En fait de famille d'accueil, j'avais dû emmener ma fille dans une structure différente de celle de son petit frère et totalement à l'opposé du département.
La référente éducative de l'aide sociale à l'enfance m'avait vanté les mérites de ce "formidable" établissement.
Nous nous étions donné rendez-vous près d'un rond-point, comme chacune venait avec son véhicule. Ma fille était assise à côté de moi, côté passager. Durant notre trajet, je retenais mes larmes pour ne pas en rajouter à sa propre douleur.
Nos humeurs étaient d'une effroyable tristesse, notre souffrance à son paroxysme. J'avais la sensation d'aller l'abandonner, elle allait se retrouver seule dans un endroit inconnu avec des inconnus, nous ne savions pas quand nous allions pouvoir nous revoir.
Nous attendions au point de rendez-vous. Comme d'habitude, la référente était en retard. Elle était enfin arrivée en me demandant si je connaissais la route pour rejoindre le foyer, j'avais dû chercher sur mon GPS, puis fière d'elle, elle s'était exclamée joyeusement avoir trouvé la direction la première.
Nous l'avons donc suivie jusqu'à la destination, je rassurais ma fille, je lui demandais d'être courageuse parce que tout cela allait vite se terminer, je lui en avais fait la promesse.
Nous avions visité les locaux avec des éducateurs, puis les chambres. Nous avions été horrifiées : comment pouvait-on laisser des enfants dans un endroit pareil ? Les chambres étaient froides, impersonnelles. Il y avait des trous dans les murs faits sans aucun doute par des coups de poing, il y avait un graffiti qui était noté comme suit : "le foyer jte baise". Les douches étaient crasseuses, des moisissures longeaient les joints qui en étaient noirs. La laisser là allait être au-dessus de mes forces. J'avais dit à la référente que je ne comprenais pas qu'on puisse m'obliger à laisser le fruit de mes entrailles dans un endroit pareil. Elle m'avait répondu d'un ton mielleux : "mais madame... vous n'avez pas le choix.
Vous verrez, elle sera très bien ici, elle va se plaire."
Je ne mens pas en disant que j'avais dû faire un effort surhumain pour me contenir. Entre deux, j'avais glissé à l'oreille de ma fille qu'à la première occasion elle devait prendre des photos de tout ce qu'elle pouvait.
Puis nous sommes allées rencontrer le directeur, il nous avait accueillies dans son bureau pour nous expliquer comment les choses fonctionnaient ici. Il m'avait fait une très mauvaise impression. Ma fille et moi nous allions sortir du bureau, je m'étais arrêtée dans le chambranle de la porte pour me retourner afin de voir si la référente nous suivait. Je l'avais vue se pencher vers le directeur qui s'était mis debout à côté d'elle, puis en souriant de toutes ses dents elle lui avait demandé : "ça y'est, tous les lits sont remplis chez vous ?" Ils s'étaient mis à rire en même temps, mais en voyant que j'avais était témoin, ils s'étaient redressés en essayant de se redonner une contenance, mais c'était trop tard, en une demi-seconde j'avais eu la preuve et j'avais compris ce qui se jouait entre ces travailleurs sociaux. Je suis repartie seule, laissant ma fille derrière moi. Mes enfants disparaissaient encore une fois de ma vie, ça n'allait donc jamais prendre fin ?
Sur le retour, j'avais été obligée de m'arrêter pour laisser éclater ma douleur. En laissant sortir mes larmes, je suppliais, je priais tout ce qui pouvait l'être, de m'aider à arrêter ce cauchemar, de trouver la force pour encore supporter ça.
Durantson séjour dans la structure, j'ai pu constater à quel point ces établissementsétaient défaillants. Quoiqu'il puisse se passer dans leurs murs, ilss'arrangeront toujours pour que ce soit
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N'oublie pas de sourire tome 2 - La descente aux enfers
NonfiksiAprès une rude bataille, Céline récupère ses enfants sous les visites de nouveaux travailleurs sociaux. De manipulations psychologique, en faux témoignages des services sociaux, elle garde espoir. Accablée, elle va puiser sa force dans l'amour de se...