𝘁𝗿𝗮𝗽𝗽𝗲𝗱 | 𝗁𝖾𝖾𝗌𝗎𝗇

𝟮

Ça y est, il l'avait fait. Après toutes ces années durant lesquelles il avait été sous l'emprise malsaine de son copain, il y était parvenu. Le noiraud s'était finalement libéré des chaînes dans lesquelles il était emprisonné et à présent, il savourait un cocktail d'émotions qui lui étaient plus ou moins étrangères. S'agit-il de cela, le sentiment de liberté ?

Au premier abord, la proposition de l'inconnu lui avait paru absurde. Comment pouvait-il lui demander de choisir entre une potentielle mort prématurée causée par une balle logée entre ses deux pupilles noisettes, et une mort atrocement lente à la suite d'une éternité de souffrance ? Cela revenait littéralement à lui proposer de choisir entre la peste et le choléra. Puis, il avait également ressenti une immense peur, même si sa taille ne dépassait pas celle qu'il ressentait en vivant au quotidien avec Hyunseung. Finalement, il avait été pris d'une grande poussée d'adrénaline, c'était plus particulièrement cette pulsion là qui l'avait poussé à tout abandonner derrière lui et à suivre ce bel inconnu. Il était très effrayé de découvrir ce que la suite lui réservait, l'appréhension le rongeait jusqu'à l'os puisqu'à présent, il n'y aurait plus de retour en arrière possible. En ayant conscience de tout cela, il avait très peur de s'être trompé et surtout, il craignait de perdre son pari en retournant dans les bras du brun, bien qu'il était à l'heure actuelle soulagé de voir défiler devant ses yeux les kilomètres qui les séparaient petit à petit.

Installé sur le siège passager de la voiture de sport anormalement luxueuse de son bienfaiteur, sa tête était placée contre la vitre tandis que ses yeux étaient rivés vers les nouveaux horizons qui s'offraient à lui. Jamais, Ô grand jamais il ne s'était aventuré plus loin que sa ville natale et ses alentours. Tout lui semblait si grand, tellement différent de l'environnement dans lequel il avait grandi et où il s'était par moments épanoui. Plus les paysages défilaient devant ses mirettes, plus sa crainte grandissait. Suivre un inconnu qui ne semblait pourtant pas, au premier abord, plus digne de confiance que son ex, n'était sûrement pas la décision la plus sage et rationnelle qu'il avait dû prendre dans sa vie. Cependant, malgré ses inquiétudes, il était très loin de la regretter. Du moins, pas pour le moment.

À l'instant même où il avait quitté le restaurant au bras du noiraud, la pluie avait commencé à s'abattre sur eux. Par automatisme, le grand noiraud avait saisi le poignet de Sunwoo et s'était mit à courir vers sa voiture pour ne pas finir entièrement trempé jusqu'aux os. Sunwoo, ne supportant généralement pas le contact physique avec autrui, avait essayé de se défaire de l'emprise du gangster qui l'avait immédiatement brutalement ramené contre lui avant de lui cracher ceci :

"Tu essayes de t'enfuir là ? Au cas où ta petite cervelle ne te l'aurait pas fait comprendre, tu nous appartiens. Une fois qu'on accepte de rejoindre notre réseau, seul la mort peut nous en faire sortir. C'est ce que tu souhaites peut-être ?"

Il avait, le temps d'un instant eut l'impression d'avoir atterri dans un de ces films d'action où la femme du chef d'un gang s'enfuyait chez le camp adverse, étant follement tombé amoureuse d'un de leur ennemi. Et en y réfléchissant bien, c'était réellement ce qui lui arrivait, si on mettait de côté tout l'aspect romantique de ce cliché. Néanmoins, il avait très rapidement été rappelé à la réalité en sentant les larmes des cieux transpercés ses habits. Il avait alors, les yeux grands ouverts, vivement secoué sa tête de droite à gauche, refusant catégoriquement de mourir tout de suite alors qu'il venait à peine de choisir la peste.

"Bien, alors contentes-toi de te taire et de te laisser faire."

Suite à ses paroles, il ne lui avait pas adressé la parole une seule fois depuis qu'ils avaient quitté le restaurant ensemble, main dans la main contre son gré. Par moments, lorsqu'il analysait son nouvel environnement, il avait eu envie de le remercier pour lui avoir évité de finir ensanglanté sous les coups de son petit-ami sous les yeux imperturbables du staff au restaurant. Néanmoins, il s'était résigné. Ne possédant pas de talents de médium, il ne pouvait pas prédire si son futur serait meilleur que son présent. Ses remerciements, il les réservait pour le moment où sa qualité de vie aura réellement augmenté.