Il y allait bientôt avoir neuf mois que je n'avais pas pu voir mes enfants, neuf mois sans pouvoir les embrasser, les sentir, les coucher, les câliner. Depuis peu de temps, leur père semblait être revenu à la raison. Nous étions d'accord sur le retour des petits chez moi, nous nous appelions régulièrement pour organiser leur rentrée à la maison. Nous avions des échanges intelligents, nous nous étions entendus sur le fait qu'il fallait tous nous sortir de l'engrenage des services sociaux.
Il faisait beau ce jour-là, mon téléphone avait sonné. J'ai regardé le numéro qui s'affichait : pour moi, c'était l'appel que j'attendais. Nous allions officialiser l'arrivée des enfants.
Le cœur battant à tout rompre, fébrile et envahie d'une joie immense, j'ai répondu.
C'était une voix masculine.
- Bonjour madame...
- Bonjour.
- Je suis le responsable de la protection de l'enfance en Normandie, je vous appelle pour vous annoncer une bonne nouvelle. Vos enfants vont revenir dans votre département.
- Oui, je suis au courant puisqu'ils reviennent vivre chez moi. Leur père et moi nous sommes mis d'accord et nous avons fait les demandes conjointes aux avocats.
- Non, les enfants ne retournent pas vivre avec vous. Ils sont placés dans une maison d'enfants de votre département.
- Mais non, je ne suis pas d'accord...
- Vous n'avez pas votre mot à dire.
- Comment ça ? Les papiers sont prêts. Ce n'est pas ce que nous avions décidé.
- Les choses ont changé depuis, il convient de prendre cette décision avec l'accord de monsieur. La structure va vous contacter dans les prochains jours, avant que les enfants n'arrivent. Ainsi vous pourrez la visiter et faire connaissance avec les professionnels qui la composent. L'arrivée de vos trois enfants est prévue pour les vacances de Pâques.
Quelque temps avant cet appel, ce fut une autre nouvelle à laquelle je ne m'attendais pas non plus. Un courrier avait suivi :
(Recopié mot à mot, sans corrections ni modifications, sauf les identités des personnes concernées)
Ministère de la Justice
Faits : Atteinte sexuelle par majeur sur mineur de 15 ans (pour rappel, il aurait dû être noté sur mineur de "moins" de 15 ans).
Procès - verbal de notification de classement sans suite
L'an deux mille seize, le vingt-six janvier, à seize heures trente. Nous, Délégué du procureur de la République de...
- Vu les dispositions de l'article 41 al 3 du code de procédure pénale.
- Agissant conformément aux instructions de Madame... Substitut de Madame la Procureur de la République Prés le Parquet du Tribunal de Grande Instance de...contenues dans le dossier transmis à nos services en date 07/12/2015. Contactons téléphoniquement la personne ci-après dénommée au..., après nous être présenté et donné motif de notre appel.
Et expliqué le but de notre mission, celle-ci nous déclare :
son identité, date et lieu de naissance, adresse, emploi.
---Sur les faits :
Vous m'informez que suite au dépôt de plainte que j'ai déposé en gendarmerie pour atteinte sexuelle sur ma fille..., le Procureur de la République de... a décidé de ne pas donner de suite à cette affaire et de classer ce dossier sans suite.
De l'enquête effectuée, il ressort que l'infraction dénoncée est insuffisamment caractérisée.
Je prends acte de cette décision et n'émets aucune objection à cette décision. Après lecture faite par nous même, signons le présent procès-verbal et lui en transmettons un exemplaire par voie postale. Le délégué du procureur.
Pourquoi l'abus sur ma fille n'avait-il pas abouti ?
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N'oublie pas de sourire tome 2 - La descente aux enfers
Non-FictionAprès une rude bataille, Céline récupère ses enfants sous les visites de nouveaux travailleurs sociaux. De manipulations psychologique, en faux témoignages des services sociaux, elle garde espoir. Accablée, elle va puiser sa force dans l'amour de se...