Chapitre 6

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  Quelques jours sont passés depuis ce dîner catastrophique.
Jenna et moi tentons de faire comme si tout allait bien, mais même en ayant l'habitude de faire semblant, je dois avouer que ça devient chaque jour un peu plus pesant et difficile à simuler.
Il m'est difficile de me dire que j'ai perdu mon oncle ..., mon père. Il avait noué des relations avec un tas de personnes, qui étaient devenues son monde.
Mais lui, il était uniquement le mien.
Et je n'ai plus personne.
Je suis de nouveau seule.
Je pensais que plus rien ne pouvait me briser, mais la mort de Josh me prouve l'inverse. En fait, Josh était parvenu à recoller les morceaux de mon cœur, petit à petit, mais avec de multiples cicatrices.
Mais voilà, il s'est brisé à nouveau.

  Et me voilà, debout face à une pierre tombale. Je ne sais pas vraiment quoi dire, mais c'est ici que je me sens le plus proche de mon oncle.

Voix : Hey !

  Je me retourne et aperçois Jaden.

Moi : Qu'est-ce que tu fais là ?

Jaden : Quoi ? Cet endroit est exclusivement dédié à Miss Vomita ?

Moi : C'est bon d'accord ? Mais arrête de m'appeler comme ça. J'ai suffisamment honte pour que tu me rappelles mes exploits de la dernière fois.

Jaden ricane, tout en regardant où Josh est enterré.

Moi : C'est dingue n'empêche. Peu importe qui nous sommes, notre ethnie, notre classe sociale, on finira tous pareils. Mais penses-tu que c'est vrai ? Que même un mort peut nous entendre quand on lui parle ?

Jaden : Peut-être, je n'en sais rien. Et oui, tu as raison. L'allée les diverses injustices de ce monde, la seule égalité commune que nous ayons, est le fait que nous allons tous mourir un jour au l'autre. Même avec tout l'argent du monde, personne ne pourra y échapper.

Moi : Je me demande parfois si c'est vrai. S'il y a vraiment un paradis et un enfer quelque part. S'il y a vraiment une vie après la mort.

Jaden : Je me pose souvent cette question aussi. Enfin, je me la posais beaucoup avant. Mais maintenant, je me dis que la vie est trop courte pour penser à ce qui peut nous arriver.

Moi : Josh n'avait pas peur de la mort. Il avait peur d'être oublié.

Jaden : Il n'a pas à s'inquiéter de ce côté-là. C'était quelqu'un de génial. Il a tant fait pour tellement de personnes. Pour moi.

Moi : Personnellement je n'y crois pas trop. Je ne sais pas pour toi, mais les autres personnes vont continuer leur vie, et se rappelleront à peine de son nom dans quelques années. C'est comme ça que les gens fonctionnent.

Jaden : Et après je suis Monsieur-je-sais-tout, mais tu sembles déjà avoir ta propre opinion des gens que tu ne connais même pas. C'est vrai que certaines personnes peuvent être ainsi, mais il faut pas en faire une généralité. Peu importe le type d'amour, qu'il soit sentimental, amical, ça existe.

Moi : Je crois simplement que tu vis dans le déni pour ne pas voir la vraie nature des gens. Mais si ça t'aide à mieux vivre, alors tant mieux pour toi. Mais moi je préfère la vérité qui blesse, au mensonge qui fait sourire.

Jaden : C'est pour ça que tu refoules sans cesse ce que tu ressens au fond de toi ? Je ne suis pas certain que tu aimes réellement la vérité qui blesse.

Moi : Tu ne sais rien de moi !

Jaden : Ni toi de moi !

Je préfère m'en aller avant que ça ne dégénère.
Je voulais passer du temps avec mon oncle, et Monsieur Connard vient tout gâcher. Il faut croire que son acte de gentillesse de la dernière fois n'était que de passage.
Comme je le dis toujours, l'être humain déçoit toujours.

Je pars et j'arrive à ma voiture. J'ouvre la portière, mais une main puissante la referme aussitôt.
Je me retourne, furieuse, en voyant l'objet de ma colère.

Moi : Quoi encore ?

Jaden : Je ne suis pas venu pour me disputer avec toi.

Moi : Moi non plus. D'ailleurs il faut dire que je ne comptais pas vraiment te voir ici. Et dis-moi tu es venu par hasard ou tu savais que j'étais là ?

Jaden : Tu es bien la fille de ton oncle, narcissique. Tu crois que t'es le centre du monde ?

Moi : Aller bouge, je n'ai pas de temps à perdre avec toi. Je sais, tu es venu pour avoir quelque chose de moi, étant donné que tu m'as aidé la dernière fois, c'est ça ? Dis-moi ce que tu veux ? Ma voiture ? Tiens elle est à toi.

Je lui tends les clés de ma voiture, mais il pousse ma main, les faisant tomber au sol.

Jaden : Tu es vraiment pas croyable je te jure. Tu sais où tu peux te les mettre tes clés ?

Jaden repart vers le cimetière. Je le regarde partir, furieux.
Et après la colère, la culpabilité vient surgir au fond de moi.
Je hais vraiment ce sentiment. D'ailleurs, je hais tout sentiment qui me rappelle à chaque fois que je suis ... humaine.

Je décide de retourner au cimetière, et je vois Jaden de dos.
Il porte une veste noir en similicuir et un jean noir. À voir sa posture, et sa grandeur, on dirait qu'il pose. Peut-être qu'il est mannequin ou modèle photo.
Ou juste qu'il est canon de manière inée.

Merde mais qu'est-ce que je raconte ?

Moi : Hé !

Jaden se retourne, les mains dans les poches et le visage fermé.

Moi : Je ... hum ... je suis désolée. Encore une fois.

Jaden se montre toujours aussi froid, mais ses traits semblent s'être légèrement détendus.

Moi : J'ai besoin d'un verre, tu m'accompagnes ?

Jaden part sans rien me dire. Est-ce que ça veut dire oui ou alors qu'il ne veut plus entendre parler de moi ?
En tout cas les deux options me vont.

Je pars à mon tour et quand j'arrive devant ma voiture, il est adossé sur celle-ci, les bras croisés.

Moi : Je suppose que c'est un oui alors ?

Jaden : Je te préviens, il est hors de question que tu te bourres la poire de nouveau. Je ne vais pas encore essuyer ton vomi ma belle.

Moi : Je vais seulement prendre un cocktail sans alcool.

Jaden : C'est ça, je vais te croire.

Moi : Je conduis. Je ne tiens pas à tuer quelqu'un et perdre mon permis. Et oui Monsieur, je suis peut-être une garce à certains moments, mais je suis une garce qui sait me montrer consciente.

Jaden : Quel joli surnom. En tout cas puisque tu conduis, rien ne m'empêche de boire. Et puis si je suis mal, tu seras celle qui t'occuperas de moi. Après tout, tu me dois bien ça, dit-il d'un ton narquois, accompagné d'un clin d'œil.

Jaden sourit bêtement avant de rentrer dans la voiture.
À mon tour, je monte du côté conducteur et démarre la voiture.

Je ressens de nouveau cette chaleur douce et paisible au fond de moi. Une chaleur dont je n'ai pas l'habitude mais qui entre en moi sournoisement, sans que je ne le désire. Cela s'est produit deux fois, et elles coïncident toutes les deux avec la présence de Jaden.
Mais c'est une chaleur que je refuse de ressentir, que je n'ai aussi pas le droit de ressentir, au vu des circonstances.
Mais que je le veuille ou non, cette chaleur est trop intense pour que j'ai la force, ou l'envie, de la rejeter.
Je sens que cette fois, le retour à la réalité brute me sera fatale.
Une fatalité dont je ne vais sûrement pas me relever.

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