Chapitre 3 Nostalgie et terreur

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Après avoir été mise à la rue comme une malpropre, j'ai erré pendant des heures dans la ville. Cherchant refuge chez mes prétendus amis. Mais dès que vous faites faces à des difficultés, tout le monde disparait et les portes auxquelles vous frappez restent closes.

La pluie se mis à tomber doucement et puis de plus en plus fort, me rappelant que je dois absolument trouver un abri pour ce soir. Ce n'est pas mon simple jeans, mon t-shirt miteux et mes baskets trouées que m'ont laissés ma dernière famille d'accueil qui vont me tenir chaud. Mais j'aime cette odeur de pluie et je vagabonde plus longtemps que je ne devrais dans les rues de cette ville qui me renie froidement.

Cette odeur de pluie me rappelle les moments avec ma mère, lorsque nous nous promenions dans ma ville natale. Je n'ai que très peu de souvenir de ma mère c'est le flou total lorsque je pense à elle. Le seul souvenir intense que j'ai d'elle est le jour où elle m'a abandonné. Je me perds juste dans le bleu profond de son regard lorsqu'elle me dit "Tu es une louve très spéciale ma fille et je t'aime du plus profond de mon être, ne l'oublies jamais, tu es l'avenir de toutes les meutes" Je n'avais que 8 ans et elle m'intime de suivre la nounou de la meute le plus loin possible du village. Je la revois encore, enlever son magnifique pendentif d'un rouge étincelant et le mettre autour de mon cou. "Ne le perds pas mon enfant, tu en aura besoin plus tard pour prouver qui tu es".

Un bruit derrière moi me fait sortir de ma rêverie. Il fait nuit, je ne m'en étais pas aperçue. Des ricanements, une bouteille qui se brise au sol, des sifflements pleins de sous-entendus et puis ces paroles qui me glacent le sang :

Mais qu'avons-nous la ? Une jolie petite chienne traine dans les rues la nuit. Serions-nous tombé sur une louve de plaisir ? Va-tu nous donner ta croupe pour quelques billets ma belle ? Oh mais bien sûr que non, tu n'es pas dans les bons quartiers pour cela, tu es plutôt une petite imbécile perdue tard dans la nuit.

La pluie et ma distraction avait masqué leur odeur de mâles en rut. Mais eux avait bien sentit la mienne. Même si je ne peux me transformer, ma louve est belle et bien présente et son odeur fait partie de moi.

Ils sont trois, leurs regards me piquent la peau comme si des milliers de fourmis me courraient dessus. Le 1er m'attrape par le bras et dit à l'Alpha du groupe "Regarde Boss comme sa peau est douce et elle est bien foutue en plus" Le deuxième passe sa langue sur mon autre bras et dit " Et en plus elle a si bon gout, un mélange de miel, de fruit sauvage et de terreur, quel délice, comme tu les aimes Boss".

J'ai beau être une louve mais si je ne sais pas me transformer, seule contre 3 mâles, je ne peux pas faire grand-chose. L'Alpha arrive lentement prêt de moi, attiré par l'odeur de ma peur, reniflant l'air, un sourire sadique aux lèvres. Son regard passe de mes seins à mon visage terrifié, je lis dans celui-ci toutes les horreurs qu'il veut me faire subir et ma louve le ressent. Plus il approche et plus ma louve gronde, menace, s'échauffe sous ma peau. Jamais je ne l'ai senti aussi proche de moi. J'ai l'impression qu'elle veut sortir de mon corps pour leur sauter à la gorge, leur arracher les entrailles. Ma peau me brûle de plus en plus, mon sang cogne à mes tempes, mes os me font mal comme s'ils se brisaient en mille morceaux. J'ai l'impression que ma propre peau fond et s'écoule de mon corps.

- Putain cria l'un des deux betas, elle se ... , mais bordel elle est .... Non c'est impossible.

L'alpha reste bouche bée lorsque la tête de son second tombe au sol dans un bruit de chair déchirée et d'os éclatés. Du sang gicle de sa carotide déchirée et éclabousse tout au passage. Son corps tombe lentement au sol, rejoignant sa tête dont les yeux étaient déjà complètement vitreux. Je regarde l'Alpha et dans son regard je lis cette fois ci de la peur et plus du sadisme. Après avoir été éclaboussée par tout ce sang, je pris peur à mon tour, je fuis à toute jambe sans me retourner, je ne veux pas voir qui est mon sauveur, je ne veux pas savoir quel loup a fait preuve de tant d'agressivité, même si il m'a probablement sauvé la vie en tuant un de ses bons à rien. Je ne veux pas être la prochaine à perdre la tête.

Je cours, je cours jusqu'à ce que je n'en puisse plus et même là, je ne m'arrête pas. Je cours jusqu'à ce que mon cœur me donne l'impression qu'il va éclater.

Les gens qui me croisent hurlent de peur. Je suppose que mes vêtements tachés de sang, mon visage terrifié doivent leur foutre la trouille. Et pourtant personne ne me propose de l'aide.

Je voudrais leur demander d'appeler une ambulance, les prévenir qu'une bête sauvage a sévit dans une rue plus loin, mais ma gorge est en feu tellement je cours de terreur. Je ne sais articuler aucun mot tellement j'ai mal.

Je n'arrive pas à me calmer et lorsque je m'approche d'eux pour leur demander de l'aide, ils s'enferment dans leur maison, me jettent des pierres, me hurlent dessus. Je ne comprends pas ? Pourquoi personne ne veut m'aider ?

L'âme en peine, je décide de quitter cette ville en courant de toute mes forces, aller vers cet avenir incertain, rejoindre les loups qui ne font pas partie d'une meute, les solitaires, les renégats, les familles exilées.

Après avoir couru des heures, je me retrouve à l'orée d'un bois, je me dirige vers un très grand arbre dont les énormes racines s'entremêlent, je suis attirée par l'odeur de la mousse, celle-ci m'appelle, me donne envie de me rouler en boule contre elle, contre sa douceur. Je devrais me déshabiller pour enlever l'odeur de sang pour ne pas attirer les prédateurs mais je n'ai plus aucune force. Je me love entre les racines, je constate que celles-ci me cachent et je m'endors sur cette conclusion douloureuse : J'ai 18 ans ce soir et mon avenir, l'avenir d'une louve non changeante ne me laisse que peu de chances de survie.  

A fleur de luneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant