chapitre XVI: nostalgie

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Rose frappa à la porte de la chambre de Michael espérant presque qu'il ne réponde pas. Malheureusement, celui-ci ouvre la porte en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire.

- Michael, je pense qu'il faut qu'on parle. Dit Rose en s'asseyant sur le lit.

- Bien.

- Écoute, il y a eu quelque chose brièvement entre Thomas et moi, mais tu ne peux pas m'en tenir rigueur, c'était il y a des mois et je ne te connaissais même pas.

- Certes. Répondit Michael dont le ton venait de s'adoucir.

- Aujourd'hui, Thomas et moi sommes amis et il fait partie de ta famille, il est même ton employeur alors je t'en prie, pour le bien de tous, calme cette jalousie enfantine. Il ne se passera plus jamais rien entre Thomas et moi.

Ces mots étaient calculés, dits avec le bon ton, au bon moment, bien formulés. Pensés ? Pas forcément. Mais ils faisaient leur effet et à cet instant précis, c'est tout ce dont Rose a besoin.

- Je sais, je suis désolé sincèrement. Si tu le dis alors je te crois. J'ai confiance en toi, Rose. Dit Michael en la serrant dans ses bras.

Rose qui devrait se sentir soulagée eut un pincement au cœur. Elle n'aimait pas mentir mais elle le faisait trop souvent pour ne pas s'y être habituée.

Elle quitta la pièce le cœur lourd et avec le sentiment d'avoir perdu la raison.

*

Rose fixait, stoïque, son reflet dans le grand miroir de l'entrée. Détaillant sa silhouette, admirant ses cheveux retombant agréablement sur ses épaules, s'attardant un instant sur ces boucles d'oreilles en diamants qui faisaient ressortir ses yeux comme deux émeraudes qui brillent de mille feux.

Thomas descendit les escaliers et ne se gêna pas pour en faire de même. Elle était fondamentalement belle. De la courbe de ses seins au galbe de ses hanches, de la couleur de ses yeux à la forme de ses lèvres. Elle était utopique, aussi pittoresque qu'on peut l'être. Il se surprit à laisser vagabonder son imagination un peu plus loin qu'il le voulait et réalisa à cet instant à quel point elle lui avait manqué.

- Prête ? S'enquit Thomas feignant de ne pas l'avoir admirée plus longtemps que la bienséance le voudrait.

- Toujours. Répondit Rose en fixant une mèche de cheveux derrière son oreille.

Michael dînait avec des investisseurs londoniens ce soir-là, c'était parfait.

*

Thomas se gara devant un endroit que Rose connaissait trop bien.

Le cabaret. Celui où elle a croisé son regard glacial pour la première fois. Celui où ils ont échangé leurs premiers mots. L'endroit qui a marqué le début de leur histoire et qui restera à jamais gravé dans la tête de Rose.

L'endroit n'avait pas changé. Toujours ce même parfum, cette même ambiance chaleureuse et onéreuse que Rose aime tant. Une vague de nostalgie l'accabla.
Thomas savait ce qu'il faisait et ce un peu trop bien à son goût.

*

La soirée se passait encore mieux qu'elle ne l'eut espéré. Rose était tout autant fascinée par les danseuses qu'elle l'était il y a des années.

- Que s'est-il passé à Londres ? S'enquit Thomas en regardant la fumée qui s'émanait de la cigarette de la jeune femme.

Rose marqua un court temps d'arrêt.

- J'ai rencontré Michael dans un bar après avoir quitté l'hôtel. Il m'a emmenée dîner et ensuite on ne s'est plus quittés. On est sortis, énormément. J'ai rencontré des tas de gens. Puis il voulait me présenter sa famille et me voilà. Répondit Rose sans quitter la scène des yeux.

Thomas resta muet pendant une dizaine de secondes. Penser au fait que Michael avait posé ses mains sur elle, ses lèvres sur son corps, celui de celle qui lui appartient, le rendait malade.

- Bien. Répondit simplement Thomas.

- Qu'est-ce qu'on fait là, Thomas ? Demanda Rose détournant enfin le regard des danseuses pour le planter dans celui de Thomas.

- On passe une bonne soirée il me semble. Répondit l'Anglais.

- Est-ce vraiment le cas ? S'enquit Rose sans détourner le regard une seconde.

- Qu'est-ce qui va advenir de Michael et toi ? Tu comptes l'épouser ? Dit Thomas, détournant le sujet.

- Enfin, ne sois pas ridicule, notre relation n'est, il me semble, pas de cet ordre-là. Répondit Rose.

- Que veux-tu dire ? Renchérit Thomas.

- Je ne sais pas, je vois plus ça comme une aventure qu'une alliance pour la vie. Dit Rose en écrasant sa cigarette.

- Ah bon. Dit Thomas visiblement heureux de l'entendre.

- Pour être honnête, je ne sais pas si j'aurai un mari un jour. S'exclama l'Américaine.

- Tu pourrais. Dit Thomas en plantant une nouvelle fois son regard dans celui de la jeune femme.

Rose resta stoïque un instant. Un frisson lui parcourut l'échine.

- Je suppose, oui. Répondit Rose après quelques secondes de silence.

- Sortons d'ici. Dit Thomas en prenant sa veste.

L'air glacial anglais heurta Rose en plein visage sans pour autant baisser sa température corporelle.
*

La voiture se gara devant l'impressionnante demeure de Thomas.

- Merci, pour ce soir. Dit Rose.

- Merci à toi. Répondit Thomas.

Rose déposa un baiser sur sa joue et regagna sa chambre.

Son cœur battait la chamade et elle sentait le rouge lui monter aux joues.

À suivre...

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