CHAPITRE 3: Révélations

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J'ouvrai les yeux lentement et m'aperçu que j'étais dans un endroit que je ne connaissais pas, encore une fois, mais sur un support bien plus confortable que le lit d'appoint sur lequel je m'étais éveillée, attachée, quelques heures auparavant... ou était-ce quelques jours? Comment j'avais pu arriver là, cela restait un mystère, mais j'étais vraisemblablement couchée avec mes vêtements, sentant encore le bois brûlé, et personne n'avait dénié me les enlever ou les changer. Je réalisais en me levant et en faisant grincer le parquet sous mes pieds, que le silence avait envahi cette pièce, et le reste du lieu. Je regardais alors par la fenêtre et, malgré le temps maussade que le mois de novembre nous offrait, je découvrais une vue à couper le souffle sur les collines et les lacs des Highlands. Quelques crètes de montagnes ressemblaient étrangement à celles que je voyais de Glenfinnan, et je ne pus m'empêcher de penser que je n'étais pas si éloignée du village où j'avais grandi. La seule différence est que j'apercevais des toitures et des édifices que je n'avais jamais encore remarqués. Au vu de leur nombre et de leur taille impressionnante, je ne sus réellement comme il avait été possible de les avoir manqué jusque là, dans ce grandiose paysage qui était le mien depuis mon enfance. 

Après avoir enfilé une sorte de cape fine laissée au bord du lit, me couvrant ainsi les épaules, je descendis les marches une à une, peu certaine de ce qu'il m'attendait en bas. Il était là, assis sur un vieux sofa, la tête baissé et les mains jointes, en plein réflexion. Une tasse de thé fumante était posée sur la petite table devant lui. Le salon et la cuisine n'étaient pas très grands, et l'ensemble des meubles était rudimentaire. Le tout entouré de murs et plafonds en rondins, et de planches de bois rapidement assemblées. Cela me rappelait étrangement ma propre maison, le strict nécessaire, une odeur de feu de cheminée et d'effluves de thé chaud dans les narines, à chaque recoin de la maison. Il releva la tête brusquement lorsqu'il entendit le grincement de mes pas sur les dernières marches de l'escalier qui menaient aux chambres, puis se leva, peu certain de la façon dont il devait m'accueillir. 

"Où sommes-nous? demandai-je, pour lui éviter de débuter la conversation.

- Sur les hauteurs de Pré-au-Lard, répondit-il, c'est une maison abandonnée dont mon Bureau se sert pour certaines missions de protection. On l'appelle le "Refuge". 

- Le Refuge...", répétai-je. 

Je continuais de scruter les recoins de la petite pièce et jeta un coup d'œil dehors, dans l'espoir de pouvoir peut-être m'enfuir, même si, au fond de moi, je ne souhaitais pas le faire. Cette impression latente et obsédante de vouloir rester à l'endroit où je me trouvais me rappelait ce que j'avais ressenti des années durant, dans mon village.

"Je suis une mission de protection? grimaçai-je.

- Eh bien..., hésita-t-il, oui."

Il baissa la tête, sans vraiment s'étendre sur sa réponse, et se dirigea vers la petite cuisine près du salon. Il me proposa du thé à demi-mot. 

"Dois-je me méfier de ce qu'il contient?"

Il baissa la tête, confus et gêné par la question, puis se retourna rapidement pour finir de faire bouillir l'eau reposant dans la vieille bouilloire en fonte posée sur la gazinière. Lorsqu'enfin, nous nous posâmes tous deux sur le sofa, une tasse bouillante dans nos mains, au coin du feu dans un silence inconfortable, je sentis qu'il était prêt à répondre à mes questions. Il était évident que j'en avais des milliers. Je fixai cette baguette de bois qu'il ne quittait jamais, posée sur la table devant nous avec attention, puis je me rendis à l'évidence: malgré sa carrure, son regard et ses traits imposants, son visage portant les stigmates d'une vie passée vraisemblablement chargée, il était certain qu'il ne devait pas être beaucoup plus âgé que moi.

HARRY POTTER et l'Héritière des Forces du MalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant