Chapitre 8 Souvenirs souillés

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Sur le chemin du retour, mon loup renifle de nouveau cette merveilleuse odeur. Mais elle a quelque peu changé. En me concentrant sur l'odorat de mon loup, je constate que ce n'est pas une proie que nous avions détecté ce matin mais autre chose. Un mélange de prédateur et en même temps de proie. Qu'est-ce que cette odeur ? Mon loup n'y comprend rien, il a envie et de la manger et de jouer avec. Pourtant, il ne sait pas me dire quel genre de bête sent si bon.

Je descends de la voiture à l'orée du bois et je me transforme pour mieux comprendre ce que mon loup ressent. Nous nous dirigeons vers les racines entremêlées d'un arbre et l'odeur y est très forte. Nous sentons aussi la présence de sang, de mort et de terreur. Nous reniflons un peu partout pour suivre la trace de ce prédateur/proie et tout d'un coup me reviens en mémoire le récit de mon père sur la rencontre avec ma mère. Cet arbre avec ses racines entremêlées, c'est là, dans ce creux mousseux que j'ai été conçu et un prédateur avait souillé avec le sang d'un loup inconnu et part sa présence le nid de ma conception. J'étais en colère, mon loup tournait en rond de rage reniflant dans tous les sens pour retrouver sa trace. Un seul souvenir de ma mère et il était souillé, salit, détruit par cette bête. Une touffe de poils blanc maculé de sang était accrochée dans les racines. Je décide de la prendre entre mes crocs et de rentrer sur mes terres pour en discuter avec mes deux bêtas. Il va falloir s'organiser, faire des rondes, des recherches, mais il faut retrouver cette chose avant qu'elle ne vienne attaquer l'un des nôtres. Notre meute est nouvelle et encore fragile, elle est basée sur la confiance et sur mes actes. Si je ne peux prouver que je peux les défendre et leur apporter prospérité et tranquillité, ils plieront vite bagage ou suivront le premier loup renégat qui voudra prendre ma place. 

 Je me retransforme auprès de la voiture, je me relève doucement, nu comme un ver, prend mes habits sur le siège lorsque j'entends un craquement dans les arbres au-dessus. Je relève la tête, renifle mais la seule odeur présente est celle de celui qui a souillé mon souvenir. Je fouille la cime des arbres du regard mais je suis ébloui par le soleil qui étincelle sur mes rétines de loup. Je remets autour de mon cou le pendentif que mon père m'a remis de ma mère et celui-ci ce mets à vibrer contre ma peau. Une vibration a la fois apaisante et perturbante. Je décide de mettre cette sensation de côté, je monte dans la voiture et je démarre pour les "Terres Noires". 

A fleur de luneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant