Le baiser

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Petit poème écrit dans un parc :

Les nuages étaient lourds aujourd'hui
Surtout lui qui semblait fuir
Un mal ou des mots
Lancés par la pluie des bleus d'oiseaux
Percé d'un bijou chamarré
Attends, chien de faïence
Un avertissement une averse des cordes une giboulée de cerises un canard
Se muait, narguant Ovide
Cumule ses idées nimbées des plus noires atrocités
Traité de blizzard armé des pires convections
Car il a vécu la sublimation


J'avoue je dis détester le jeu de mot mot/maux mais je hais encore plus le mot maux. Je le trouve super moche avec son aux affreux. Sans blagues, son orthographe me donne envie de vomir.



Beaucoup de chose se sont enchaînées. Le pompier -le Jules- du dernier poème, et bien je l'ai embrassé. Je raconterai une autre fois ce baiser et ses circonstances, car son souvenir est trop doux et neuf pour être partagé, j'ai l'impression que cette affection serait abîmée. Mettre des mots sur une tendresse ne ferait que l'étioler et lui faire perdre son sens. Son sens, je ne suis pas sûre qu'il y en ai un. A trop y penser, je crois que j'invente de nouveaux gestes, de nouveaux signes. Ce sourire ? Pourquoi est-ce qu'il me parle ? Pourquoi tu viens vers moi ? Qu'est-ce que ça veut dire ?

Arrête ! Je me sens débile, ce n'était rien qu'un bisou, t'as fait quoi pour que j'y pense tout le temps ? Pour que je ne pense qu'à toi ? Je déteste penser à toi à longueur de temps, je déteste lire de belles histoires et t'imaginer dedans, je me déteste parce que lorsque je suis avec mes amis, j'aurais préféré être avec toi, je te déteste parce que tu te fiches de moi, tu t'en fiches de moi , tu t'en fou. Pour toi, je suis juste une gamine collante, un peu marrante mais pas belle. Pourquoi à cause de toi, quand je me regarde dans la glace, je ne pense qu'à ce que tu penses ?

Arrête de me faire espérer, de me faire imaginer, ça me fatigue. Parce que je les ai, ces images. on se tiens la main, je rigole parce que tu t'es foutu du chocolat sur le pif, tu m'observes en souriant quand je tourne la tête, on a l'air heureux, chanceux de notre jeunesse, qu'on jette sans s'en soucier à la gueule des passants. Arrête de faire de moi une victime des romances d'Hollywood, je suis pas comme ça. Tu veux que je te coure après ? Tu te sens mieux, tu crois qu'un petit bisou, ça va me rendre addict ?

Je suis méchante. T'es pas comme ça, en plus, c'est moi qui ai voulu t'embrasser. Comme ça, au coin des lèvres. Woaw, je m'étais sentie puissante, différente. A la commissure, j'arrive à trouver ça romantique. Comme une promesse. Un interrogatoire du commissaire. T'es venu vers moi, pour me dire au revoir je dois y aller c'était trop bien viens demain comme ça on se verra plus souvent, t'as fouillé dans ton sac, je sais pas ce que tu t'en foutais, tu partais. 

Attends

J'ai posé une main sur ton épaule, tes paluches pendaient, tu devais pas être très à l'aise, j'ai un peu tiré sur ton t-shirt, je sais même pas de quelle couleur il était, je m'en fous, je t'ai tiré  -sans le a- tu t'es penché, comme dans les films, j'avais envie de lever mon pied. Juste une bise, un bisou, un rien. Pourquoi j'y pense ? Hein ? Pourquoi tu ne viens plus, Jules, t'es gêné ? Tu ne veux plus me regarder dans les yeux ? 

Même pas le bruit caractéristique des bisous, celui de succion, pas une ventouse, non, une sorte de caresse. Un bruissement sur la joue, pas le temps d'échanger dans ce chuintement un secret, qui dépasse de son voile. Il en a marre d'être planquer, miré en cachette, nourrit par des chimères et salopé par des baisers de judas. Putain, je veux pas qu'il se décompose ce sentiment, il s'est construit avec tous les riens que tu me lances depuis toujours, il a édifié sur des fondations pleines de ressentiments et d'haine d'enfant, je le voit ce que ce sentiment à construit, je n'étais rien dans ce plan, pas maçon, architecte, seulement spectatrice de ce bâtiment que je veux explorer mais sans trouver l'entrée. Alors j'imagine ce qu'il y a dedans.

Tu t'en souviens pas, mais je te détestais quand on était petit. Tu voulais jamais que je vienne avec vous, les grands. Seulement deux ans de différences, pourtant, tu ne me considérais pas. Alors maintenant, réponds moi.




Je ne sais pas ce que je vais faire. Je lui ai écrit des lettres, mais je ne sais pas si je dois les lui donner ou attendre. Quoi ? aucune idée. Je veux juste qu'il arrête de me laisser croire en quelque chose si y a que dalle.

Honnêtement, pas d'idées.Where stories live. Discover now