Chapitre 6 : Qui suis je ?

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Mon sommeil ne fut pas réparateur. 

Bien que cachée dans les racines emmêlées de ce magnifique arbre, j'avais peur que mes assaillants m'aient poursuivi jusqu'ici. J'ai rêvé, j'ai cauchemardé, je n'arrivais plus à distinguer le vrai du faux, le passé du présent et encore moins de percevoir mon futur. Je me souviens avoir rêvé de nouveau de ma mère. Mes souvenirs sont de moins en moins flous, comme ci quelque chose avait débloqué ma mémoire. 

Nous sommes dans les bois, elle est en louve et elle me porte sur son dos, je dois avoir 6 ou 7 ans, je ne sais plus. Elle est magnifique, énorme et d'un blanc immaculé, étincellent même. Si je devais comparer sa couleur, elle ressemblerait à celle de l'Akhtal-teke, ce cheval dont la robe étincelle au soleil. Ses yeux d'un bleu profond sont le point commun de toute les louves de la meute, d'ailleurs j'ai les mêmes. Elle court et je me tiens à son poil soyeux pour ne pas tomber. Je ris à gorge déployée, je me sens ivre de bonheur. Je me souviens que la meute est constituée majoritairement de femmes, mais je me rappelle aussi que petit à petit, mon père dont j'ai une peur bleue, dont son seul regard me pétrifie, insiste auprès de ma mère pour laisser venir plus d'hommes pour nous protéger dit il. Maman en est tellement amoureuse qu'elle ne voit pas comment il se comporte avec moi. Dès qu'elle a le dos tourné il me traite de battarde sans valeur, de moins que rien, qu'il me tuera à la première occasion en faisant passer ça pour un accident. Que si je parle de quoi que ce soit à maman, il me fera subir les pires tourments. Je ne comprends pas pourquoi il est ainsi avec moi. Mais dés que maman est là, il me prend dans ses bras et joue au père aimant et au mari heureux. Comment aurais-je pu deviner que l'homme dont le sang coulait dans mes veines allait réellement tuer tout mon entourage, détruire l'entiereté de ma meute.

Un jour, maman et une autre louve, Diane je crois, m'ont emmenée dans un endroit magnifique. D'énormes érables aux feuilles rouge sang en étaient la porte cachée. Seul le sang des femmes de la meute de sang royale ou les prêtresses, oracles, pouvaient ouvrir cette porte m'indiqua maman. Et jamais au grand jamais je ne dois laisser entrer qui que ce soit dedans et surtout pas mon père. Des flash-back de ce moment me reviennent ...

REINE CALICE : J'ai peur pour toi ma fille, j'ai peur pour nous tous en fait, mais malheureusement pour Diane et moi ainsi que le reste de la meute il est déjà trop tard. Tu vas devoir être courageuse mon enfant.

D'un geste de la main elle balaie le paysage que j'ai devant moi. Une source au chant cristallin dont la couleur parait rouge à cause du rubis logé au creux d'une pierre naturelle, étincelle de mille feux.

REINE CALICE : Ici est né le pouvoir de la meute et ce pouvoir ce transmet dans l'eau souterraine à toutes les terres des meutes. Tu es à présent la gardienne de cette source et de son rubis.

Elle décroche le rubis de son écrin naturel et le transforme en pendentif avec des branches fines cueillies sur un des érables et le met autour de son cou. Elle le cache au creux de sa poitrine pour que personne ne puisse le voir.

REINE CALICE : Ma fille, sache que je t'aime du plus profond de mon être, malheureusement je n'ai pas suivi les conseils de mon amie et oracle Diane et maintenant toute notre meute va en payer le prix. Mon amour pour ton père m'a aveuglé, je n'ai pas su voir que le lien entre lui et moi était un lien factice, créé par un oracle à l'ego démesuré. Mais sache que toi, tu survivras à tout cela, et un jour tu reprendras ta place de reine. Tu n'auras pas une vie facile mon enfant, mais la vie t'endurcira et tu emmèneras ta meute la ou moi j'ai échoué, vers un avenir radieux.

Deux jours après ce moment perturbant pour une enfant de 8 ans, je me perds dans le bleu profond de son regard lorsqu'elle me dit "Tu es une louve très spéciale ma fille et je t'aime du plus profond de mon être, ne l'oublies jamais" Elle m'intime de suivre la nounou de la meute le plus loin possible du village. Je la revois encore, enlever son magnifique pendentif d'un rouge étincelant, elle prend une des feuilles d'un érable rouge et empaquète le bijou délicatement dedans. Elle me tend le petit paquet, je le prend ne sachant que faire avec.

ORACLE DIANE : Ne le perds pas Siobhan, tu en aura besoin plus tard pour prouver qui tu es et reconnaitre ton âme soeur.

La nounou m'a déposé dans le premier orphelinat venu, elle avait tellement peur que je finisse comme le reste de la meute qu'elle m'a dit de cacher absolument ma louve. De ne montrer à personne qui j'étais vraiment. Que jamais au grand jamais il fallait que je me transforme, sinon les gens comprendraient qui je suis. Notre couleur blanche, les yeux bleus et notre taille imposante pour des femelles font l'exception de notre meute. Aucun loup ou louve ne nous ressemble.

Je frissonne, le vent se lève, laissant mon songe s'envoler avec lui. Je fais pour ajuster mes vêtements et je me rend compte que je suis nue avec juste pour habit, le sang d'un de mes attaquants qui macule mon corps d'un pourpre agressif. L'odeur me monte au nez et j'ai envie de vomir alors que ma louve jubile du sang collé à ma peau et de la mort de cet autre loup. Je me rend compte a cet instant que la bête sauvage qui a arraché la tête de l'autre crétin hier, c'était moi, c'était ma louve, je me suis transformée. Je suis heureuse et en même temps apeurée. De quoi suis-je capable ? Ais je ou risquerai-je de blesser des innocents lors de mes changements ?

Le jour de mes 18 ans, je suis devenue une louve à part entière. Une louve de la "Meute lunaire" une louve des "Terres Noires", il est temps que je rentre à la maison.  

A fleur de luneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant