Perdu

Emma !

Cela faisait déjà 15 minutes que le bus roulait. Ange avait posé sa tête contre la vitre, tandis qu'Orphée n'arrêtait pas de changer de main son téléphone.

Ange tourna la tête, la bouche ouverte comme pour dire quelque chose quand une expression étonné arriva sur son visage.

Ange : Mais Orphée ? T'as un téléphone toi ? Tu l'avais pas paumé pendant ta fugue ?

Orphée fit un sourire. Il attendait qu'Ange le remarque depuis qu'il avait donné son numéro à Alana.

Orphée : Si ! Et mon père m'en a racheté un en revenant en France ! Tu sais pour son travail, il est passé chez mes grands parents aux States, et ils ont insisté pour que j'en ai un. Apparemment ils se sont également beaucoup inquiété. Du coup mon père m'en a pris un et il me l'a offert hier !

Ange : J'avais zappé que tes parents étaient américains !
Mais du coup je ne suis pas ton premier contact ? Je suis outré ! Tiens je te le note.

Il prit le téléphone des mains d'Orphée et s'envoya un message à lui même. Il en profita pour faire un tour dans le téléphone, sous les yeux rieurs d'Orphée.

Ange : T'as que 5 contacts ? Tai, Elisabeth, Jimmy, Alana et moi maintenant... Et 0 jeux ni applis ? Je t'installe Pokemon go c'est plus simple... Et insta d'ailleurs. Nan pas insta enfait. Mmh... Bon Pokemon s'installe je t'ajoute en ami. Ah la la, t'as jamais été doué en informatique. Ton téléphone au collège, y avait rien dessus non plus, je sais pas comment tu survivais.

Orphée : Je, heu... Oui ?

Ange pianotait si vite sur son téléphone qu'il ne savait pas ce qu'il faisait. Lorsqu'il était Milan, il n'avait pas assez d'argent pour s'acheter un vrai téléphone et avait un Nokia. Orphée collégien lui avait un des derniers sortis mais ne s'en servait jamais. Il n'aimait pas l'informatique. D'ailleurs son ancien téléphone n'avait servi qu'à parler avec sa famille, Orphée et Emma.

Ange lui rendit son téléphone, un sourire aux lèvres.

Ange : Maintenant, je vais pouvoir t'embêter même quand tu seras chez toi !

Orphée sourit. Mais au fond de lui, il pensait encore à Nys. Ou comme il aimait l'appeler dans sa tête "Dionysos".

C'était étonnant quand il y pensait. Que ses parents aient décidé de l'appeler Nys déjà malgré leur nom de famille et surtout que ce soit lui qui fasse battre son cœur. Dionysos et Orphée n'étaient pas vraiment amis dans la mythologie. Surtout depuis que Dionysos avait envoyé ses Bacchantes le tuer. Mais ce n'était qu'un détail.

Alors que les anges, eux qui grimpent au Ciel, eux qui sont symbole de paix, de beauté, de pureté étaient tout de même bien plus attirant lorsqu'on lisait juste les livres. Mais lorsque nous sommes les personnages principaux d'une histoire, rien ne se passe comme prévu, c'est bien connu.

Orphée releva la tête vers Ange qui avait plongé sa tête dans son téléphone. Ses cheveux blonds platines, ses doigts arlequins, ses yeux toujours verrons bleu pâle, gris et ses traits fins le rendait vraiment attirant. Orphée comprenait comment il avait pu y succomber lorsqu'il était encore lui.

Mais Nys, Nys aux cheveux bruns, courts et bouclés. Nys aux yeux verts, Nys à la silhouette forte, Nys aux lèvres si fines... Nys était décidément parfait.

Pourquoi Ange ne le voyait il pas ? Il s'était retenu de l'évoquer dans les conversations car il avait bien compris qu'Ange ne voulait pas parler de sa voix tremblante, de ses yeux écarquillés de trahison et de tristesse qu'Orphée avait perçu ce jour là.

Ange : ...phée ? Orphée ?

Orphée : Oui, pardon ?

Orphée secoua sa tête, faisant tomber sur ses yeux ses cheveux noirs pour reprendre contenance. Ils avaient bien poussé depuis qu'il avait fugué.

Ange : On descend au prochain arrêt. J'échangeais avec Emma à l'instant et elle vient nous chercher à l'arrêt de bus. Elle a hâte de te revoir, tu n'imagines pas à quel point tu lui as manqué.

Orphée : D'ailleurs, elle n'était pas censé être aux Etats Unis ?

Ange : Si ! Mais elle est revenu, trop inquiète pour toi, elle repart dans une semaine en même temps que Tai. Allez grouille, le bus s'arrête que deux secondes !

Et sur ces mots il courut vers la porte qui venait de s'ouvrir. Orphée s'élança à sa poursuite, riant.

A l'extérieur du bus, il vit Ange dans les bras d'une fille. Il s'arrêta net.

Emma. Emma. Emma. Emma. Emma. Emma. Emma.

Emma avec ses cheveux roux bouclés, ses lèvres fines, son sourire accueillant, ses yeux souriant.

Il courut, une nouvelle fois, pour s'élancer dans les bras d'Emma qui avait lâché Ange.
Là bas, il pleura toutes les larmes qu'il avait retenu durant ces derniers jours. Depuis qu'il s'était réveillé. Depuis qu'il avait vu ce passage piéton. Depuis que sa mère était morte. Depuis que son père l'avait abandonné.

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