Chapitre 11

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Je n'ai pas vu Antone et Livia depuis une semaine. Nous ne faisons pas les mêmes horaires et j'avoue que je les ai également un peu évités. J'ai tenu le bar toute la semaine, Madame Louise est venue tous les jours, j'ai pu faire un peu plus sa connaissance sans Livia dans mes pattes.

Cette vielle dame me fait beaucoup penser à ma grand-mère, elle m'a expliqué qu'elle était couturière et qu'elle avait travaillé à l'Opera de Bastia pour créer et ajusté les costumes des artistes. Elle était connue pour ses doigts de fées et ses points toujours parfait et fins. Louise, comme elle m'a demandé de l'appeler, est maman de deux garçons et grand-mère de cinq petits fils, elle rigolait en m'expliquant qu'elle était fière d'avoir engendré une ligné d'homme respectueux des femmes et bien élevés. De son temps, le féminisme n'existait pas encore, ou alors on ne le criait pas sur tous les toits, les femmes étaient encore moins l'égales de l'homme que maintenant et elle s'était secrètement fait la promesse d'éduquer ses fils de façon à ce que ses futures belles-filles se sentent comme des reines.

La semaine s'était donc parfaitement déroulé et sans chute ou casse de ma part, ma maladresse commençait donc peu à peu à s'éloigner pour mon plus grand plaisir. Claire m'avait même félicité de mon travail à la fin de cette semaine et m'avait proposé de signer un CDI dès le début de la semaine prochaine. Je m'étais empressée d'appeler ma mère pour lui annoncer la bonne nouvelle.

Aujourd'hui et comme chaque jour, le bar ne me permettant pas d'être dispensé de nettoyage des chambres, Claire m'envoie préparer la chambre 107 et lui donner un coup de propre pour ses nouveaux occupants. Paul me remplace derrière le comptoir, très peu bavard, je ne lui ai encore jamais parlé. À vrai dire il avait vraiment quelque chose d'intimident. Pourtant lors de mes pauses repas du midi avec Henri, ce dernier m'avait raconté de nombreuses anecdotes qui les liaient tous les deux, m'expliquant que Paul était quelqu'un de très drôle et de très gentil. Pour l'instant je n'ai pas eu encore l'occasion de l'entendre me faire rire de bon cœur.

Une fois dans l'ascenseur je prie comme à chaque fois pour que ce dernier ne tombe pas en panne, je suis légèrement claustrophobe, cela ne fait qu'allonger la liste de tous mes troubles anxieux. Quand les portes s'ouvrent au premier étage je tombe nez à nez avec la personne que je ne voulais justement pas voir. J'aurais préféré que l'ascenseur tombe en panne au final.

— Alba ! Enfin ! Tu m'évites ou quoi, je ne t'ai pas vu depuis la soirée au cabanon vert, dit Antone, son foutu sourire charmeur sur le visage.

— Salut Antone, désolé j'ai du boulot.

Quelle idiote, il allait sûrement me détester d'être aussi froide et à la limite de l'irrespect avec lui. Mais en même temps, je préférais ça plutôt qu'être à nouveau confronter à lui et me rendre compte qu'il me faudrait bien plus qu'une semaine pour oublier ce que j'éprouve.

— Ça ne va pas ? Demanda-t-il en m'attrapant le poignet pour me retenir.

Son contact m'électrise.

— Si, tout va bien, c'est juste que j'ai une chambre à nettoyer et je veux le faire le plus vite possible. Je ne veux pas que ta mère pense que je suis mollassonne quand il s'agit de récurer les toilettes.

— Tu sais très bien que ma mère ne pense et ne penserais jamais ça de toi, elle t'adore, d'ailleurs elle ne fait que me parler de toi. On est tous vraiment très contents de t'avoir avec nous ici Alba.

Oh pitié Antone tais-toi, je pense, tu n'arranges vraiment pas la situation.

— Aller je vais t'aider, reprend-il.

— Non pas besoins, vraiment je peux me débrouiller toute seule.

— Bon comme tu veux, à demain Alba.

Hôtel LucianiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant