Chapitre 7

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Quand j'arrive au travail, après une journée de repos ennuyante à mourir, je remarque tout de suite qu'Henri est de retour. Je ne lui ai encore jamais vraiment parler, sauf si on compte le bref échange que nous avons eu lors de mon premier jour. Il me salue d'un signe de main et d'un sourire que je lui rends. La première chose que je fais c'est me ruer dans la salle des employés pour y poser ma veste et mon sac. Je m'observe un instant dans le miroir de la salle, j'ai détaché mes cheveux aujourd'hui, ce qui ferait sourire ma mère. À vrai dire ce n'est pas seulement pour elle que j'ai fait ça et elle ne pourrait même pas le voir de toute façon vu la distance qui nous sépare, je l'ai fait parce que, et ça me tue de le dire, elle a raison, les cheveux lâché me vont mieux que mon éternelle queue de cheval. Mes mains tremblent un peu quand je lisse le haut de mon uniforme, je sais pourquoi, mais je refuse encore de me faire à l'idée. Mes mains tremblent parce que j'appréhende de revoir Antone, enfin pas seulement de le voir. Je ne sais pas encore ce que je vais ressentir en le voyant à nouveau. Même si hier j'ai passé la journée à le chasser de mon esprit et à me convaincre, encore une fois, que je me suis emballer pour rien et que la seule chose que je ressens pour lui était de la sympathie, beaucoup de sympathie. Je ne sais pas encore si la réaction de mon corps à son contact aujourd'hui va être du même avis. Au final, je me suis rendu compte que je suis clairement dans un engrenage du "je t'aime moi non plus", seulement je le fais avec moi-même. Une heure j'arrivais à m'avouer qu'il me plaît, l'heure d'après je me disais que ce n'est qu'une illusion. Alors oui, je stresse comme une fillette de dix ans, attendant de savoir si mon cœur va battre au point de sortir de ma poitrine en lui disant bonjour, ou si l'étincelle sera passée.

Je me décide à sortir de ma cachette et me dirige directement dans le bureau de Claire pour lui demander les consignes de la journée. Elle n'y est pas et je me retrouve à angoisser à l'idée de devoir parcourir l'hôtel à sa recherche quand un bruit sort du talkie accroché à ma ceinture.

-Alba peux-tu venir au bar s'il te plait ?

Malgré la faible qualité du son et les grésillements, je reconnais la voix de ma patronne et m'empresse de la rejoindre.

Elle se trouve derrière le comptoir avec Livia. Claire me souris quand elle m'aperçoit et m'invite à la rejoindre, Livia, elle, reste de marbre et fait comme si elle ne me voyait pas.

-Antone m'a dit qu'il t'avait formé à ce poste, j'aimerais que tu restes avec Livia aujourd'hui, plus tu pratiqueras, plus tu seras une barmaid douée, me dit-elle accompagné d'un clin d'œil. Livia finit son contrat le mois prochain, il nous manquera quelqu'un ici. La plupart des salariés n'aiment pas ce poste, alors si tu t'y sens bien, tu nous sauverais. Tu ferais aussi d'autre chose ne t'inquiète pas, mais certains jours, je serais soulagée de savoir que j'ai quelqu'un sur qui compter pour le service au bar.

Je ne peux pas refuser. J'acquiesce et Claire lâche un soupir de soulagement. Je ne le fais pas à contre cœur, heureusement. J'aime bien être ici, les clients commandent et ensuite, ils trouvent une place confortable et reste là à profiter d'un moment de calme autour de leur boisson. Ça me plait de rester cacher derrière le comptoir, bien sûr c'est la même chose à l'accueil, mais je m'ennuie beaucoup trop pour apprécier. Avec seulement huit chambres, l'hôtel Luciani n'entre pas de réservation toutes les cinq minutes et ma soirée à trier les surligneurs à suffit à me faire préférer servir des cafés.

Claire finit par partir et me laisse donc seule avec Livia, ma seule collègue qui n'a pas l'aire très accueillante. Cette dernière ne me regarde à peine et je me retrouve planter derrière le comptoir attendant qu'on me dise quoi faire ou qu'un évènement se passe. Pour mon plus grand bonheur, une dame d'un certain âge entre et se dirige vers moi.

Hôtel LucianiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant