La Famille - Tome 2

Chapitre 3

J'attendais patiemment dans une forêt familière, celle qui m'avait vue grandir, avant que ma vie ne prenne un tournant inattendu.

Cette forêt, avec ses arbres majestueux et ses sentiers secrets, avait toujours été mon refuge.

Les branches denses et feuillues filtraient la lumière de la lune, créant un jeu d'ombres et de lumières sur le sol tapissé de feuilles mortes.

Tout autour de moi, la nature bruissait doucement, comme pour m'apaiser en cet instant de solitude.

Nous étions revenus dans ma ville natale.

Ce lieu était plus qu'un simple souvenir, c'était une part de moi-même.

La tentation de revoir ma famille brûlait en moi, mais je savais que c'était impossible.

À cette heure-ci, ils devaient déjà être tous à La Réunion.

Je m'étais adossée à un grand chêne, son écorce rugueuse m'apportant un certain réconfort, comme un vieil ami silencieux.

À travers les branches entrelacées, je pouvais voir des fragments du ciel étoilé.

Ces derniers jours, j'avais passé de longues heures à contempler ce ciel, cherchant un semblant de paix dans l'infini de la nuit.

Les étoiles, petites lueurs vacillantes, semblaient pourtant plus proches, comme si elles veillaient sur moi.

Perdue dans mes pensées, je fus soudain arrachée à ma rêverie par le craquement distinct d'une feuille morte écrasée sous un pas.

Le bruit, bien que discret, résonna comme une alarme dans mon esprit.

Qui pouvait bien se promener ici, à une heure aussi tardive, dans cette partie reculée de la forêt ?

Mon cœur se serra.

Les membres de La Famille ?

Si c'était le cas, je ne devais surtout pas me faire repérer.

Réagissant par instinct, je me suis métamorphosée en écureuil et j'ai grimpé agilement le tronc de l'arbre.

Ma petite taille me permit de me dissimuler aisément parmi les branches, observant attentivement l'endroit que je venais de quitter.

En contrebas, un groupe de quatre jeunes apparut, pénétrant dans la clairière avec une assurance qui ne laissait aucun doute sur leur identité.

Mon cœur s'accéléra.

Les formes et les visages que je distinguais sous la lueur tamisée de la lune... C'était eux, mes cousins.

Tous les quatre, ensemble, comme autrefois.

Une vague d'émotion m'envahit, si forte que je faillis descendre immédiatement pour les rejoindre.

Mais je me retins, consciente que cela mettrait en péril le plan soigneusement élaboré par Zoé.

Je devais attendre, aussi douloureux que cela puisse être.

- On va encore être en retard à cause de tes bêtises, Ken ! pesta Lia, d'un ton à la fois agacé et affectueux.

- Comment ça, mes bêtises ? répliqua Ken avec une indignation feinte.

- Ne fais pas l'innocent, rétorqua-t-elle. Si tu n'avais pas insisté pour aller au cinéma juste avant La Réunion, nous aurions pu arriver plus tôt et pas in extremis.

- Tranquille, on était large, se défendit Ken, nonchalant.

- Je te signale que je fais partie des AS, répliqua Lia avec un soupir. Être ponctuelle est crucial si je ne veux pas être le premier membre à me faire virer le plus rapidement de l'histoire. En plus, on était censé être large si tu ne t'étais pas arrêté à chaque stand de nourriture sur le chemin.