La Famille - Tome 2

Chapitre 7

La téléportation était d'une violence inouïe.

Dès l'instant où le processus commença, j'ai senti mon corps se décomposer, chaque molécule semblant se déchirer de l'intérieur, comme si nous étions aspirés dans un vortex infernal.

La vitesse à laquelle nous étions projetés à travers l'espace et le temps dépassait tout ce que j'avais pu imaginer.

C'était comme si mon être tout entier, réduit à un simple flux d'énergie, était propulsé à travers un tunnel infini où toute notion de temps et de réalité s'effritait sous la pression colossale.

L'espace autour de moi se dissolvait en une myriade de couleurs éclatantes, se déformant dans une spirale sans fin, où chaque nuance hurlait de manière assourdissante.

Les images d'êtres désintégrés, pulvérisés en un milliard de particules éparpillées dans l'éther, envahirent soudain mon esprit.

J'ai alors réalisé que ce n'étaient pas mes propres pensées, mais celles de l'un de mes cousins, amplifiées par notre lien télépathique.

Le chaos des pensées partagées ajoutait une couche supplémentaire de terreur à notre voyage chaotique.

- On va être désintégrés ! hurla Matt dans ma tête, sa voix résonnant avec une panique brutale, comme s'il était déjà en train de se décomposer.

J'ai tenté de repousser l'idée, de maintenir une part de rationalité dans ce tourbillon de sensations chaotiques.

- Ne dis pas n'importe quoi et arrête de penser à des choses bizarres, répliqua Ken, essayant de garder son sang-froid. Il faut garder notre calme et on s'en sortira.

Mais même lui, avec toute sa bravade habituelle, ne pouvait totalement masquer l'ombre de doute qui planait sur ses pensées.

- Ça c'est toi qui le dis, répondit Matt, sa peur toujours palpable, bien que légèrement atténuée par la tentative de réconfort de Ken.

Je sentais la tension se resserrer autour de nous, comme une corde qui se tendait à l'extrême, prête à se rompre à tout moment.

Chaque pensée se heurtait aux autres, créant un brouhaha discordant dans mon esprit.

- Vous pensez vraiment à des trucs idiots, leur lançai-je, un mélange d'agacement et de nervosité dans la voix. Ken pense à manger (pour changer), Jon songe à sa prochaine invention, Matt imagine qu'on va mourir déchiquetés, et Lia réfléchit à des moyens d'augmenter son salaire. Vraiment ? Dans une situation comme celle-ci, c'est tout ce qui vous préoccupe ?

Les pensées désordonnées de mes cousins me parvenaient en vagues confuses, perturbant ma propre concentration.

Ken, avec sa légèreté habituelle, rétorqua presque immédiatement, sa voix mentale chargée d'une pointe d'amusement.

- Tu es mal placée pour dire ça, lança-t-il avec un rire étouffé. Tu as vu à quoi tu penses toi ? Ton amoureux, ce charmant Rick.

J'ai senti une chaleur envahir mes joues, une réaction instinctive que même l'étrange état désincarné dans lequel nous étions ne pouvait empêcher.

C'était étrange de ressentir une telle émotion dans ce chaos, mais le fait que mes pensées les plus privées aient été exposées si crûment me fit rougir, malgré l'absence apparente de corps.

- Bon, passons, il faut que...

Ma phrase resta en suspens, interrompue brutalement par la fin soudaine de la téléportation.