Chapitre 28 - Après l'enfer

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Quatre putain de jours que ma vie a tourné au cauchemar

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Quatre putain de jours que ma vie a tourné au cauchemar. Les jours se suivent et se ressemblent. Je me sens comme un putain de jaune d'œuf qui flotte de long, en large, en travers contre le blanc et la coquille. C'est sûrement la toute première fois de ma vie que je me sens aussi détendu, vive l'effet de la morphine. Je voudrais bien me foutre un coup de pied au cul pour me bouger de ce lit et pouvoir aller voir ma sœur mais mon foutu corps n'a pas envie de coopérer. Qu'est-ce qui lui prend aussi longtemps pour se remettre ? Est-ce qu'il me fait payer ma faiblesse ?

J'ai pas inhalé tant de fumée que ça, enfin je crois mais selon le toubib que j'ai vu, c'était suffisant pour que mon corps réclame un laps de temps nécessaire pour se remettre. C'est bien ma veine. Je ne souffre pas grâce à ce qu'ils me filent dans la perfusion et mon cerveau tourne au ralenti ou plutôt tourner car je commence à être moins dans les nuages là. Ça devient un peu plus clair, d'heure en heure.

Je revois la maison en flammes, mon père plier en deux qui peine à respirer, le moment où il m'apprend qu'il ne trouve pas Ana. À partir de cet instant, j'ai débranché mon cerveau parce que la seule chose qui m'importait, c'était la sécurité de ma sœur. Je suis entré dans les flammes sans penser à ce qui pourrait m'arriver à moi. C'était l'enfer là-dedans, une véritable fournaise. J'y voyais rien à un mètre, tellement les flammes et la fumée étaient épaisses. J'ai hurlé son prénom, je suis passé partout où le désordre me l'a permis, évitant des morceaux de la charpente qui s'effondraient. Elle était introuvable mais je savais que le temps jouer contre nous. J'ai véritablement commencé à flipper, pas de ne pas être capable de ressortir de là car j'aurais pu y rester ça m'était égal mais Ana ne pouvait pas perdre la vie si jeune.

C'est seulement en arrivant à proximité des escaliers que je l'ai entendu faiblement dire mon prénom, j'ai grimpé les marches quatre par quatre, pris son corps épuisé dans mes bras et je me suis dirigé vers la sortie mais une énorme poutre s'est effondrée et je l'ai protégé comme je le pouvais, avec mon corps, plus particulièrement mon bras.

En voilà le résultat aujourd'hui, une brûlure au second degré qui me vaut des soins quotidiens de l'infirmière. Dory, je crois. Ça ferait bien rire Ana car elle s'appelle comme ce poisson qu'elle aime bien dans son dessin-animé à la con. Je ne ressens pas la douleur grâce à la morphine qu'on me file mais je n'arrive plus à m'extraire de ce putain de cauchemar où j'ai encore la sensation d'étouffer en sentant la fumée qui obstrue mes voies respiratoires.

Quatre jours que je suis dans un flottement qui ne me correspond pas, moi qui suis d'une nature si combative. J'ai même des hallucinations car il me semble avoir vu le roi et qu'il s'est montré sympa avec moi. Mon père est venu, il ne reste pas longtemps car Ana a besoin de lui et que moi, je suis pas tout seul. Ouais, parce que la brune ne quitte pas ma chambre depuis que c'est arrivé. Quand je dis qu'elle ne la quitte pas, c'est vraiment pas du tout. Elle porte les mêmes vêtements depuis quatre jours, a des cernes aussi grandes qu'un sac à main, dort parfois sur le fauteuil à côté de mon lit et d'autres, à mes côtés dans le lit. Je pourrais lui en être reconnaissant mais j'y arrive pas. La seule chose qui m'obsède, c'est Ana. J'ai besoin de savoir comment elle va, de lui faire sentir ma présence et que je ne la laisserais pas.

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