Hôtel Luciani

Chapitre 12

— La pleine saison arrive dans une semaine, l'hôtel va être complet tout le mois de juillet ce qui promet un mois d'aout tout aussi important. Je compte sur vous pour que le service soit irréprochable et que les clients soient ravis de leur séjour chez nous. On fait comme chaque année, on renforce les équipes pour les trois mois à venir. Les plannings seront donc plus chargés, nous explique Claire dans la salle de repos.

Elle nous a tous convoqué aujourd'hui pour une réunion de début d'été. Les touristes commencent à jeter l'encre en Corse par centaines et l'ile serait bientôt noire de monde. On annonçait une super saison touristique cette année aux infos.

— La chambre 106 et 102 sont à refaire, elles seront fermées cette semaine pour travaux. Antone tu t'occuperas de la peinture, prend une personne avec toi. Livia, tu seras avec moi pour la mise en place du nouveau salon, précise Paul.

Cette dernière ne cache pas son mécontentement et souffle peu discrètement attirant l'attention de Claire qui jette un coup d'œil à son fils signe qu'elle désapprouve surement la réaction de sa belle fille.

— Aller on s'y remet, bonne journée à tous, conclu Claire.

L'ensemble de l'équipe se dirige vers la sortie pour prendre son poste. J'entends Carl et Henri rire dans mon dos et je me retourne pour leur demander ce qui les mets de si bonne humeur.

—Toi, mademoiselle Pietra, on arrête pas de se faire la vidéo de l'explosion en boucle. Antone n'a pas menti, tu aurais dû voir la tronche que tu tires.

— C'est Pietri, Carl, mon nom de famille est Pietri, dis-je avant de réaliser le jeu de mot. Il m'appelle Pietra à cause de la bière. Très drôle, je m'exclame, vous êtes allé chercher dans l'originalité.

— Tu peux remercier Antone, c'est lui qui t'a trouvé un nouveau surnom, rigole Henri.

— Je n'y manquerais pas, dis-je en me rendant vers le bar.

La matinée risque d'être très calme, le soleil est déjà bien levé et il fait la température idéale pour aller sur la plage. Je sens que je vais avoir le temps de m'ennuyer un peu avant le rush de la saison. J'ai hâte de voir l'hôtel remplit, l'ile également. L'été est toujours rafraichissant ici, bien évidemment on souffre tout de même des touristes qui passent leurs vacances sans respecter la faune et la flore local, ni les locaux d'ailleurs mais heureusement, ils sont un nombre infime. Je me souviens des étés de mon enfance, les plages étaient bondées et je perdais le fil du temps à m'imaginer la vie de chaque famille, chaque couple, chaque personne sur leur serviette de plages.

Un raclement de gorge que, malheureusement, je reconnais me fait sursauter. Je lève les yeux et retire le sourire courtois que j'affiche normalement sur mon visage quand je suis en face d'un client. Le petit fils de Louise est devant moi, l'air tout aussi ravi que la dernière fois.

— Un café court je suppose, dis-je mollement.

— Non, je ne suis pas là pour passer commande. Ma grand-mère a insisté pour que je vienne te voir. Elle veut que je te présente des excuses pour mon comportement d'hier.

— Comment refuser des excuses si sincères, dis-je ironiquement. Intérieurement je jubile, c'est vrai que Louise m'a raconté l'importance qu'elle donne aux bons comportements des hommes de sa famille, cela m'a même étonné qu'un de ses petits fils se comporte de la sorte. Il ne m'a pas insulté je le sais bien, mais quelque chose dans son comportement criait le "je suis supérieur à toi, pauvre petite serveuse"

— N'en rajoute pas, ça me coute déjà assez de faire ça.

— Tu pourras lui dire que tes excuses sont acceptées, je le rassure. Ce n'est pas mon genre d'être rancunière.