou maman, qu'est-ce que tu fais ?
– Princesse, tu ne devrais pas être là, c'est une surprise. Retourne jouer dans ta chambre. Lucas et Zazie ne devraient pas tarder à arriver. Je vous appellerai quand ils seront là.
– D'accord ! Je laisse ma caméra sur le buffet du salon !
– Ok ! Je ferai attention, ne t'en fais pas ! Alors maintenant retourne dans ta chambre si tu veux que votre gâteau soit prêt un jour ! s'écria-t-elle joyeusement.
Après ça, avec Aïshel et Norman nous sommes descendus dire bonjour aux garçons quand ils sont arrivés. Ce n'était pas rare de les voir mais ça me faisait toujours plaisir de pouvoir profiter de leur présence. Quand ils étaient là, nous formions une vraie famille. Nous sommes remontés dans notre chambre et avons joué toute la soirée. Quand nous avons vu que le soleil se couchait, nous l'avons observé et au moment où le soleil avait laissé place à la lune, nous entendîmes un bruit. Un bruit que même du haut de nos dix ans nous pouvions interpréter. Nous nous sommes regardés à tour de rôle puis nous avons compris. Le bruit que nous avions entendu était un coup de feu, la seule chose que nous pensions impossible. Quelques minutes plus tard, nous en entendîmes deux nouveaux. Alors, prenant notre courage à deux mains, nous décidons de descendre au salon pour voir ce qu'il s'y passait.
Pendant les trois minutes qui séparaient notre chambre du salon, je priai pour que tout cela ne soit qu'une mauvaise blague organisée par ma mère et mon père.
Ce furent les minutes les plus longues que j'eus connues.
Quand nous sommes enfin arrivés au salon, je fus horrifiée de la scène qui se déroulait devant moi. Ma mère allongée par terre, pressant sa main sur son cœur, je voyais son sang passer entre ses doigts tandis qu'une grande flaque se formait juste sous elle. De l'autre côté de l'îlot central, on pouvait voir les jambes de Lucas dépasser. Mais la seule chose sur laquelle je pouvais me focaliser était... mon père tenant cette arme dans la main. Où l'avait-il trouvée ? Quand a-t-il pu aller la chercher ? Pourquoi a-t-il tiré sur ma mère et mes frères ? Qu'est-ce qui lui est passé par la tête ?
Tant de questions qui se mélangeaient dans ma tête et auxquelles je ne trouvais aucune réponse.
Je vis alors que ma mère essayait de parler. J'accourus vers elle, les larmes aux yeux, plus je m'approchais, plus je voyais à quel point elle souffrait. Ses traits habituellement magnifiques se tordaient de douleur.
Quand je fus assez proche d'elle, je me penchais vers elle et elle me murmura à l'oreille : « Vis et prends soin de notre famille ! ». Je la vis pousser son dernier soupir dans mes bras d'enfant et malgré tous mes efforts, j'éclatais en sanglots.
Je ne pus m'empêcher de me tourner vers mon père, le défiant du regard, mais rien à faire, il se tourna vers Aïshel et Norman, et leur tira une balle, ils s'écroulèrent en même temps, hurlant de douleur. Où a-t-il appris à tirer comme ça ? Mon cerveau tournait à plein régime mais je ne pus m'empêcher de bondir sur la seule personne responsable de ce désastre et avec le peu de force que j'avais, je le frappais en y mettant toute ma haine et ma tristesse. De ses yeux bleus givrés, il me lança un regard à vous glacer les os. Ces yeux que j'avais si longtemps admirés me regardaient aujourd'hui avec tant de haine qu'on ne put croire qu'un jour ils m'aient regardée avec amour.
Le regard qu'il me lança me fit froid dans le dos. Je m'enfuis en sachant que s'il réussissait à me rattraper... je ne verrai plus la lumière du jour. J'allai me cacher dans un placard lorsque j'entendis des sirènes de police et d'ambulance, me demandant qui avait bien pu les prévenir. Mais peu m'importait. Je voulais juste sortir de cet endroit. Tandis que l'espoir renaissait au fond de moi, j'oubliai tout ce qui venait de se passer. Ma mère, mes frères, ma sœur, tout ceci me semblait lointain et superflu. Comme si tout mon corps avait été transporté loin de toutes ces horreurs, me persuadant que tout cela n'était qu'un rêve.
Soudain, j'eus une illumination. À quoi bon fuir tout cela ? Ma famille a été entièrement tuée et la seule personne encore debout est le meurtrier. Ma décision prise, je me figeais, sortis du placard et me tournai vers mon père, qui tenait encore son arme dans sa main. Il me regarda et me dit :
– J'ai toujours su que tu étais intelligente. Tu as pris la bonne décision, ma fille !
– Je ne suis plus ta fille, et tu n'es plus rien pour moi. Va en enfer ! dis-je les dents et les poings serrés.
Mon père pointa son arme sur moi tandis que je fermais les yeux et il tira. Je ressentis une douleur fulgurante au ventre et ne pus m'empêcher d'être soulagée ; un soulagement soudain et inattendu. Comme si tout ce qui se passait autour de moi n'était que mauvais souvenir.
J'essayais tant bien que mal d'ouvrir les yeux et lorsque j'y parvins je vis mon père s'enfuir par la fenêtre. Ce fut la dernière chose dont je me souvins.
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Someone like you
Teen FictionTout le monde connaît cette expression qui dit que les personnes les plus proches de toi sont celles qui ont le plus de chance de te trahir ? Et bien moi je la connaissais et je n'y croyais pas. Après tout comment une personne en qui tu as confiance...