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forcément, babcia m'a sorti de mon lit à temps. même plus tôt que prévu. mes volets étaient déjà ouverts, parce que j'avais beaucoup trop la flemme de les fermer hier soir, alors, au moins, j'ai pas eu le réveil brutal habituel supplément surprise de la lumière perçante du jour, en plus des minutes de sommeil qui m'ont été retirées. ça aurait été le pompon.

elle est trop forte de se lever pratiquement chaque matin pour moi, sans rechigner. j'envie son horloge interne. la mienne est beaucoup trop é-cla-tée alors que je suis sûr qu'avec la sienne, elle a même pas besoin de programmer une alarme pour se réveiller à temps.

c'est un super pouvoir de chef de famille ça, autrement, j'ai pas d'autres explications tangibles.

ça fait que je suis bien réveillé dans le bâtiment b avec sasha pour la pause du midi, parce que OZ mangent dans leur self et que mehdi et thomas se sont taillés voir leurs potes qui finissent leur soccer dans la salle multisport.

j'avais grave pas envie d'y aller, surtout pour voir jouer l'équipe d'ewen. et puis, en plus, sur mon chemin vers la sortie, je l'ai croisé, assise sur les chaises métalliques qu'elle aime bien, à l'intérieur du bâtiment. il y fait bien plus chaud et même si j'étais que de passage de base, depuis, on parle de sa nouvelle acquisition, alors je me suis carrément posé à côté d'elle, renonçant à ma clope de fin de matinée.

j'avais raison, la miss a bien un portable, maintenant. qu'elle compte vraiment utiliser à bon escient ... ça me ferait chier, autrement, je l'affirme sans les effets du pèt'.

— t'as vu ! c'est pavel qui m'a donné son ancien téléphone, je suis trop contente.

son enthousiasme se lit sur son visage, ça fait bien plus plaisir de la voir toute joyeuse. faut dire que j'étais grave dans le même état quand j'ai eu le mien. c'était la révolution de passer à un écran pour moi tout seul, au lieu de l'ordi familial que je devais partager avec tout le monde. même avec le voisin que mamie gardait. c'est pour dire à quel point c'était la guerre pour espérer avoir vingt minutes d'ordi consécutives.

elle sort d'ailleurs le sien de sa poche, c'est un alcatel violet clair.

penser que c'était un mec comme pavel qui avait ça juste avant me fait rire. ça décrédibilise un peu le mythe de l'ogre svelte. surtout depuis que j'ai vu l'autocollant peace&love collé sur l'arrière.

il est bien kawaïenné l'ogre svelte, finalement.

— sympa le stickers, ris-je

elle retourne son téléphone avant de m'expliquer que le jour où elle l'a collé derrière, son reuf l'avait niqué parce qu'il s'enlève plus depuis. qu'elle raconte ça avec un grand sourire prouve que prendre une soufflante par lui en valait tout de même la peine.

à prendre en note–ne jamais laisser sasha s'approcher de mon téléphone, si je veux préserver sa crédibilité et la mienne.

il est noir, large moins bien mais de toute façon, j'y vais que pour les banalités. écouter de la musique, je le fais uniquement sur mon mp4. en faire, ça se passe sur mon ordi. comme quoi, maintenant, j'ai pas mal d'écrans. fuck damien, le voisin.

et puis, jusqu'en cinquième encore, quand je devais capter un des gars, j'avais juste à toquer à sa porte. j'étais sûr qu'il était chez lui, alors mon portable me servait à rien à part communiquer avec le parent chez qui j'étais pas sur le moment.

mais maintenant, mieux vaut prévenir avant de débarquer. on est tout le temps en vadrouille et puis, flemme de taper la discute à leur daronne pendant qu'ils mettent leur chaussures avant de pouvoir sortir. du coup, le tel est pratique dans ces moments-ci.

SASHIMIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant