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Ce matin-là, après une bonne vingtaine de minutes de marche, Phénix croisa Billy, un sans-abri qui squattait non loin de sa boutique d'antiquités. Comme à son habitude, Billy salua la jeune femme tout en inclinant poliment sa casquette dont les coutures lâchaient un peu plus chaque jour. Dévoilant un sourire édenté, il marmonna quelques mots à travers la forêt de poils s'échappant de son visage :
— Salut Phénix ! Comment tu vas aujourd'hui ma grande ?
— Salut Billy ! Je vais très bien, et toi ? Encore et toujours sur cette vieille marche dégueulasse... lui sourit Phénix tout en baissant son casque audio sur sa nuque.
— On fait aller ma grande, on fait aller... Ah... Je ne voudrais pas casser ta routine, ma belle !
— Alors, quelles sont les nouvelles du jour ? demanda Phénix, croisant ses bras maigres.
Billy entreprit de répondre, mais fut envahi par une quinte de toux grasse. Il camoufla son visage dans un masque chirurgical tellement souillé qu'il était impossible d'en déterminer la couleur initiale. Il s'arrêta enfin, et les yeux larmoyants, il reprit :
— Bof... t'as entendu parler de la nouvelle loi ? demanda-t-il à son tour, tout en crachant une énorme substance gluante et verdâtre un peu plus loin.
— J'ai entendu dire qu'on était tous obligés de se rendre au parc de soin à la radio... Tu parles de ça ?
— Ouais... Je ne sais pas ce qu'il se trame là-haut. Ils nous ont laissé crever comme des chiens depuis bien longtemps, et maintenant, ils se préoccupent de notre santé ? Mon cul ! s'insurgeât le vieillard, avec une pointe d'amertume.
— Tu ne veux pas y aller ? Écoute, Billy... Ça m'ennuie tout autant que toi... Mais tu sais aussi bien que moi, que la Milice n'hésite pas une seule seconde lorsqu'il s'agit de tirer sur le déclencheur de la pompe à cyanure.
— Tu crois que je n'ai que ça à foutre ? Il ne me reste plus beaucoup de temps, alors ils peuvent se la carrer au cul leur visite.
— Tu rigoles ou quoi ? Tu fais presque partie du décor ! T'es aussi vieux que la pyramide de Gizeh ! T'es pas près d'y passer mon pote ! ricana Phénix.
— Oh, ça... Tu n'en sais rien... Quelque part, je pense que ça ne serait pas plus mal, dit-il en détournant le regard.
— Ne dit pas ça Billy, t'es une figure ici ! tout le monde te connait, et tout le monde t'apprécie.
— Tout le monde me connaît comme le type qui a parié son box aux cartes, et n'a pas eu la main chanceuse. Je n'ai plus rien, ni personne, alors je peux partir tranquille, gromela-t-il, faisant mine de farfouiller dans ses affaires pour ne pas affronter le regard de la jeune femme.
— T'en a rien à foutre de ce que les autres pensent... Est-ce que j'ai l'air d'en avoir quelque chose à foutre, moi ?
— Bof, de toute façon, je sens que mon heure ne va pas tarder, grommela-t-il, en désignant du regard ses côtes apparentes.
— Bon... Je suis en retard, mais si tu as besoin que je t'y emmène, fais-moi signe, proposa Phénix en s'éloignant, le cœur lourd.
— C'est ça, et celui-là, tu l'as vu ? grogna Billy en levant son majeur.
Elle laissa le sans-abri tout seul, sur cette marche érodée par le temps, baignant au milieu d'un tas d'affaires infectes et puantes qu'il traînait partout derrière lui dans un cadi délabré. Les circonstances pitoyables dans lesquelles il vivait, n'étaient malheureusement pas un cas isolé à Riven District. Et les personnes comme Billy, elle ne les voyait même plus. Elle avait grandi dans ce monde, et il n'est pas bien difficile de s'accoutumer à quelque chose que l'on voit depuis l'enfance, d'autant plus quand on a connu que ça.
Elle pressa un peu le pas jusqu'à approcher de la boutique, et se faufila à l'intérieur après avoir jeté un nouveau coup d'œil derrière elle, la poitrine serrée. Elle se dirigea vers l'arrière de la caisse pour allumer un interrupteur. Ne voyant aucune réaction, elle bascula le bouton une seconde fois, puis une troisième, et mordit l'intérieur de sa bouche. Elle inspecta la date du mois sur un calendrier poussiéreux à plusieurs reprises :
— Oh non... Merde ! Pas déjà ! C'est pas possible !
L'enseigne rouge vif, indiquant que le magasin était ouvert, tressaillait de façon irrégulière. Cela ne signifiait qu'une chose, et son regard affolé allait en ce sens : elle était proche d'être à court de courant électrique. Elle sortit une petite tablette de l'arrière de son comptoir :
— Peut-être qu'il me reste quelques Élecoins de côté... Argh ! Fait chier ! Putain de crypto' à la con !
Elle reposa la tablette derrière le comptoir, et lorgna à nouveau sur le sursaut lumineux. Puis, elle se décida à couper l'alimentation générale de la boutique et s'empara d'une feuille et d'un crayon, griffonnant grossièrement "OUVERT", avant de scotcher la brève note sur la porte d'entrée.
Phénix se frotta nerveusement les poignets, serra la mâchoire, et sortit une boîte poussiéreuse de la caisse, tout en secouant la main devant son visage plissé. Elle l'ouvrit et s'empara des quelques bougies qui s'y trouvaient avant de les brûler et de les disposer à des emplacements stratégiques de la boutique.
Cet endroit était un joyeux florilège de désordre en tout genre. On pouvait y trouver un vieil écran plat par ici, ou encore une PlayStation 12 inutilisable par là. Le tout, éparpillé sur un tas d'étagères brinquebalantes, mais fonctionnelles.
Phénix ouvrit les stores en grand, afin de laisser pénétrer le peu de lumière qui parvenait jusqu'aux fenêtres. Mais la boutique était dans un tel état de désordre et de saleté, qu'elle n'en paraissait pas plus chaleureuse. Le choix de ne rien toucher suite au tragique accident de l'ancien propriétaire des lieux s'était imposé à elle. Et quoi qu'il arrive, elle n'était pas vraiment férue de ménage.
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Phénix et le dernier Dragon - Tome 1, L'Éveil d'Yldren.
ParanormalEn 2143, Phénix Rive est une jeune antiquaire au caractère bien trempé, peinant à survivre dans un monde ravagé par les vestiges d'anciennes guerres sous le joug d'un gouvernement autoritaire. Sa vie basculera, lorsqu'elle fera une rencontre qui ré...