Apprendre à se connaitre - Partie 2 - Vendredi 19 mars 2021

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- Elle est décédée.

Mon sourire se crispe. Moi qui pensait détendre l'atmosphère, je me retrouve dans une situation encore plus gênante qu'auparavant. Je suppose que j'ai mis les pieds dans le plat. J'ai vu une petite brèche, je m'y suis enfoncé sans réfléchir et je me suis heurté à un mur. Je n'ai jamais été doué pour créer des relations. Ça se confirme d'une manière que j'aurais sincèrement préféré éviter.

- Je suis...

- Pas besoin de t'excuser. J'aurais pas dû en parler...

- Si !

Constatant que ma réponse était peut-être un peu trop rapide, je m'étouffe presque alors que j'essaie de poursuivre.

- Je veux dire... On ne se connait pas vraiment mais si un jour, tu veux discuter de littérature russe ou m'emprunter des livres, ma porte t'est grande ouverte.

Ses yeux me fixent silencieusement. C'est presque comme s'il cherchait une once de mensonge dans mon regard. Ou peut-être essaie-t-il tout simplement de voir si je suis sérieux. Une chose est sûre : ses prunelles d'un gris presque violet ne me quittent pas alors même qu'il n'ouvre pas une seule fois la bouche.

- Merci.

Un sourire se glisse inconsciemment sur mes lèvres. Mécanisme de défense. Enfin, pas de défense. Je ne sais même pas comment définir cette habitude chez moi. Dès que je ne sais pas comment réagir, je souris bêtement pour éviter ce moment gênant où tout le monde se regarde dans les yeux mais où personne ne parle. C'est ridicule. Surtout qu'assez souvent, ce n'est pas la réaction attendue et j'ai juste l'air d'un imbécile. Mais j'ai pris cette habitude il y si longtemps que je ne saurais même plus dire quand.

Ses prunelles m'observent silencieusement quelques instants avant qu'il n'entreprenne de nouveau sa marche vers le couloir. Inconsciemment, je le suis jusqu'au salon où mes amis nous attendent déjà. Je ne sais pas exactement de quoi ils étaient en train de parler mais lorsqu'on arrive, Celya pleurerait presque de rire. Ça aurait pu être amusant si l'autre idiot n'était pas en train de faire une tête des plus étranges. Je ne saurais dire s'il me fait peur ou s'il est juste ridicule. Et visiblement, Aiden est aussi surpris que moi puisqu'il s'arrête dès qu'il le voit. Deux secondes après, c'est les deux idiots qui nous regardent. Je me tourne très rapidement vers notre invité d'un soir et, dans une sorte d'exagération non dissimulée, je place ma main devant ses yeux pour l'obliger à me regarder.

- Je me dit souvent qu'ils doivent être les résultats d'une sorte d'expérience un peu ratée menée par des aliens pas très doués, fais pas attention.

Ni une ni deux, je me prends un oreiller en pleine tête. Signé Celya. J'explose de rire sans tarder. Je n'avais pas vraiment envie d'embrasser un coussin ce soir mais pourquoi pas. D'autant plus que le petit rire qui échappe à celui qui se trouve à côté de moi suffit amplement à me convaincre que ça en valait la peine. Je suis obligé de me faire violence pour ne pas immédiatement poser mon regard sur lui. Ce serait vraiment bizarre de toujours l'observer.

Une chose est sûre, mes amis ne se rendent compte de rien. Pas Celya, en tout cas. Illan a déjà retrouvé son air habituel, comme pour me dire que lui, il n'a pas peur que tout le monde sache qu'il m'observe. Soudainement, je me sens un peu mal à l'aise, je l'avoue. Mais c'est sans compter sur notre amie qui attrape Aiden par le bras pour l'obliger à s'assoir en plein milieu du canapé principal. Elle prend place à ses côtés et se munit de la télécommande comme d'une arme.

- Je propose qu'on regarde Charlie et la Chocolaterie !

- Encore ?, se plaint Illan. On passe nos vies à le regarder !

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