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je défronce toujours pas les sourcils, on dirait moi devant mon bol de céréales ce matin. mais c'est légitime de fou, cette fois-ci.

— il a pas tort, finit-elle par dire

n'importe quoi. qu'il lui foute pas cette idée dans la tête, son gros daron le chauve.

— pas du tout. même ma grand-mère quand elle m'a pété en train de fumer la dernière fois, elle m'a pas autant engueulé.

— ça va, il m'a pas engueulé aussi fort que tu crois. j'ai juste pris une claque derrière la tête.

elle joue avec la boule d'aluminium qui recouvrait son sandwich pendant que je la regarde en coin.

— si parce que ça influe sur ton moral. d'habitude tu souris bien plus.

— ça va, c'est pas la première fois que je me prends la tête avec mes parents.

justement. elle minimise un peu là.

j'oriente finalement sa tête vers moi et j'étire ses joues pour la faire sourire. ça lui en décroche un vrai par la suite, avant qu'elle retire mes mains.

— là tu souris. j'aime bien mieux, constate-je

elle lâche la boule d'alu sur ses cuisses et inspire fortement.

— toi aussi t'influes sur mon moral.

là c'est moi qui inspire et expire fortement. je sais pas trop trop où elle veut en venir.

— en positif au moins ?

— mh.

elle lâche pas la boule en alu des yeux mais se mord l'intérieur de la joue. je la regarde faire avec attention alors j'assure que je dis vrai.

normal que je me fasse des idées après tout, elle lâche tellement des phrases qui m'y incitent. pas à longueur de journée, ok, mais suffisamment souvent quand même.

je réponds rien parce que je pense pas avoir les couilles de lui rendre la pareille même si y a que nous deux cette fois-ci. je suis pas un énorme disquetteur ou loveur et je sais même pas si c'est judicieux de la guedra.

moins je prends de risque, mieux je me porte.

— j'espère quand même que tu crois pas à c'qu'il raconte. t'es archi douée et puis, c'est pas en te foutant la pression que tu vas décrocher des dix-huit sur vingt.

quoique, ça c'est ma façon de lui répondre. en soi.

— moi ça m'épuise. j'essaye de le rendre fier de moi mais j'y arrive jamais.

sashimi ...

— et lui, il te rend fière ?

elle réfléchis deux secondes en joignant ses mains devant elle. on est assis sur le banc en face du super u depuis une trentaine de minutes. je sais même pas si elle est vraiment bien installée.

moi pas trop en tout cas. heureusement qu'elle est là pour plutôt bien régler l'inconfort.

— je sais pas. je crois pas.

mamie, elle me rend tellement fier que j'ai encore plus du mal à accepter de la décevoir. sasha, si son daron a rien d'honorable, elle devrait pas autant se foutre la pression pour lui plaire.

SASHIMIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant