Chapitre V

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LE GOÛT TRAÎTRE DES AMANDES

    – Comment ça ?

    – J'y crois pas t'as rien appris quand t'étais un ange ?

Il grimace amèrement, une réponse déjà assez précise pour Seven. Elle soupire et mène Crowley jusqu'au bureau du « traître » avant d'y déposer le livre qu'elle n'a pas lâché un seul instant. Muriel les rejoint silencieusement. Seven feuillette les pages jaunis et pousse l'ouvrage vers eux, les forçant à analyser l'inscription qui y figure avec attention.

    – L'amande est un symbole, le symbole d'une nouvelle vie pour l'homme comme son arbre représente lui-même l'immortalité de Dieu. C'est comme un présage pour un simple humain. Mais pour un ange, il faudrait un véritable miracle pour que ça l'affecte.

    – Le Metatron, souffle Crowley en grinçant des dents.

    – Oh, s'exclame fébrilement Muriel à son tour.

    – Mais comment est ce qu'il peut réaliser un miracle de cet ampleur c'est-

    – Possible, ajoute l'ange, il est chef des anges de la mort, il assure l'élévation spirituelle. Il connaît l'esprit de tout être mieux que quiconque. Et il garde le Livre de la vie.

    – Mais pourquoi le manipuler, il l'aurait suivi quoi qu'il arrive de toute façon.

    – Non Crowley. Aziraphale t'aurait choisi plutôt que n'importe quoi. C'est pour ça qu'il voulait absolument vous séparer. À vous deux vous avez empêché l'apocalypse, vous avez réalisé un miracle de 25 lazarii sans même y mettre la moitié de votre puissance. Vous êtes un danger, autant pour le Ciel que pour l'Enfer. Et quoi de mieux comme excuse pour vous séparer que la démission précoce d'un archange, ajoute Seven.

Le démon l'observe sans un mot. C'était impossible. Absolument impossible. Aziraphale a choisi son camp, il a toujours été avec eux. Un ange. Pour l'éternité. Pourtant... rien n'est éternel, pas vrai ?

    – Comment est ce qu'on a pu manquer ça c'est si évident, continu-t-elle abasourdie.

Le démon s'affale mollement dans le fauteuil le plus proche de lui et pour une fois Muriel fait de même dans le sofa qui lui fait face. Seule Seven reste debout, s'adossant légèrement contre le bureau, les bras croisés et perdue dans ses pensées, toujours en train de mijoter nul ne sait quoi.

    – Pourtant c'était bien lui, toutes ses paroles ce jour-là, ça ne pouvait être que lui sans emprise.

    – Vraiment ? demande Seven dubitative.

    – Ça fait six mille ans qu'il répète sans cesse qu'il connaît « l'ange que j'étais », grimace le démon. Je pensais juste que ça avait enfin changé mais visiblement non. Enfin bref, c'était bien lui aucun doute.

Mais même Crowley n'était pas convaincu par ses paroles bien qu'il le fasse paraître. Il n'arrivait pas à faire face à la vérité, voilà tout. Tous ces regards, ces sourires. Des mensonges ? Impossible. Mais se voiler la face était moins douloureux. Ou du moins c'est ce qu'il croyait. Valait-il mieux vivre dans la souffrance d'un sentiment non réciproque ou de celle qu'il s'est fait enlever sous nos yeux ? Il fallait faire un choix, même s'il ne semblait jamais être le bon.

    – Peut-être que le miracle n'a pas agit tout de suite ? tente vainement Muriel.

    – Impossible, c'est instantané ces trucs là.

    – Ou alors l'esprit d'Aziraphale a réussi à lui résister, juste assez longtemps.

    – Assez longtemps pour quoi ?

Les Immortels péchés vertueuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant