𝟭𝟱

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Une inspiration silencieuse, une expiration tumultueuse.

La main levée, le poing serré, l'écarlate s'apprêtait à cogner.

Cependant, il se rétracta, bien trop las.

Pourquoi frapper à cette porte,
Quand il savait qu'au-delà l'attendait l'ombre forte ?
Ni lumière, ni réconfort.
Juste le tumulte d'un cruel effort.

Sans un mot, sans une pensée claire, il enclencha la poignée, s'introduisant dans cette pièce empreinte d'une aura familière, appartenant à celui qu'il aurait voulu appeler sien.

La porte, sans surprise déverrouillée, s'ouvrit sans un bruit, et l'air de la pièce sembla changer instantanément. Il était chargé d'un parfum capiteux, une alchimie étrange entre le cuir du fauteuil, la chaleur des corps, et l'essence si particulière de l'homme qu'il admirait tant.

Là, devant lui, Ethan régnait, maître de cette intimité. Là où Jungwon s'attendait à trouver un sanctuaire d'ordre et de discipline, il découvrit un tableau presque irréel, en contradiction totale avec l'image qu'il avait toujours eue de cet espace et de son maître.

La lumière tamisée, filtrée par un store partiellement fermé, baignait la pièce d'une lueur dorée, presque féerique. Les ombres dansaient doucement sur les murs, amplifiant l'aura énigmatique du lieu. L'odeur subtile du cuir, mêlée à des effluves plus intimes et indéfinissables, semblait flotter dans l'atmosphère, transformant ce bureau en un territoire chargé de sensualité.

Au centre de cette scène troublante, il trônait, assis dans son fauteuil comme un roi sur son trône, mais ce n'était pas le Ethan que Jungwon connaissait. Du moins, pas celui avec qui il avait fait connaissance. Il ne portait pas cette expression impassible et calculatrice qu'il affichait habituellement. Non, cette fois, il était captivant d'une manière brutale et indéniablement charnelle.

Face à lui, une femme était agenouillée, ses gestes précis et dociles, entièrement dévoués à l'homme qui l'observait avec une intensité glaciale. Chaque mouvement, chaque soupir semblait obéir à une chorégraphie invisible, comme si l'espace entier se pliait à la volonté du noiraud.

Sa chemise, légèrement ouverte, laissait entrevoir la courbe de ses clavicules, la tension subtile de ses muscles, et le début de la fresque qui ornait son épiderme où perlaient quelques perles de rosée. Sa main, large et autoritaire, était fermement ancrée dans le creux des hanches de la femme qui se mouvait lentement sur lui, en parfaite obéissance. L'autre capturait nonchalamment une cigarette, jonglant entre l'objet fumant entre ses doigts argentés, et sa monture Prada qui cherchait à tout prix à s'échapper, n'ayant pas donné son consentement pour assister à ces intimes échauffourées. Le tissu froissé de sa jupe remontait bien au-delà de la décence, révélant ses jambes fébrilement enroulées autour de sa taille.

La paperasse, habituellement alignée avec une précision maniaque sur le bureau, était en désordre, quelques feuilles flottant presque négligemment au sol. Même l'atmosphère, d'ordinaire imprégnée de rigueur et d'autorité, avait cédé à une tension viscérale, primale, presque suffocante.

Un soupir chargé de plaisir s'échappa des lèvres d'Ethan, suivit d'un rire grave et satisfait, frôlant la démence. La femme, visiblement troublée par son audace mais enivrée par sa présence, enfouissait son visage dans le creux de son cou, ses cheveux en désordre tombant en cascade sur ses épaules.

Il n'avait pas besoin de parler pour dominer ; chaque geste, chaque souffle, chaque regard trahissait une assurance inébranlable. La tête légèrement inclinée en arrière, il observait la femme avec une intensité froide, presque clinique, comme un roi examinant l'une de ses possessions. Elle, suspendue à ses lèvres, semblait s'effacer sous son emprise, ses mouvements rythmés par une cadence que seul lui dictait. Il était comme un chef d'orchestre, guidant parfaitement ses musiciens, tout en leur rappelant qu'il était le seul à pouvoir contrôler leurs instruments.

𝗧𝗥𝗔𝗣𝗣𝗘𝗗 | 𝗁𝖾𝖾𝗌𝗎𝗇Où les histoires vivent. Découvrez maintenant