Chapitre 9

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Nous avons franchi la porte massive qui marquait l'entrée de la ville.

Avant de sortir du château, nous avions dû revêtir des vêtements d'époque, afin de passer inaperçus parmi la foule.

C'est ainsi que je me retrouvai parée d'une robe simple mais élégante, typique de la classe moyenne du Moyen Âge.

La texture rugueuse du tissu contrastait avec la douceur des étoffes modernes, et l'absence de tout ornement me fit prendre conscience de la sobriété imposée par le temps.

Mes cousins portaient des habits similaires : Ken, Jon et Matt étaient vêtus comme des paysans, leurs chemises en lin grossier et leurs pantalons en toile brune révélant une simplicité forcée par la nécessité.

Lia, quant à elle, avait une robe presque identique à la mienne, ses cheveux tirés en une natte épaisse qui tombait le long de son dos.

Le Roi et la Reine ouvraient la marche devant nous, avançant d'un pas sûr et majestueux.

Étonnamment, aucun garde ne les escortait, comme s'ils se suffisaient à eux-mêmes, inébranlables et invincibles.

À leur simple vue, les habitants de la ville, que nous croisions dans l'allée principale, s'inclinaient profondément, la tête baissée en signe de respect et de révérence.

Ces gestes n'étaient pas seulement empreints d'admiration ; ils semblaient teintés de vénération pure.

Un sentiment étrange monta en moi : qu'avaient bien pu accomplir nos ancêtres pour susciter une telle dévotion chez ce peuple ?

Comment avaient-ils gagné une telle confiance, non seulement en eux-mêmes mais aussi en leurs invités étrangers que nous étions ?

Tandis que nous progressions à travers la ville, passant de ruelle en ruelle, je ne pus m'empêcher de m'approcher de la Reine, cherchant des réponses à mes questions grandissantes.

- Les citoyens sont-ils au courant pour vos pouvoirs ? demandai-je, la voix hésitante mais pressante.

Elle tourna la tête vers moi, son regard perçant le voile de mes pensées.

- C'est leur déférence qui t'étonne ? répondit-elle avec une douceur calculée. En vérité, oui, ils connaissent bien nos dons. Ceux qui vivent ici ont été témoins des événements qui ont marqué notre histoire. Ils ont vu, de leurs propres yeux, la bataille contre ce qu'ils appelaient le Mal incarné. Depuis que nous l'avons éradiqué, ils nous perçoivent comme des êtres envoyés du ciel pour les sauver. Pour eux, nous sommes la réincarnation de divinités bienveillantes.

Un léger frisson parcourut ma colonne vertébrale.

Le pouvoir que ces gens prêtaient à la monarchie n'était pas seulement physique, il était spirituel. Ils avaient ancré leur espoir et leur foi dans une idée divine.

- Mais... n'est-ce pas une forme de mensonge ? osai-je demander, mes yeux cherchant à percer son masque serein.

La Reine esquissa un sourire triste, ses lèvres se plissant légèrement.

- On pourrait le voir ainsi, admit-elle. Mais nos pouvoirs sont bel et bien d'origine divine. Parfois, il est nécessaire de voiler une part de la vérité pour maintenir la paix et la stabilité. Un petit mensonge, s'il permet au peuple de vivre en harmonie, est un prix que je suis prête à payer.

Je fus frappée par la profondeur de ses mots.

Cette vérité, si simple en apparence, portait un poids moral immense.

Jusqu'où peut-on aller pour protéger une vérité plus vaste, plus essentielle, au détriment de celle qui se tient juste sous nos yeux ?

- Je n'arrive toujours pas à croire que des particules enfermées dans une simple boîte, comme celle de Pandore, aient pu produire autant de types de magies différentes et causer autant de destructions, murmurai-je, encore secouée par le concept.

La Famille - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant