Chapitre 5

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Assise sur mon siège dans ce vieux train, je regardais le paysage défiler lentement sous mes yeux.

Depuis combien de temps étions-nous en route vers notre destination ? Peut-être six ou sept heures, mais le temps semblait s'étirer à l'infini.

L'excitation du départ s'était dissipée, remplacée par une lassitude qui me pesait de plus en plus.

Zoé, à côté de moi, s'était enfin assoupie, et je ne pouvais m'empêcher de ressentir un immense soulagement. Elle n'avait pas cessé de se plaindre depuis le début du voyage, trouvant à redire sur tout, du confort des sièges à la lenteur du train.

À croire que déverser autant de bêtises pouvait fatiguer plus que de courir un marathon.

Le silence qui régnait maintenant dans notre compartiment était presque assourdissant, mais au moins, il me permettait de retrouver un peu de calme.

Nous traversions un vaste champ qui s'étendait à perte de vue, les couleurs du crépuscule se mélangeant aux ombres naissantes de la nuit.

La beauté du paysage aurait pu m'apaiser, mais je sentais mes paupières s'alourdir, prêtes à succomber au sommeil.

Pourtant, l'idée de dormir sans garder un œil sur Zoé me mettait mal à l'aise. Même endormie, elle restait une source d'irritation, une présence qui m'obligeait à rester sur mes gardes.

Notre voyage en Italie – car c'était bien là que nous allions, plus précisément à Rome – avait été organisé à la dernière minute.

Encore hier matin, jamais je n'aurais imaginé me retrouver ici, en route pour une mission aussi importante.

Emma avait tout planifié dans l'urgence, réservant des places dans ce vieux train, un choix délibéré pour éviter d'utiliser des moyens « magiques » qui auraient pu attirer l'attention.

Elle avait opté pour la discrétion, même si cela signifiait un voyage interminable, assises sur des sièges aussi inconfortables que des bancs d'église.

Les vieux wagons craquaient à chaque tournant, ajoutant à l'impression que ce train n'était qu'une relique d'une époque révolue.

Avant notre départ, Emma nous avait retiré nos bracelets, ceux qui limitaient l'usage de nos pouvoirs, afin que nous puissions les utiliser librement en cas de besoin.

Quand elle nous avait remis les billets, son regard était empreint d'une inquiétude mal dissimulée.

Elle ne nous avait rien dit, mais il était clair qu'elle n'était pas totalement convaincue par ce duo improbable que nous formions, Zoé et moi.

Ses doutes étaient évidents, et elle avait sûrement craint pour la réussite de la mission, mais elle n'avait pas cherché à nous en dissuader.

Le temps pressait, et elle avait dû nous laisser partir, en espérant que tout se passe bien malgré ses appréhensions.

J'avais eu juste assez de temps pour repasser chez moi et faire mes bagages avant de rejoindre Zoé à la gare tôt ce matin-là.

Bien sûr, cette dernière avait failli rater le départ – cela aurait été presque trop beau – mais elle avait réussi à se pointer trente secondes avant que le train ne quitte le quai.

Son arrivée en catastrophe, les cheveux en bataille et le souffle court, n'avait fait qu'accentuer mon exaspération.

Dès l'instant où elle était apparue, j'avais ressenti une envie irrésistible de m'en débarrasser.

Comment allais-je pouvoir supporter sa présence pendant tout le séjour ?

Mes parents avaient été d'une nervosité palpable dès l'instant où je leur avais annoncé mon départ.

La Famille - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant