Chapitre IX

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La lumière du matin filtrait à travers les rideaux, dévoilant une pièce en désordre, reflet de mon esprit embrouillé. Les papiers éparpillés sur le bureau semblaient s'accumuler comme les pensées que je n'arrivais pas à organiser. Mes yeux, encore lourds des larmes de la veille, s'accrochaient aux mots sans vraiment les voir. Une fatigue lancinante m'enserrait, et chaque mouvement devenait un effort.

À travers la fenêtre, je pouvais apercevoir les ombres des arbres dans le jardin, agitées par une brise légère. Je m'approchai, espérant que ce spectacle apaiserait mon esprit. Les feuilles bruissaient, comme si elles murmuraient des secrets oubliés, et je laissai mon regard vagabonder. Le monde extérieur semblait vibrer d'une énergie que je peinais à ressentir.

Je revins alors à ma tâche, mais l'inspiration me fuyait. Chaque signature, chaque mot écrit sur ces pages m'apparaissait comme un fardeau de plus. Je quittai mon bureau à la recherche d'Irène , je demandai à une servante du couloir de me la ramener et me rendis de nouveau dans mon bureau . Quelques instants plus tard Irène vînt à ma rencontre.

— Vous m'avez fait demander, votre Grâce ! me dit-elle, l'air déterminé.

— Je t'avais confié une tâche, j'aimerais bien que tu me fasses part de tes progrès, lui répondis-je en lui donnant toute mon attention.

— Eh bien, votre Altesse, j'ai dressé une liste des personnes que j'ai recrutées pour les postes disponibles. Bien sûr, j'ai choisi des gens sans antécédents avec les familles nobles. Je leur ai fait passer un test pour voir s'ils sont dignes de confiance. J'ai confié à certains une rumeur et leur ai demandé de garder leur langue dans leur poche, tandis qu'à d'autres, je n'ai rien dit. Pour compléter ce test, j'ai demandé aux anciens serviteurs de se faire passer pour des assassins afin de leur mettre la pression. J'ai fait mettre des bijoux de valeur sous leurs yeux et demandé aux anciens de relâcher la surveillance, sans leur faire de reproches dans leur travail. Je pense pouvoir choisir ceux qui sont prêts à travailler d'ici la fin de la semaine. Après, ce sera à votre tour de faire votre choix.


Un sourire de satisfaction s'afficha sur mon visage. À première vue, on ne voyait pas l'importance de tout cela, mais Irène venait de faire ses preuves. 

— Tu as bien agi, dis-je. Donner des informations à certains et les refuser à d'autres est une manière efficace de tester leur loyauté. Elle hocha la tête, consciente de la profondeur de sa stratégie. 

— Personne ne veut d'un serviteur trop curieux. Ceux qui chercheront à savoir seront renvoyés. Et c'est la même chose pour ceux qui ne peuvent pas tenir leur langue. Quelqu'un qui parle sous pression ne m'est pas utile. Après tout, je suis une reine, et seuls les plus pieux ne convoiteraient pas ma position. Irène afficha une expression de compréhension.

— Les gens trop curieux, trop bavards et trop faibles ne sont que des fardeaux pour moi, continuai-je. Les bijoux, quant à eux, servent à contrôler leur avidité. Ceux qui sont trop attirés par la fortune donneront leur loyauté à celui-ci et non à moi.Elle sourit, satisfaite de ma vision.

Je veillerai à ce que mes choix soient prudents, votre Grâce.

Je savais que le véritable défi commencerait lorsque viendrait le temps de faire mon choix. Mais avec Irène à mes côtés, je me sentais prête à affronter cette danse politique, armée de ruse et de discernement.

— Bien ! J'ai maintenant besoin d'un assistant, et pas de n'importe qui. Tu te chargeras de faire le nécessaire, et à partir de maintenant, tu ne seras pas seulement ma dame de compagnie, mais mon hombre, Irène. Tu seras là où je serai.Elle m'écoutait attentivement, son regard déterminé.

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