La bonne odeur de poulet à la sauce barbecue, spécialité indéniable de Celya, me caresse les narines dès que je passe le pas de la porte. La chaleur de l'appartement m'embrasse et tout de suite, la fatigue me saisit. La journée a été longue et j'avais déjà conscience qu'en arrivant, je voudrais aller m'allonger sur le lit sans réfléchir plus d'une seconde. Mais je ne peux pas. Pas ce soir. Pas alors que je viens de faire un détour exclusivement pour récupérer Illan et Aiden. Ironiquement, Samuel, qui m'avait bien fait comprendre qu'il aurait aimé s'incruster à la soirée, n'a finalement pas pu venir. Petit contre-temps. C'est assez dommage, je dois bien le reconnaitre, mais je ne suis pas sûr que je serais de très bonne compagnie ce soir alors je suppose que ce n'est pas plus mal.
Alors que je retire mes chaussures, je suis pris d'un léger vertige et je me retiens de justesse au meuble d'entrée. Le fait de ne pas avoir mangé depuis hier soir y est sans doute pour quelque chose. Mon réveil qui n'a pas sonné aussi. Et les insomnies récurrentes... Il semblerait que l'univers ne soit pas vraiment de mon côté ces derniers temps.
De loin, j'entends Celya dire au revoir à sa mère. Elles s'appellent bien plus souvent que je ne le fais avec la mienne. Je n'ai jamais été du genre à téléphoner de toutes façons, je préfère très largement les messages. J'ai toujours pensé que ce serait génial si je pouvais être un peu plus comme elle. Peut-être que ma relation avec mes parents ne serait pas aussi... Complexe si je le faisais.
Lorsque je m'avance dans l'appartement, je réalise qu'Illan m'a déjà dépassé depuis longtemps puisqu'il est déjà avachi sur le canapé. Je soupire sans pour autant lui dire quoi que ce soit. Celya s'en occupera sans doute lorsqu'elle le verra comme ça. Je peux comprendre que la répétition l'ait épuisé mais une petite douche avant, ça n'a jamais tué personne.
Je réalise subitement mon manque de civilité. Ce n'est pas comme si j'étais celui qui l'a invité mais puisque mon meilleur ami manque à ses devoirs, je suppose que c'est moi de faire tout le travail, n'est-ce pas ?
Sans attendre plus longtemps, je me retourne et tombe nez à nez avec Aiden. Il n'est visiblement pas très à l'aise. Il regarde tout autour de lui mais son corps ne bouge pas. Il a retiré ses baskets, sans doute par réflexe en nous voyant nous-même le faire, mais il ne nous a pas demandé de chaussons et se retrouve maintenant en chaussettes. Etrangement, le temps d'un instant, je me surprends à esquisser un faible sourire. C'est assez mignon, cette sorte de timidité qu'il semble essayer de masquer du mieux qu'il le puisse. Ce n'est pas très concluant mais indéniablement agréable à observer. Je me demande encore pourquoi il a accepté l'invitation d'Illan. A vrai dire, j'ai même du mal à comprendre comment ils ont pu devenir amis. Je ne suis même pas sûr que ce sentiment d'amitié soit réellement partagé, en fait. Illan a tendance à tout engloutir sur son passage tant il est extraverti et il ne se rend pas toujours compte que tout le monde n'est pas comme lui. En général, il finit par saisir le message lorsque ses soi-disant « amis » finissent par annuler toutes les sorties qu'il propose. Je pensais que ce serait la même chose avec Aiden mais il est venu. Non pas que je ne voulais pas le voir ici, ce soir. Je trouve juste ça assez surprenant.
Après avoir fait signe à notre invité de s'asseoir sur une chaise ou sur le sofa individuel, je retourne vers l'entrée et me saisit d'une paire neuve de chaussons. Je reviens assez rapidement dans la salle à vivre mais Celya s'est déjà incrustée et tente de faire parler Aiden. Si je ne me trompe pas, c'est la première fois qu'ils se rencontrent réellement. Bien sûr, elle l'a déjà vu, notamment lorsqu'il dansait, au cours des auditions, mais je ne crois pas les avoir déjà vu se parler. Et le danseur n'a pas l'air vivement intéressé par cette conversation. En fait, je ne saurais dire s'il s'ennuie ou s'il est juste mal à l'aise. Cet air stoïque, sur son visage, le rend vraiment difficile à cerner.
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Réécrire notre histoire
Romance"J'aimerai t'écrire une lettre. Une lettre assez longue pour te dire tout ce que je ne peux te dire, une lettre assez simple pour te faire réaliser le feu qui me consume chaque fois que je te vois, une lettre assez belle pour que tes larmes glissent...