Douloureuse rêverie - dimanche 9 janvier 2022

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Non... Non ! C'est pas possible... Par pitié... Pas lui...

Ma gorge est sèche, ma bouche est pâteuse, mes mains sont moites. Elles tremblent tellement... Je n'arrive même pas à prendre sa main. Et mon cœur ? C'est comme s'il ne battait plus. J'ai l'impression d'étouffer. Je sais que je cris mais... Mais j'ai l'impression de ne même pas y arriver. Pourtant je sens une douleur atroce dans la gorge... C'est comme si mon propre corps ne m'appartenait plus.

Je n'arrive plus à respirer. Il est là, juste sous mes yeux , dans mes bras. J'aimerais le regarder mais mes yeux sont troublés par les larmes. Je n'arrive même pas à discerner qui se trouve dans mes bras. Mon cœur saigne, mais je n'arrive même pas à voir pour qui.

Je les entends m'appeler. Ils me demandent tous de le lâcher mais je n'y arrive pas.

- Nolan... Il faut que tu le lâches...

- Je t'en supplie Nolan, arrête...

- Nolan, c'est fini, lâche-le, s'il te plait...

Non, je ne peux pas... Laissez-moi... Je ne veux pas le lâcher... Peu importe qui il est, je n'ai pas le droit de l'abandonner. Je ne sais pas pourquoi, mais laisser les pompiers me le prendre est impossible. Je refuse. Il est à moi, je refuse de le laisser encore une fois...

- Nolan, je t'en supplie, arrête de te faire du mal...

Pourquoi vous pleurez ? Vous n'en avez pas le droit. Je suis le seul à pouvoir verser des larmes pour lui. Arrêtez de pleurer. Laissez-nous seuls. Laissez-moi mourir avec lui. Je m'en fous de ne pas comprendre ce qu'il s'est passé, je veux juste que cette douleur dans ma poitrine s'arrête. Alors laissez-nous seuls. Juste lui et moi.

Mes bras se resserrent alors qu'ils essaient tous de me l'arracher. Ils me tirent en arrière. Ils essaient de défaire ma prise sur son corps inerte. Ils me prennent dans leurs bras. Mais je ne le lâche pas. Plus ils tentent de me le prendre, plus je resserre ma poigne.

Non ! Non ! Personne ne peut me le prendre ! Vous entendez ?! Laissez-moi ! Personne ne peut le toucher ! Je vous l'interdis ! Arrêtez de pleurer ! Arrêtez de crier ! Je suis le seul à en avoir le droit ! Arrêtez de vouloir me le prendre ! Arrêtez !

- Nolan ! Il est mort !

- Nolan ?

Le souffle court, je me relève brusquement. Mon corps entier me fait mal. J'ai l'impression que mon t-shirt me colle à la peau et m'étouffe encore plus. De l'air. J'ai besoin d'air.

Une main glisse sur mon front, doucement, et s'y arrête quelques secondes. Mes yeux me font si mal que je n'arrive même pas à les ouvrir pour regarder qui est assis près de moi.

- Tu n'as pas l'air d'avoir de la fièvre... Tu as fait un cauchemar ?

Mes coudes se posent sur mes genoux et j'enfonce ma tête dans mes mains. J'ai besoin de quelques secondes pour retrouver mes esprits. Il faut que mon cœur reprenne un rythme normal, ça serait déjà pas mal. Pour l'instant, il bat trop vite.

La chaleur de mes paumes réchauffe doucement mes yeux... Bordel, ça fait vraiment du bien. J'ai l'impression d'avoir pleuré des années durant.

- Tu veux un doliprane ?

Je relève la tête et ouvre enfin les yeux. Celya me regarde, inquiète. Ah... Quel idiot, je lui ai fait peur pour rien...

Avec un petit sourire bancal, je secoue la tête de droite à gauche. Une quinte de toux m'échappe alors que j'essaie de prendre la parole.

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