Orphée était réveillé. Il était là, en vie, et pas dans cette chambre blanche. Enfin si. Sa chambre était blanche. Et il avait eu du mal à comprendre où il était quand il s'était réveillé. Quand Ange était venu le voir, paniqué presque à l'instant de son réveil, il avait compris. L'hôpital. Il y était déjà venu une fois... Il se souvenait d'une chambre blanche. Qui ne l'accueillait pas pour les même raisons. Une TS. Il se souvenait d'en avoir fait une. Enfin. Il croyait. Ses souvenirs de sa vie d'avant s'effaçait un peu depuis qu'il avait regagné ceux d'Orphée. Mais... Les souvenirs d'Orphée était tout aussi flou. Si il était déjà venu à l'hôpital, il n'aurait pas su dire si c'était dans cette vie ou dans celle de Milan.
Ange : Orphée ? Ça va ?
Orphée : Je... Heu, oui, oui t'inquiète pas Ange... Juste... Tu...
Mal de tête. Il avait des souvenirs qui remontaient. Ça faisait tellement mal. Enfin, c'était un mal douloureux et en même temps tellement satisfaisant. Mais la douleur l'emportait quand même sur cet apaisement. Qui aurait pu le guérir ? Dans son ancienne vie, personne. Aujourd'hui il avait Ange. Ange qui dans son souvenir l'embrassait sur une balançoire.
Ange : Orphée ? Orphée ! S'il te plaît regarde moi !
Orphée : Dé... Désolé Ange. Mais...
Il respira d'un coup pour se donner le courage de poser cette question qui pourrait tout changer en mal ou bien tout améliorer. Si Ange répondait.
Orphée : Qu'est ce qu'on était l'un pour l'autre Ange ? S'il te plaît. Dis moi la vérité. J'en peux plus de ces souvenirs qui remontent à la surface sans même me demander mon putain d'accord. J'en peux plus de me souvenir de choses qui change la perception que j'ai de notre "amitié". J'en peux plus de te regarder puis de me souvenir du goût de tes lèvres. J'en peux plus d'être là sans même pouvoir te dire ce que je ressens. J'en ai marre de savoir que tu te rappelles de nous mais que tu ne me dis rien.
Ange se mordilla les lèvres. Dans ses yeux, une lueur inquiète trônait. Une lueur pleine de tristesse et de tendresse. Une lueur qui sous entendait qu'il allait vraiment parlé.
Ange : Si je parle de moi, de nous et de notre vie tu dois me promettre de ne pas m'interrompre, de ne pas t'énerver, de rester calme et de ne pas te lever de ton lit.
Orphée acquiesça. Il resterait calme. A moins que les aveux d'Ange ne l'énerve à un point où il ne pourrait plus se retenir.
Ange respira calmement. Puis il se lança dans son discours.Ange : On avait 5 ans. Tous les deux. On s'est rencontré dans un parc. On ne se connaissait pas, j'étais là à cause de mon père qui avait un voyage d'affaire ici. Tu étais tout seul. Moi aussi. Ma mère était restée à l'hôtel et mon père m'avait laissé déambuler dans les rues malgré la promesse qu'il avait faite à ma mère sur le fait de ne pas me laisser seul. On avait 5 ans Orphée. Toi, tu avais fugué et moi j'étais perdu. Toi tu vivais ici et moi je savais à peine qui j'étais. Ton visage était baigné de larmes et je ne savais pas quoi faire pour les arrêter. On s'est croisé pas loin de cet hôpital. Le parc à deux rues d'ici, tu m'y a emmené pour me calmer. J'étais perdu dans mes pensées et on s'est assis. Tu me parlais mais je n'écoutais pas. Et puis à un moment tu m'as pris dans tes bras. Mes larmes avaient percées le masque que je m'étais créé. Tu m'as pris dans tes bras alors qu'on ne se connaissait pas et que tu n'allais pas bien non plus. Après ça, on a fait connaissance. Ange, Orphée. Orphée, Ange. Nos prénoms étaient similaires. Tous deux issu d'un rêve de nos parents qu'on ne pouvait pas exaucer. Orphée... Ils voulaient que tu sois un génie de la musique. Tu ne comprenais pas ce souhait. Toi, tu voulais juste... Trouver ton homme. Que l'histoire d'Eurydice ne se répète pas. Et moi, ils voulaient que je sois pur. Innocent au possible et que je monte au paradis. Pourtant, des péchés j'en commettais déjà à l'époque. On était complémentaire ce soir là. Peut être était ce un coup du destin. Mais on s'était trouvé. Et puis... 2h après, ton frère t'a retrouvé. Il était paniqué. Et toi tu te sentais coupable. Tu t'étais confié à moi ce soir là. Ton père s'était encore engueulé avec Tai. Il avait 10 ans à l'époque. Il t'a retrouvé et il s'est excusé tellement de fois. Toi aussi. Et puis, vous m'avez ramené chez vous. Quelques heures plus tard, mon père est venu me chercher et m'a dit de ne rien dire à ma mère. De toute façon je n'en avais aucunement l'intention. Ensuite pendant les deux semaines qui ont suivi, on s'est vu. Toujours près de l'hôpital. Et j'ai dû repartir chez moi. J'habitais à 512 km d'ici dans une ville de banlieue. Mon père avait fini son travail. Après cette période on ne s'est plus vu pendant 7 ans. Et... Pendant ces 7 ans, j'ai demandé tous les jours à ma famille de déménager ici. Je ne t'avais jamais oublié. Jusqu'au jour où ils ont accepté. On avait 12 ans. J'ai réussi à être transféré dans le même collège que toi. "Cieux". Un nom de collège... Tellement formidable. *Il rit en arborant un air sarcastique*. Mais tout allait bien. J'étais dans ton collège, dans ta classe. Et je voulais juste te dire bonjour. Mais tu avais tellement changé. Cet air insouciant que tu avais pendant nos rencontres avait disparu. Tu t'étais refermé sur toi même. J'ai appris que rien ne s'était vraiment calmé chez toi. Et... Tu ne savais pas qui j'étais. Même après que je t'ai raconté nos après midi ensemble, tu ne me croyais pas. Qui étais je pour toi ? Un inconnu. Qui est ce que tu étais pour moi ? Mon sauveur. On est resté jusqu'à la fin du collège ensemble. Et... On s'était rapproché. Tu ne me croyais toujours pas. Mais Emma, elle me croyait. Je me confiais souvent à elle. Elle m'écoutait et me consolait quand j'étais déstabilisé par ta nonchalance envers moi. Elle me disait que tu n'avais jamais été ouvert. Toujours refermé, introverti. Et puis un jour... Tu m'as envoyé un message un soir. Tu me demandais de venir à l'hôpital. Au parc. A ce parc. Je suis venu, je me souvenais par coeur du chemin. Et on s'est assis sur les balançoires. Tu avais de nouveau fugué. Rien n'allait dans ta vie à ce moment. Ce jour là, tu t'es ouvert à moi. Tu m'as dis que c'était compliqué. Tout ça changeait trop vite. Tu m'as parlé longtemps ce soir là. Et après avoir épuisé ta salive, tu t'es écroulé. En larme. Dans mes bras. J'ai pris conscience que mon coeur battait beaucoup trop fort. J'en avait déjà parlé à Emma de cette drôle de sensation que j'avais quand j'étais près de toi. Et elle m'a dit que je t'aimais. Et dans ce parc, tu m'as révélé quelque chose que je savais déjà. Tu étais gay. Emma me l'avait dit. Mais elle ne m'avait pas précisé les insultes que tu te prenais à longueur de journée. Ces "pédé" que tu entendais dans tes oreilles tous les jours. Ces coups que tu te prenais si tu rentrais chez toi seul. Tu m'as montré tes bras et tu m'as dit une phrase...
Orphée : Mais tout va bien ne t'inquiètes pas... Tant que tu es là rien ne peux m'empêcher de vivre. Tout me fais penser à la mort mais rien ne peux m'y conduire.
Orphée était au bord des larmes. Les souvenirs remontaient au fur et à mesure qu'Ange parlait.
Ange : Oui. Mais tu avais promis de pas m'interrompre. Laisse moi continuer s'il te plaît.
Ange prit la main d'Orphée dans la sienne en la serrant contre lui.
Ange : Cette phrase. Elle est restée dans mon esprit. Rien ne pouvait l'effacer. Elle raisonnait dans mes oreilles. On est resté jusqu'à tard cette nuit là. Il était dans les alentours de minuit quand je t'ai raccompagné chez toi. Ta mère était inquiète. Elle en pleurait elle aussi. Théo et Louna n'avaient pas réussi à dormir tant ils étaient terrifié à l'idée que tu ne reviennes pas. Tai était parti en voyage avec ton père. Il n'a jamais été au courant de cette fugue. Le bonheur s'est dessiné sur le visage d'Élysabeth quand elle t'a vu. Théo et Louna ont pleurés. Et toi, tu avais cet air coupable. L'air que tu avais 9 ans avant. On avait 14 ans cette nuit là. Je t'ai retrouvé pour la première fois. 1 ans après, on est entré au lycée. Tout allait bien. En apparence. Tu m'as à nouveau appelé au parc. On était début seconde. Et tu m'as dit quelque chose.
Orphée : Aujourd'hui... Je n'ai pas fugué. Je suis venu pour toi, mon ange. Je me rappelle de toi. Tu étais le garçon qui m'a sauvé et tu es celui qui me remonte des abymes aujourd'hui.
Ange : Tout à fait. Et ce soir là... Assis sur les balançoires, tu m'as embrassé. Je n'ai pas résisté. Je te l'ai rendu volontier. Je m'étais accepté grâce à Emma qui avait fait plus de travail que ma psychologue homophobe. Ce soir là, j'ai vu tes yeux sombres s'illuminer. Tu as retrouvé ton regard d'enfant. Nos lèvres se touchaient. Et peu après nos langues aussi. Une balançoire pour deux. On s'était mélangé. Après ce baiser tu n'as plus fugué pendant 2 ans. A chaque fois que ça n'allait pas, on se voyait. On était les meilleurs psychologues. Nos baisers étaient le meilleur des réconfort. Et... Tout allait bien. Je t'ai invité chez moi. Tu m'invitais chez toi. On ne jouait pas. On était deux dans une chambre, en couple. On était heureux. Et puis...
Tu as ressombré. Je t'ai trouvé un soir, bourré. Tu ne marchais plus droit, tu avais une lueur folle et terrifiante dans ton regard. Rien n'allait et ça se voyait. Tu as commencé à fumer. Je ne savais pas quoi faire pour t'aider, tu ne voulais plus me parler de tes problèmes. Elysabeth m'a dit que ton père était revenu. Et... Tu as re fugué. On se savait pas où tu étais. J'étais terrifié. Je ne voulais pas te perdre. Nos amis non plus. Je n'ai pas beaucoup parlé d'eux, parce que à part Emma, ils n'ont rien su de notre histoire. Pendant des jours et des jours, je ne dormais pas. Je t'ai envoyé des messages tous les jours. Et puis ta famille m'a appelé. On t'avait retrouvé. Mais tu ne savais pas qui on était. Et tu connais la suite...Des larmes coulaient des yeux d'Ange. Les souvenirs étaient compliqués.
Orphée : Ange ! S'il te plaît, ne pleurs pas... Je suis là.
Une pensée qu'il n'aurait pas dû avoir débarqua.
Plus rien n'allait dans sa tête mais il avait retrouvé son point d'encrage.
Ange n'était plus censé être sa bouée.1853 mots.
Ok... C'était un chapitre très dense. Beaucoup d'émotions d'un coup. Certains de ces souvenirs seront rappelés dans les chapitres suivants. Mais... Je pense que vous avez compris, l'histoire d'Ange et d'Orphée n'a pas toujours été heureuse. L'histoire d'Ange n'a pas vraiment été évoqué mais leurs amis leurs rappelleront dans le chapitre où ils se "rencontreront". J'ai eu du mal à écrire ce chapitre, à ordonner les infos dans mon cerveau, donc si certaines choses ne vous semble pas claires, dites le que je vous explique !
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Perdu
RandomConvaincu d'être Milan Lirth, un garçon ordinaire et sans attachés, il est confronté à un inspecteur qui l'identifie comme Orphée Jung, un prodige de 17 ans issu d'une famille influente et prestigieuse. Cette perte de mémoire est encore plus troubla...