Rose tremblait presque tant le vent était glacial. Elle ne savait toujours pas pourquoi Thomas l'avait fait venir ici, mais elle n'allait pas tarder à le découvrir puisqu'il venait d'arriver non sans mal.
"Je n'arrive pas à croire que vous ayez quitté l'hôpital si tôt !" s'exclama Rose en se précipitant pour l'aider.
"Je n'ai pas le temps pour les sermons, malheureusement, je dois aller à Londres et vous allez venir avec moi," dit Thomas.
"Pardon ?!" répondit Rose.
"Vous étiez infirmière durant la guerre, Rose. Il est relativement évident que j'ai besoin de quelqu'un de votre profession à bord."
Et c'est à ce moment-là que Rose se maudit d'avoir menti.
"Bien," répondit la jolie brune.
"Bien, Charlie, j'ai besoin d'un bateau ! Curly, tu tiendras la barre," ordonna Thomas, dont l'autorité n'avait visiblement pas pâti de ses blessures.
"C'est comme si c'était fait, Tom !" dit Charlie.
Ça faisait une heure et demie que le petit bateau de pêcheur avait pris le large en direction de Londres. Thomas était brûlant, son front perlait de sueur, et il tremblait tant il avait froid. Rose doutait presque qu'il finisse le voyage vivant.
L'Anglais était allongé sur le parquet grinçant du bateau, sa tête reposant sur les genoux de Rose, elle-même assise sur le sol.
Rose avait pris une décision : elle n'allait pas le tuer, mais elle allait le laisser mourir. Nul ne pouvait, dans un tel état, survivre à un voyage de la sorte. C'était parfait !
Nonobstant le froid glacial de l'extérieur, l'air de la bicoque était plus qu'étouffant, la condensation formait des gouttes qui perlaient sur le hublot, et le sol commençait à pourrir. Mais malgré que toutes les conditions soient réunies pour lui infliger une mort lente et douloureuse, Thomas ne semblait qu'aller de mieux en mieux. Rose hallucinait, comment était-ce physiquement possible ?
Lorsque Rose et Thomas eurent regagné la terre ferme, l'Anglais allait presque bien. Rose ne pouvait pas en croire ses yeux. Elle regrettait. Elle regrettait de ne pas lui avoir collé une balle entre les yeux quand elle en avait l'occasion. Mais pas le temps pour les regrets, Londres les attendait.
"Je me sens frais comme un pinson !" s'exclama Thomas.
"Je vois ça ! Je ne le comprends pas le moins du monde, mais je le constate bel et bien," répondit Rose en tentant tant bien que mal de marcher à la même vitesse que son compagnon.
"De vieilles coutumes romaniennes ! Rien de mieux !" dit l'Anglais.
"Vous devriez peut-être les commercialiser, qui sait !" s'exclama Rose.
"J'en doute fort, Rose, mais c'est une idée. Tiens, nous sommes arrivés !" dit Thomas en pénétrant dans un vieil entrepôt.
L'endroit était drôlement bien organisé, des tonneaux étaient entreposés de tous les côtés, et un parfum de whisky et de cigarette avait embaumé tout l'espace.
"Tommy ! Qu'est-ce que tu fous là ?" s'exclama un homme portant un chapeau noir et une barbe imposante.
"Je viens pour parler affaires, Alfie, évidemment !" répondit Thomas en saisissant la main que l'homme lui tendait.
"magnifique ! Vraiment, somptueux ! Alfie Solomons," dit Alfie en s'attardant sur Rose quelques instants.
"Rose Richmond," répondit Rose en tendant sa main que l'homme s'empressa d'embrasser.
"Bien, Rose, attends ici, ça ne devrait pas être long," dit Thomas avant de s'en aller avec Alfie.
Rose poussa un profond soupir en se disant qu'elle était vraiment venue pour rien. Une vingtaine de minutes s'étaient écoulées.
"Tu ne devrais pas être là, ma jolie," dit un homme à l'apparence relativement repoussante qui était agenouillé au sol près d'un tonneau.
"Je ne suis jamais là où je n'ai pas à être, mon vieux," répondit Rose sans même le regarder.
"J'aime pas trop le ton que tu prends," s'exclama l'homme en se levant.
"Au lieu de vous soucier de mon ton, vous devriez peut-être songer au vôtre."
"Ou alors je pourrais te casser ta jolie petite gueule et voir ce que t'en penses," dit-il en s'approchant dangereusement de Rose.
Rose serra son pistolet qui était dans sa poche. Elle devait penser vite, penser méthodique. La tête ? Le cœur ? Non mortel. La main ? Le bras ? Impossible, il en a deux. La jambe ? Le ventre ? Pourquoi pas.
L'Américaine prit une longue inspiration, s'apprêta à brandir son arme et à coller une balle dans le genou droit de cet homme.
Un coup de feu, du sang, un homme à terre, un mort.
Un coup de feu, pas celui de Rose. Du sang, beaucoup. Un homme à terre, un cadavre. Un mort, imprévu.
Rose resta stoïque quelques temps et tourna la tête pour faire face à Thomas qui passa devant elle pour quitter l'entrepôt.
"On y va," dit-il, arme en mains.
Merde. Il venait de tuer un homme pour elle. Devant elle.
"Merci, je suppose," dit Rose en marchant rapidement pour arriver au même niveau que l'homme.
"Il n'y a pas de quoi. Je le referais s'il le faut, si tu le veux," répondit-il en plantant son regard azur dans celui de Rose.
"Je n'en doute pas une seconde," dit Rose à peine audible en détournant le regard un seul instant.
"On devrait prendre une chambre d'hôtel," dit Thomas en faisant un pas vers la jeune femme.
"Oui, sans doute."
À suivre...
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S.P.Y : one shot
RomanceRose Richmond, une espionne des services secrets américain, est en vacances à Londres. C'est là qu'elle rencontrera Thomas Shelby sans connaître son identité. Mais c'est un an plus tard, quand elle est en mission à Birmingham pour enquêter sur les f...