Le ciel se couvre. J'ai comme l'impression qu'on va rentrer sous la pluie, ce soir. Heureusement que nous n'avons pas écouté Celya et que nous sommes venus en voiture.
Devant moi, Illan et Celya se disputent pour choisir ce que nous allons manger. En temps normal, je les aurais sûrement calmés. Je déteste lorsqu'ils font ça en plein milieu de la rue. Ils n'ont vraiment aucune notion de ce qu'est la vie en communauté. Être entouré de gens ou pas, ça ne change pas grand-chose : ils ne se retiennent jamais. Et tout le monde les regarde, aujourd'hui comme les autres jours. Mais je les laisse faire. Parce qu'Illan est beaucoup trop heureux et que Celya va lâcher l'affaire dans deux minutes à peine, je le sais. Elle a beau être une enfant dans l'âme, elle fera tout pour lui donner l'illusion que tout est normal alors qu'en réalité, non. Il a passé la première étape. Il fait partie des vingt retenus. Ce genre de choses, ça se fête. Mais si on en montre trop, il nous demandera d'arrêter. Pure superstition mais qu'est-ce que j'y peux ? J'aime bien ce côté de lui. Ça donne parfois lieu à de drôles de situations.
- O.K ! Va pour le traiteur chinois ! Mais je te préviens, la prochaine fois, n'essaie même pas de discuter !
Bingo.
Le cri de victoire que lance Illan m'arrache un petit rire. J'ai franchement honte de cet imbécile.
- Toi, là ! Si tu te fous de ma gueule, tu payes !, hurle presque Illan en me pointant du doigt.
- Comme si !
Celya me lance un petit regard complice. Bien sûr qu'on va l'inviter. Pas de traiteur ce soir, ce sera le restaurant à volonté. C'est extrêmement rare, pour nous, mais ça vaut la peine. Qui sait, peut-être qu'il ne sera pas retenu à l'issu de la... Finale ? Je suppose qu'on peut appeler ça comme ça. Mais le simple fait de se trouver sur le même podium que le danseur au regard sombre justifie amplement de se voir offrir un restaurant. Et puis, une fois de temps en temps n'a jamais tué personne. D'autant plus qu'on avait déjà prévu de le faire. Ne serions-nous pas les meilleurs amis du monde ?
La conversation va bon train alors que nous montons dans la voiture. Alors que je démarre et que la musique se fait subitement entendre, Celya interroge notre ami commun.
- Puisque la suite est dans deux semaines, ça veut dire que tu vas devoir créer ta propre chorée ?
- Yep'.
- Tu penses que tu vas pouvoir gérer, avec le boulot ?, demande-je.
- Bah écoute, je suppose que ça devrait le faire. C'est pas tellement comme si j'avais le choix !
Je le regarde le temps d'une seconde dans le rétroviseur intérieur. Il est clairement stressé. Bien sûr qu'il l'est. Comment ne pas l'être alors qu'il va devoir travailler comme jamais pour surpasser les autres ? Même s'il ne l'avouera jamais, il panique. Et je le comprends. Plus qu'il ne peut l'imaginer.
- Tout va très bien se passer, j'en suis certain, lui souris-je. On sera là.
Comme si la boule de stress coincée dans son estomac venait brusquement de se dégonfler, il m'offre un sourire reconnaissant.
Illan a des tendances anxieuses. Etonnant, pour quelqu'un qui a choisit de tout abandonner pour poursuivre son rêve d'enfant, mais pas impossible. Et je sais que notre présence joue un rôle important dans sa capacité ou non à se calmer. Je ne peux rien faire d'autre pour lui, autant tout faire pour l'aider à gérer ce côté-là de lui.
Les rues sont complément bouchées. J'ai l'impression qu'on ne va pas arriver de sitôt au restaurant. Je sens déjà le ventre de mes colocataires gargouiller. Ça m'arrache un petit rire alors que Celya m'engueule. Ce n'est pas comme si c'était de ma faute. La prochaine fois, on se déplacera à pied. Sauf s'ils sont, encore une fois, trop « fatigués ».
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Réécrire notre histoire
Romance"J'aimerai t'écrire une lettre. Une lettre assez longue pour te dire tout ce que je ne peux te dire, une lettre assez simple pour te faire réaliser le feu qui me consume chaque fois que je te vois, une lettre assez belle pour que tes larmes glissent...