L'Étranger (Chp 2 -2)

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Elle fut tirée de ses pensées par ses yeux commençant à la démanger. À travers les petites fenêtres, les rayons du soleil s'évadaient à mesure que l'heure avançait. Elle prit la décision de fermer boutique rapidement, avant que le ciel ne plonge totalement Riven District dans les ténèbres et qu'elle ne soit forcée d'affronter des dangers nocturnes largement évitables.

Mais alors qu'elle s'approchait de la sortie, quelque chose retint son attention.

Phénix connaissait chaque objet de la boutique, et l'emplacement qui lui était attribué. Mais là, sur un petit guéridon en merisier, reposait un foulard violacé épousant la forme d'une sphère. Elle déposa son sac à dos au sol, et s'approcha prudemment de la pièce de soie.

Elle entreprit de découvrir la chose qui se cachait sous la pièce de tissu. Ses mains tremblaient et elle jeta un rapide coup d'œil à la porte. La jeune femme aperçue une voiture noire garée tout au bout de la rue. Les vitres teintées ne lui permettaient pas de distinguer la personne qui la conduisait, mais elle savait.

Son sang ne fit qu'un tour.

— Ce vieux con est encore dans les parages.

Phénix resta quelques minutes dans l'ombre d'une étagère à observer cette voiture inhabituellement propre, jusqu'à ce que celle-ci démarre pour quitter les lieux. Elle expira lentement. Son cœur battait la chamade. Elle se précipita à nouveau vers cette pièce de soie, se murmurant à elle-même, la voix chevrotante :

— Allez Phénix... C'est qu'un bout de tissu, qu'est-ce qu'il t'arrive ?

Mais rien n'y faisait. Cette sensation étrange que quelqu'un, ou quelque chose la surveillait, n'arrivait pas à s'estomper.

Jetant à nouveau un rapide coup d'œil sur la porte d'entrée, elle attrapa rapidement le foulard et ce qu'il contenait. Puis, elle le rangea dans son sac. Au dehors, la rue s'assombrissait encore plus, et son anxiété grandissait. Elle enfila sa veste, et claqua la porte derrière elle, le courant d'air faisant osciller les nombreuses flammes encore allumées. À peine eut-elle passé le pas de la porte, que la voiture reprit son chemin en sens inverse.

Son regard se porta sur la trace rouge qu'avait laissé le corps trainé par les miliciens quelques heures plus tôt. Elle sentit une vague de chaleur remonter jusqu'à la base de sa nuque, et pâlit. Elle porta une main à ses lèvres et détourna le regard, avant de reprendre sa route.

Elle suivit son trajet habituel pour regagner son box et croisa à nouveau Billy. Il dormait paisiblement sous un tas de couvertures déchirées et maladroitement rapiécées. Son cœur lui disait qu'elle devait l'interpeller, lui demander conseil. Mais cette insoutenable angoisse lui hurlait de courir le plus vite possible en direction de son box.

Phénix pressa le pas, regardant par-dessus son épaule régulièrement : Pas de voiture noire à l'horizon. Les frasques et le discours du vieil homme de la boutique résonnaient encore dans sa tête comme une chanson qu'on repasse en boucle.

Vous regardez, mais vous n'observez pas.

Les journées raccourcissaient rapidement ces derniers jours, et elle s'en rendit compte. L'anxiété envahissait sa poitrine à mesure qu'elle avançait dans les rues noircissantes et elle regrettait à présent sa béatitude matinale. À l'entrée d'une ruelle, qu'elle avait pourtant l'habitude de prendre en plein jour, elle s'immobilisa. Elle percevait, à travers une épaisse fumée émergente d'une grille d'aération, un groupe d'hommes autour d'un baril enflammé. Elle savait ce que cela signifiait : Il valait mieux rebrousser chemin.

Phénix et le dernier Dragon - Tome 1, L'Éveil d'Yldren.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant