chapitre II

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Je me levai d'un bond, le cœur battant, pleine d'une énergie nouvelle. Ce matin-là, j'avais décidé que je ne resterais plus dans l'ombre de ma propre vie. Les souvenirs de ma mère, de son sourire et de ses encouragements, résonnaient en moi comme un mantra. Elle m'avait toujours dit que la force venait de l'intérieur, et je comptais bien m'en souvenir.

Pour la première fois depuis longtemps, je pris le temps d'observer ma chambre. Ma mère me répétait souvent, de son vivant, qu'une chambre accueillante favorisait un esprit sain. À cette pensée, un pincement de nostalgie m'envahit ; ma mère me manquait terriblement.La pièce, de forme rectangulaire, était assez spacieuse, avec deux grandes fenêtres laissant entrer les rayons dorés du soleil. Pourtant, le tapis sombre qui recouvrait le sol inspirait plus la tristesse que la joie. Je déplaçai mon regard vers mon placard, installé dans un coin, contre la cloison qui séparait ma chambre de l'espace pour le bain. Il atteignait le plafond, orné de décorations gravées qui lui conféraient une certaine majesté. Mais à l'intérieur, les robes qu'il contenait étaient toutes aussi fades que leur couleur : un mélange de gris et de beige qui trahissait un manque d'inspiration.


Je me levai et m'approchai du placard, effleurant du bout des doigts les tissus sans éclat. Chaque pièce semblait porter le poids de souvenirs que je n'avais pas su apprécier à leur juste valeur. Je réalisai que ma chambre, tout comme moi, avait besoin d'un renouveau. L'envie de lui redonner vie, de lui insuffler une touche de couleur et de chaleur, commença à germer en moi.En réorganisant cet espace, je me promis de rendre hommage à ma mère. Peut-être en apportant quelques touches vives, des souvenirs heureux seront accrochés aux murs, pour que cette pièce devienne enfin un reflet de qui je suis. Une chambre accueillante, comme elle l'aurait voulu.


Je laissai de côté mon placard pour observer ma table de toilette, élégante mais dénuée de bijoux ou de maquillage. La surface en bois poli reflétait la lumière, mais elle était désespérément vide. Au centre de la pièce, entre mon lit et le placard, se trouvait un divan, usé par le temps, accompagné d'une table basse. Avec un peu d'amour et d'attention, cela pourrait devenir l'endroit parfait pour la broderie, un coin où je pourrais laisser libre cours à ma créativité.


Pourtant, malgré tous ces éléments, il n'y avait rien à faire : la pièce manquait cruellement de vie. Les murs, recouverts de tapis sombres, semblaient absorber la lumière, et l'atmosphère était chargée d'une mélancolie palpable. Chaque objet, bien qu'élégant, paraissait étrangement solitaire, comme s'ils attendaient désespérément d'être utilisés, d'être appréciés. Je soupirai, réalisant que cette chambre, bien que majestueuse en apparence, n'était qu'un reflet de mon état d'esprit. J'avais besoin de changement, de couleur, de chaleur. L'idée de transformer cet espace en un véritable sanctuaire me traversa l'esprit. Je pourrais apporter des fleurs fraîches, des coussins colorés, des œuvres d'art qui me parlaient.


Avec une nouvelle détermination, je décidai que je ne laisserais pas cet endroit rester un symbole de mon isolement. Il était temps de lui redonner vie, de faire de cet espace un reflet de la reine que je voulais devenir, pleine de vitalité et d'espoir. Mon voyage commençait ici, dans cette chambre.


Un soupir s'échappa de mes lèvres alors qu'Irène toqua à ma porte, suivie d'autres domestiques, comme à l'ordinaire. L'angoisse du quotidien se mêlait à ma détermination. Aujourd'hui, je ne comptais pas rester passive. Le temps des changements avait enfin sonné.


Votre Grâce, je vous apporte de quoi vous nourrir et vous laver le visage ! dit-elle tout en installant les mets sur ma table basse.

SOUMISEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant