Chapitre 18

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Je ne sais même pas ce qu'il m'a pris de faire venir cette femme chez moi, dans mon cocon. Elle ne devrait pas être là, elle n'aurait même pas dû se retrouver dans ce bar ce soir. Sur les centaines d'endroit pour boire un verre, il a fallu qu'elle se retrouve là.

Je suis dans ma salle de bain en train de désinfecter les plaies de mon visage comme je peux lorsque j'entends frapper à la porte. Bon dieu, mais pourquoi n'est elle pas restée dans le salon. Mon absence de réponse là pousse à ouvrir la porte et lorsqu'elle pose ses yeux sur moi, elle ne bouge plus. Elle est là, à me fixer, sans parler et sans bouger. C'est très bizarre, j'ai l'impression qu'elle s'est mise en mode veille. Je fini donc de mettre un peu petit bout de strape sur mon arcade pour refermer la belle entaille que j'ai. Il est hors de question que je remette un pied dans n'importe quel hôpital de cette ville.

Je me rapproche d'elle et cette dernière ne bouge toujours pas. Elle revient à elle lorsque je lui demande si elle se sent bien et elle cligne alors plusieurs fois des yeux avant de prendre la parole.

- Oui, oui pardon. Ça va ! Et vous comment vous ?

Elle n'ose toujours pas bouger. Je lui indique donc que tout vas bien et me dirige vers mon salon pour boire un verre. Encore un. Le dernier. Elle me suit sans rien dire et de toute façon il n'y a rien à dire.

- Vous voulez boire quelque chose ? Lui demandais-je par politesse.

- Non, merci. Et vous ne devriez pas boire. Me dit-elle en se rapprochant de moi pour me prendre le verre des mains.

Elle se dirige dans ma cuisine et déverse son contenu dans l'évier. Mais pour qui elle se prend ! Je décide de ne rien dire, déjà épuisée de ce qu'elle pourrait me dire.

- Je vais vous laisser. Me dit-elle en revenant dans le salon.

Je ne dit pas un mot lui fait un signe de tête, puis me dirige vers mon balcon pour fumer une cigarette.

- Vous ne devriez pas fumer non plus ...

Non mais là, elle pousse le bouchon un peu trop loin. Elle m'empêche de boire un verre et en plus il me demande d'arrêter de fumer. Je pousse la porte qui mène au balcon et lui jette un dernier regard. C'est pas ma mère non plus quoi.

- Merci de m'avoir ramener... Dis-je en refermant la porte derrière moi.

Je remarque malgré moi son regard déçu croiser le mien et bon dieu ce que je déteste ça. Elle tourne les talons et quitte mon appartement. Je décide de monter sur le toit pour prendre un peu l'air et regarder les étoiles avant d'aller me coucher. Je repense à ce qu'elle m'a dit avant de partir et jette ma cigarette sans l'avoir terminée. Je me penche sur la balustrade pour voir sa voiture quitter le parking et prendre la direction de chez elle.

Je regarde l'heure et me rends compte qu'il est déjà une heure du matin et que ma première heure de cour et avec elle. J'ai la pouasse, c'est pas possible. Je pars me coucher en espérant que pour une fois, que mes démons vont me laisser tranquille.

Je me lève quelques heures plus tard avec une affreuse migraine. Je n'est pas fermé l'œil de la nuit. Je pars me préparer pour la fac et monte dans ma voiture. Je m'arrête au coin fumeur pour attendre Chloé qui arrive en même temps que cette femme qui me fixe avec un léger sourire. Je détourne rapidement les yeux et tombe sur ceux de Chloé qui sont exorbités.

- Mais qu'est ce qui t'es arrivée Aladin ?

Je comprends alors qu'elle parle des blessures sur mon visage et lui explique rapidement.

- Oh merde !

- Oui comme tu dis !

- Aller, viens on y va, les cours vont commencer !

- Tu ne fume pas ta clope d'avant cour ?

- Non j'ai fumé avant de partir et en plus de j'ai super mal à la gorge ce matin. J'ai du assez en fumer hier. Lui dis-je en repensant à la phrase de Madame P.

Elle ne dit rien de plus et nous nous dirigeons vers l'amphithéâtre. Nous entrons au milieu de tous les autres étudiants et partons nous asseoir. Je sent un regard me brûler le dos et je sais déjà qui me regarde comme ça. Je ne me retourne pas et sors mes affaires sans lever les yeux. J'ai un mal de tête terrible.

L'automne touche à sa fin et l'hiver s'installe petit à petit.

Les quatres heures se passent le plus normalement possible. Je sent de nombreuses fois sont regard sur moi et je le lui rends à chaque fois. La semaine se passe de la même façon et nous voilà enfin au vacance de Noël. Chaque profs nous souhaite de bonne vacance et nous sortons de l'établissement pour nous retrouver dans quinze jours. Nous nous dirigeons au coin fumeur avec Chloé et Adrien. Il est d'ailleurs très gentil. Nous ne nous parlons pas souvent, mais sa présence ne me dérange pas, elle me rassure même. Je n'aurais jamais penser dire ça un jour.

Madame P, passe à côté de nous et nous souhaite de bonne vacance et un joyeux Noël. Mes deux amis la remercie et lui souhaite aussi de bonnes fête, mais moi, je n'arrive pas à lui parler, détourne donc le regard et récupère mon sac. Plus je la regarde, plus elle me rappelle Julia.

- Aller, je vous laisse, j'ai un avion à prendre. Leur dis-je en faisant un bisous à Chloé et la bise à Adrien leur souhaitant de bonne vacance.

Je passe devant cette femme qui m'emboite le pas jusqu'au parking. Je fouille dans mon sac à la recherche de ces satanées clés lorsque je sent sa présence dans mon dos.

Ça me retourne l'estomac à chaque fois qu'elle est proche de moi.

- Lana ?

Je me retourne surprise qu'elle m'appelle par mon prénom. Elle doit le remarquer car elle se reprend.

- Pardon. Mademoiselle SULLY...

- Vous pouvez m'appeler Lana. Lui affirmais je sans réfléchir. Mon prénom me paraît tellement doux quand il sort de sa bouche.

Elle sourit et fait un pas vers moi.

- Arrêtez de sourire s'il vous plaît ... lui demandais-je en baissant les yeux.

Ça peut paraître bizzare, mais je ne supporte plus de voir ce visage qui est de plus en plus similaire à celui de l'amour de ma vie. A cause de lui, je n'arrive plus à la voir maintenant. Je ne vois plus qu'elle. Tous le temps. Elle m'obsède. Je n'arrive plus à la sortir de ma tête. Elle avance encore un peu vers moi et je recule, percutant le montant de ma voiture.

- Lana ... que se passe t'il ? S'il vous plaît, j'ai besoin de savoir, de comprendre...

- Je suis désolé mais il faut vraiment que je parte, je vais louper mon avion.

Elle recule d'un pas, baisse la tête et ouvre sa voiture qui se trouvait au côté de la mienne.

- Faites bon vol et prenez soin de vous. Me dit-elle en baissant la tête.

Mais putain pourquoi il faut qu'elle agisse comme ça.

- Attendez, excusez moi. Lui dis-je en lui attrapant la main ce qui me provoque des centaines de frisson.

Je remarque qu'elle aussi a des frissons mais je ne suis pas certaine qu'elle sache ce que cela veut dire. Elle sourit en remontant ses yeux dans les miens. Mon dieu se sourire, je le déteste autant que je l'aime. Ces vacances vont me faire du bien. Il faut absolument que je m'éloigne de cette femme et vite.

Le temps s'arrête et elle se rapproche de moi. Je relâche alors rapidement sa main, monte dans ma voiture et démarre au quart de tour.  Je jette un regard dans mon rétroviseur intérieur  et remarque qu'elle n'a toujours pas bougée et qu'elle fixe ma voiture qui s'éloigne d'elle petit à petit. Je balaie d'un revers de main ce miroir, met la musique et allume une cigarette direction l'aéroport. Il me faut une bonne heure pour traverser New York et rejoindre le parking ou je vais y laisser ma voiture une petite semaine. Je serais normalement de retour pour fêter le nouvel ans avec Chloé et des amis à elle. Comme chaque année. Et comme chaque Noël je pars rejoindre ma famille pour les vacances depuis que j'ai quittée la maison familiale.

Madame PARODOWSKIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant