Confessions

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Ce chapitre se fera entièrement sous le point de vue d'Abel. Bonne lecture!^^

Je n'avais pas pu dormir après ce qui s'était passé vendredi soir. Je me suis fait engueuler par mes parents, d'ailleurs ; rentrer à minuit à la maison, ça ne pardonne pas. Je leur avais dit que je voulais être en phase avec Dieu. Leur ton avait changé et, rassurés, ils avaient gémit désespérément : "Mais mon chéri, il fallait nous le dire ! On ne fait pas ça à une heure pareille ! Et si tu as des problèmes, il faut nous en parler !". Dimanche, ils insistèrent pour que je les accompagne à la messe pour parler avec le curé. Mais cette petite escapade avait changé mon point de vue, ou plutôt ma façon de voir les choses. Aller voir un prêtre ne changerait en rien mon opinion ; et Dieu seul savait qu'on ne pouvait plus rien pour moi. J'étais désormais un pécheur incurable. 

La messe débuta ; la messe s'acheva. Avant de la clore, le prêtre prit un air grave pour annoncer ceci : "Mesdames, Messieurs, chers fidèles. Dans la nuit de ce vendredi, alors que notre église était malencontreusement restée ouverte à cause d'un frère un peu trop distrait - qui s'est d'ailleurs fait réprimandé -, quelques diablotins ont laissé le confessionnal dans un piètre état en y laissant des traces suspectes." Quelques vieilles femmes outrées firent le signe de la croix de leurs mains fripées. Les battements de mon cœur accéléraient, mes joues rougissaient le stress montait. "La police a été prévenue et les responsables ne devraient pas tarder à être trouvés. Si qui que ce soit sait quelque chose, qu'il n'hésite pas à le faire savoir ; si les responsables désirent se dénoncer, je les attends volontiers pour les purifier dans ce même confessionnal qu'ils ont souillés. Je vous remercie ; passez un bon dimanche."
La police ! Ils avaient prévenu la police ! Je tentai de garder mon sang froid ; il le fallait. Mes parents allaient demander une entrevue avec le curé et il était hors de question que je flanche. Arèn je te hais, pensai-je, c'est à cause de toi que je me retrouve dans cette situation ; je n'aurai jamais dû faire ça, je aurai dû rester éloigné de toi, fils de ... "Alors Abel, ça ne va pas ? demanda le prêtre soucieux en posant sa main sur mon épaule. Tes parents m'ont dit que tu avais besoin de te ressourcer en face à face avec le Seigneur, c'est bien ça ?
- Heu... oui, plus ou moins ; je sentis arriver les sueurs froides ; enfin, disons que j'avais besoin de lui parler sans intermédiaire...
- Mon garçon, c'est très brave de ta part, mais c'est impossible et c'est très dangereux ! Tu ne peux pas braver le Seigneur de ta seul personne, sans conditionnement spirituel ; seul le clergé le peut. Si tu veux lui parler, viens me voir.
- Oui, pardon mon père.
- Tu n'as rien d'autre à me dire?
- Heu... Non, rien du tout, avouai-en inclinant innocemment la tête.
- Ha, très bien... Et bien prend soin de toi, et que Dieu te garde."
Qu'il essaye de me garder... Je suis déjà parti.

Lundi, je n'osai même pas regarder Arèn dans les yeux devant la grille, alors que nous n'étions que tout les deux. Il m'embrassa à peine fut-il arrivé devant moi, avec son grand sourire en plissant ses grands yeux marrons. Il avait bien compris ma gêne, et c'est justement pour ça qu'il se joua de moi durant le restant de la journée, faisant grandir mon malaise jusqu'à me faire sentir mal physiquement. Juste après la cantine, une terrible angoisse me serra violemment le ventre lorsqu'il me prit par la hanche, m'attirant à lui devant la moitié de la classe. Je me dégageai aussitôt et m'avançai d'un pas rapide et mal assuré vers l'infirmerie. Si j'ai vomi après ça, je pense que c'était plus à cause des moules de la cantine...

Les jours passèrent et mon malaise n'avait pas disparu. Je ne pouvais désormais lui parler normalement qu'en seul à seul. Je faisais trop attention aux regards des autres: leurs yeux virés vers moi étaient comme un millier de canons pointés sur moi attendant un seul faux pas pour m'abattre à vue. Je sentais Sa présence constamment autour de moi, mais Arèn n'en savait rien et n'essayait pas de me conprendre: pour lui, j'avais juste un gros bouchon dans le cul.

J'avais décidé de parler de mon expérience à une et une seule personne, Gabriel, mon meilleur ami depuis la petite enfance. Nos parents étaient très proches ; nous avions pris nos cours de catéchisme ensemble, par ailleurs. Un midi, j'avais laissé Arèn seul et avais proposé à Gabi de manger au Marin pour parler de "quelque chose de délicat".
Après s'être installé et avoir commandé, je décidai de lui expliquer tout sans prendre de précaution, cash, puis de faire selon sa réaction pour rattraper la situation. "Tu sais, Arèn et moi, on est très proches, commençai-je, et ça fait depuis un certain temps qu'on est... Bah, qu'on est bien bien proche quoi.
- Je sais puisque c'est pour ça que tu m'as complètement laissé tombé pour lui, répondit-il blasé.
Il avait pour habitude de commenter froidement toit ce qui se disait, mais il est vrai que j'avais un peu mis Gabi à l'écart ; Arèn avait, à lui seul, occupé mon esprit pendant tous ces mois, sans que je n'y puisse rien.
Tout fut expliqué en détail, du début de l'année à la situation actuelle, en passant par les moments de doutes et ceux où...  j'ai moins réfléchi. Plus je parlais, moins il commentait, et plus ses yeux devenaient expressifs, passant de la surprise à la peine, puis à l'anxiété, tout en passant (et c'était presque prévu) par le dégoût.
''...Voilà et maintenant je peux plus le regarder normalement, parce que je sais ce qu'il pense en me voyant et j'ai trop peur que ça se voit. Voilà."

Un long silence de plusieurs secondes. De lourdes secondes pendant lesquelles la mâchoire de mon confident refusait se se fermer, pendant lesquelles ma tête restait baissée. Un pesant instant de honte et de malaise.
"Ça, c'est... C'est délicat, commença-t-il pour rompre le silence. Cinq ans de cathé, la messe, la communion, le privé, tout ça pour faire son coming out alors qu'il est même pas majeur... Maman serait pas contente, tu sais." Son ton sarcastique me surprit un peu et me fit lever la tête. Il avait un sourire en coin qui disait "Mec, t'es sérieux là?".  Je lui répondit par un rictus honteux. Il avait fait preuve d'une grande compréhension dont j'avais été agréablement surpris et qui m'avait énormément touché. Il m'avait même confié qu'il avait admiré l'audace d'avoir fait ça dans un confessionnal, ce à quoi je lui répondit que l'idée n'était pas de moi ; et lui de commenter :  "Je sais bien, t'es pas capable d'un truc aussi génial tout seul." Il avait un grand avantage dans la conversation, mon appréhension d'être mal vu par lui m'avait laissé la boule au ventre et j'avais perdu toute répartie.

Toute fois, j'avais senti un certain scepticisme, presque comme une déception, qui se faisait à peine entendre dans sa voix. J'aurai aimé ne pas le connaître assez pour ne pas me rendre compte que j'avais baissé dans l'estime de mon meilleur ami.

Voilà pour ce chapitre 7 ! Pardon pour le retard de 3 mois, oui c'est beaucoup et j'ai pas trop d'excuses... Manque d'inspi, d'envie et de temps... et une sale période --' j'espère que ça va vous plaire ; n'hésitez pas à le commenter et à voter si vous l'avez trouvé à la hauteur de vos espérances ! Tschüss!!!


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