𝗧𝗥𝗔𝗣𝗣𝗘𝗗 | 𝗁𝖾𝖾𝗌𝗎𝗇

𝟐𝟏

Le silence de l'ascenseur était presque malsain. Seul le bourdonnement mécanique du moteur rompait cette bulle suspendue dans le temps, où chaque souffle semblait peser des tonnes. Agenouillé devant lui, Sunoo ne bougeait plus, sa main toujours glissée sous la chemise d'Ethan, effleurant lentement la peau tendue de son ventre.

Ethan, lui, restait figé. Ses bras croisés s'étaient lentement détendus, et même s'il n'avait encore rien dit, son corps l'avait trahi. Ses abdominaux s'étaient contractés sous le contact tiède des doigts du blondinet. Son regard, d'ordinaire si implacable, était dorénavant voilé d'une lueur qu'il ne cherchait même plus à dissimuler.

Il le fixait de haut, en silence, comme un roi devant une offrande indécente. Mais derrière cette immobilité glaciale, un feu ancien menaçait de s'embraser. Ce qu'il lisait dans les yeux du novice... ce mélange de provocation et d'abandon... ça le déstabilisait bien plus qu'il ne voulait l'admettre.

Il aurait dû lui dire de se relever. Il aurait dû le repousser. Mais il n'en fit rien.

Maintenant qu'il se trouvait face à ce qui allait suivre, Sunoo était immobile. Comme figé. Toute la fougue nouvelle qui l'avait poussé à se mettre à genoux semblait s'être évaporée, consumée par la proximité brûlante de l'homme qu'il haïssait autant qu'il le désirait.

Mais il ne voulait pas perdre.

Il refusait de rester celui qui ployait sous la pression, celui que l'on consumait pour ensuite le jeter. Il voulait lui rendre la pareille. Juste une fois. Pour qu'ils soient quittes. Pour qu'il n'ait plus jamais à partager ce genre de moment, cette tension qui lui déchirait les entrailles, qui lui faisait perdre pied à chaque fois que leurs regards se croisaient.

Alors, lentement, avec une détermination presque silencieuse, il fit glisser sa main là où il le devait. Sous la chemise, contre sa peau, puis plus bas encore... jusqu'à presser légèrement sa paume là où les battements du corps d'Ethan trahissaient peut-être un frisson, un soupir, une preuve qu'il avait atteint quelque chose.

Mais rien.

Rien d'autre que ce regard supérieur, inchangé, celui d'un homme qui le regardait de haut, comme s'il avait déjà gagné. Un rictus vint déformer les lèvres du plus vieux, condescendant, cruel, suffisant.

Et là, au beau milieu de l'ascenseur, Sunoo se sentit soudainement humilié. Humilié d'avoir été réduit à cet état hier soir par une simple caresse, alors que lui, maintenant, malgré tous ses efforts, ne semblait même pas l'effleurer. Ethan n'avait pas bougé d'un poil. Il encaissait. Comme si rien ne pouvait le faire flancher.

Et c'était ça, peut-être, le pire.

Néanmoins, le doré refusait d'en rester là.

Refusait de repartir après avoir été piétiné avec cette sensation amère d'impuissance. Il voulait le voir craquer, ne serait-ce qu'un instant. Il voulait effriter ce masque d'indifférence, écorcher ce calme glacial que l'autre arborait avec trop de facilité.

Alors, sans prévenir, dans un élan téméraire, presque fébrile, il se pencha plus bas encore, jusqu'à ce que ses lèvres vinrent se poser au niveau de sa braguette.

Et dans un geste aussi insensé que précis, Sunoo saisit le petit anneau métallique entre ses dents, le regard toujours levé vers lui. Ses yeux, brûlants de défi, se figèrent dans ceux d'Ethan alors que, lentement, avec une maîtrise presque douloureuse, il fit glisser le zip vers le bas.

Un geste silencieux. Chargé d'électricité. Qui brisa instantanément la façade de l'homme face à lui.

Ethan soupira. Pas un soupir d'ennui ou de lassitude cette fois. Un soupir qui vibrait. Son ventre se contracta, imperceptiblement. Son regard, toujours ancré dans celui de Sunoo, se voila d'un éclat différent. Moins arrogant. Moins distant.