Chapitre 1 : Je m'appelle Siobhan

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Orpheline, ballotée de famille d'accueil en famille d'accueil, de meute en meute, je ne ressens plus rien. Abandon après abandon mon cœur est tellement brisé qu'il n'est plus possible de créer le moindre petit morceau de plus avec.

Je suis dans l'incompréhension totale, pourquoi ne suis-je pas acceptée dans ces familles, dans aucune de ces meutes ? Je suis pourtant une louve comme eux ?

Je fais environ 1m80 et je n'ai pas un physique ingrat bien que je ne sois pas nourrie correctement dans ma famille d'accueil. J'ai de beaux yeux bleus qui attirent souvent le regard des autres. Ma chevelure atteint le bas de mon dos et tire vers le blanc étincelant lorsque l'on me donne la possibilité d'en prendre soin. Ma peau est fort claire, si bien qu'à l'école on m'appelait "cachet d'aspirine"

Aujourd'hui, c'est mon anniversaire, et j'aime à penser que l'on m'offrira quelques choses pour une fois. Dix huit ans, ça se fête ? Non ?

J'ai 18 ans aujourd'hui et je ne me suis pas encore transformée. 18 années à attendre, à espérer me transformer et pourtant personne n'a encore vu la couleur de mon pelage. Je ressens pourtant ma louve en moi, elle me réchauffe de sa présence lorsque je suis triste. Je la sens se blottir autour de mon cœur. Elle a envie de me défendre lorsque l'on m'agresse dans ces familles. Mais j'ai l'impression que quelque chose l'empêche de sortir, comme si elle était enchainée dans mon propre corps.

Personne ne veut de moi parce que je n'ai pas le pouvoir de changement ? Je devine que je suis un poids mort pour certaines et une ruine financière pour d'autres. Je ne suis pas complètement des leurs si je ne peux leur montrer ma louve.

Aucun mâle ne veut de moi ou juste pour s'amuser. Qui voudrait d'une louve incapable de se transformer ? Je ne serais qu'un fardeau qui transmettrait cette tare a sa descendance ! Si nous étions seulement encore capables de procréer. Je ne vaux rien, et chaque abandon me le rappelle.

Ça y est, je l'ai reçu en pleine tête mon cadeau d'anniversaire, je me demande pourquoi j'espérais encore quoique ce soit de ses fils de cabots. Le jour de mes 18 ans, je suis mise à la rue. Jetée dehors comme une chienne trop âgée et malade dont on ne voudrait plus. Trop âgée pour encore percevoir des indemnités en tant que famille d'accueil et pas assez louve pour créer une alliance avec une autre meute. Je suis abandonnée encore une fois.

Mais c'est la dernière, mon cœur est froid maintenant, plus personne n'y entrera.   

A fleur de luneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant