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je sens une personne accourir derrière moi et me frapper les épaules, alors que je passe le portail du bahut. j'imagine que c'est mehdi tout excité qui débarque, comme à son habitude.

je sais pas ce qu'il mange le matin dans son bol mais il est toujours aussi agité que les 6e. ça me fascine à chaque fois, à quel point nos énergies matchent pas à cette heure-ci de la journée.

mais c'est quand je me tourne que je trouve finalement un mehdi avec des cheveux virevoltant bien plus longs et un visage bien plus angélique.

et pas de teub, aux dernières nouvelles ... aux premières aussi j'espère, d'ailleurs.

— wesh, t'es surexcitée. préserve-toi pour l'athlé de c't'aprèm.

on s'en doute, c'est donc sasha qui m'offre un grand sourire. un beau même. je me dis automatiquement que ça me ferait quand même kiffer qu'on se fasse la bise le matin. ça fait plusieurs mois que j'aimerais avoir le courage, mais frôler ses joues de mes lèvres n'est pas encore de mon ressort.

toujours à regrets, presque.

— mes parents ont dit oui pour samedi ! tu t'rends compte ?

ah, c'est donc ça le motif de son agitation matinale. franchement, ça pourrait déclencher la mienne. mais je préfère rester seulement surpris, en la regardant remettre des mèches de cheveux derrière ses oreilles.

— genre ?

parce que je suis étonné premier degré vu que son reuf paraissait archi catégorique encore hier. pour moi, elle allait toujours devoir le cuisiner un bout de temps avant d'arriver à ses fins. c'est le premier obstacle, après y a le boss bowser aka son père. là, les deux obstacles semblent avoir été surmontés haut la main, ça se souligne et ça étonne.

— j'te jure, je suis contente.

de là, elle m'explique tout en marchant vers le bâtiment principal, qu'elle va se préparer avec blanche chez elle avant la soirée chez thomas, que c'est trop cool et patati et patata.

quand elle est de bonne humeur, c'est la plus grosse pipelette du coin. elle pourrait même mettre noémie à l'amende. j'aime bien qu'elle le soit avec moi aussi maintenant, je dis pas.

ça a bien changé. mais l'époque où on faisait les gênés dans les couloirs et qu'on savait pas quoi se dire est pas regrettée, elle. 

après, on a un peu parlé aussi hier soir avant de dormir, par message. elle aurait pu me lâcher cette info comme elle l'a fait à blanche. mais bon, je vais pas commencer à me plaindre de ça, sachant que j'aurais peut-être même pas pu répondre, vu que je me suis endormi en y sur ma chaise de bureau, des feuilles volantes toupar autour de moi.

ça aurait été compromis, je pense. la semaine pro, je vais voir l'entourage à la mjc donc je me casse la tête à gratter deux-trois textes pour avoir de quoi rapper devant eux. ça me permet de penser à autre chose que les embrouilles infondées entre les membres de ma miff et de me faire tomber de fatigue par la même occas.

je me surmène peut-être un peu trop ces derniers temps. fin bon, c'est pas le moment de constater ça, mais plutôt celui d'alimenter la conversation avec l'agitée du jour.

autant profiter du fait qu'elle soit bavarde de bon matin. ça arrive pas non plus souvent, en ce moment.

— parce que faut être bien sapé ? tilte-je

— pas spécialement, mais j'avais envie. c'est pas tout le temps que je peux aller à une soirée.

je veux bien voir ça, sasha bien sapée. peut-être que je la trouverais encore plus jolie que rien que ce matin avec son pantalon tout gros et son sweat tout gris.

SASHIMIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant